En plein cœur de Jérusalem, nichée dans une petite rue, se tient un Gma’h pas comme les autres : ici, faites peau neuve et nettoyez notre Néchama en retirant une fois pour toutes vos tatouages, le tout à prix de revient. Rencontre avec son directeur, lui aussi ex-tatoué, Assa Paz.

Lorsqu’on demande à Assa Paz, directeur du seul Gma’h de détatouage d’Israël, combien peut coûter sur le marché le fait de se faire retirer un tatouage, il répond d’emblée : "Difficile de donner un prix, car cela va dépendre d’un ensemble de paramètres, mais globalement on peut dire que cela coûte 10 fois plus cher que le prix du tatouage."

Ce constat assez accablant est probablement ce qui a poussé ce Ba’al Téchouva, lui aussi ex-tatoué, à chercher une solution au problème qui touche plus de personnes qu’on ne le pense, en proposant la possibilité de se faire supprimer ses tatouages à prix de revient, le tout dans une atmosphère de Kédoucha et de Tsni’out irréprochable.

Assa, bonjour. Qui sont les gens qui viennent se faire détatouer chez vous ?

Il y en a de toutes sortes. Certains viennent pour des raisons spirituelles, car ils ont pris conscience qu’ils ont commis une transgression et souhaitent "être plus propres". Certains autres, sans démarche spirituelle spécifique, sentent qu’ils ont mûri, ils sont désormais mariés, ont des enfants et travaillent ; leurs tatouages ne correspondent plus à la vie ordonnée qu’ils souhaitent mener. Nous avons aussi des gens qui viennent pour des raisons purement esthétiques, même des Musulmans viennent se faire détatouer chez nous. Nous servons chacun avec dévouement.

Comment en êtes-vous venus à vous occuper de ce domaine peu exploré ?

J’ai commencé à me rapprocher de la Torah en 2009. J’avais moi-même un tatouage et j’ai rapidement ressenti le désir de le retirer. J’ai surtout réalisé qu’à la Yéchiva (où je commençais à étudier), nombreux étaient les garçons dans le même cas que moi. Certains n’osaient pas aller à la synagogue pour y prier avec les Téfilin de peur de dévoiler leurs bras tatoués, d’autres n’allaient pas au Mikvé, d’autres encore n’osaient pas faire de Chiddoukhim. J’ai découvert une véritable détresse à laquelle il n’y avait presque pas de réponse : les techniques utilisées étaient archaïques et laissaient des traces sur la peau, de plus il était nécessaire de se rendre dans des lieux où la Tsni’out n’était pas respectée mais surtout les prix pratiqués étaient excessifs. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de proposer un service de détatouage à prix de revient. Nous avons commencé avec du bouche à oreille et avec les années, nous nous sommes spécialisés et avons acquis du matériel de pointe. Je traite exclusivement les hommes, tandis que mon épouse ne s’occupe que des femmes.

Se faire détatouer, c’est douloureux ? Combien de séances sont nécessaires ?

C’est douloureux en effet, mais nous faisons en sorte de refroidir les zones traitées. Il est possible aussi d’appliquer des pommades anesthésiantes qui réduisent grandement l’impact douloureux du laser. Il est difficile de donner une indication exacte quant au nombre de séances nécessaires mais je dirais que pour un tatouage moyen, il faut environ 1 an et demi à deux ans, à raison d’une séance tous les 2-3 mois, pour se débarrasser définitivement des pigments. Plus on espace les séances, meilleurs seront les résultats.

Une anecdote marquante, parmi les milliers de cas que vous avez traités ?

Quand j’étais encore célibataire, un homme de 75 ans qui souhaitait retirer ses tatouages a fait appel à mes services. Quand j’ai compris qu’il se trouvait dans une situation financière délicate, je ne lui ai même pas dit que la séance était payante. Il est reparti soulagé et heureux, en m’assurant qu’il allait prier pour que je trouve mon âme-sœur. Très peu de temps après, j’ai rencontré mon épouse !

Pour tout renseignement : www.tattoos-off.co.il

Propos recueillis par Elyssia Boukobza