"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, juillet 24, 2007

MEMOIRE
JUIVE

CE MATIN, DEVANT LE MEMORIAL DEDIE
AUX VICTIMES DE LA RAFLE DU VEL D'HIV
65è ANNIVERSAIRE


DISCOURS
DE FRANCOIS FILLON,
PREMIER MINISTRE



Monsieur le maire,
Monsieur le président,
Monsieur le grand rabbin,
Très chère Simone Veil,
Monsieur le secrétaire d’Etat,
Mesdames et messieurs,


La France que nous aimons, la France fidèle au pacte sacré de la liberté et de la dignité humaine, cette France là nous oblige. Elle nous oblige à ne jamais sacrifier nos idéaux. Elle nous oblige à ne pas choisir les chemins de complaisance qui, de compromis en compromission, conduisent à la déroute morale. Elle nous oblige au souvenir. Notre pays doit célébrer ses jours de grandeur et reconnaître ses heures de honte car la mémoire d’un grand peuple ne se divise pas. C’est dans la pleine reconnaissance des lumières et des ombres du passé que la nation s’instruit et se grandit.
Au cœur du XXème siècle, la barbarie nazie précipita l’Europe dans les ténèbres. La shoah dévoilait alors l’humanité dans son atroce inhumanité. Nous ne sommes pas et ne pourrons jamais être guéris de l’holocauste.

En ce lieu, il y a soixante cinq ans, à quelques dizaines de mètres, 8 160 êtres humains, pourchassés, parce que Juifs, étaient entassés au Vélodrome d’hiver. Parmi eux, 1129 hommes, tous étrangers, 2916 femmes, toutes étrangères, et leurs 4115 enfants de moins de 16 ans, presque tous français.
Dans le camp de Drancy furent internés les célibataires et les couples sans enfants - 1989 hommes, 3003 femmes.
Le bilan de cette gigantesque rafle, la plus importante jamais conduite sur le sol de notre pays, s’établissait à 13 152 innocents. Ceux qui les avaient arrêtés portaient l’uniforme français : ils étaient aux ordres du gouvernement capitulard, antisémite et xénophobe de Vichy, oeuvrant pour le compte de la gestapo allemande.
L’Etat français venait de se rendre complice des nazis les plus fanatiques et les plus déterminés.
Vichy avait livré, et livrerait encore aux barbares des dizaines de milliers de Juifs. Dans cette immense tragédie, 80 000 Juifs ont été les victimes de la solution finale en France : 76 000 déportés, dont moins de 3 000 sont revenus, 3 000 morts dans les camps en France, et un millier de Juifs exécutés ou abattus sommairement.
En cette seule année 1942, année terrible pour les Juifs de France, 19 000 hommes, 15 000 femmes et 6 500 enfants, dont plus de mille avaient moins de 5 ans, furent victimes de la soumission de l’Etat français à la volonté génocidaire nazie.
Philippe Pétain, chef de l’Etat français, Pierre Laval, chef du Gouvernement, René Bousquet, chef de la police, n’avaient pas été à l’origine de la solution finale, mais c’est en pleine conscience de leurs actes qu’ils ont choisi de remplir le rôle de pourvoyeurs des camps de la mort.
Ces hommes qui dirigeaient la France de la collaboration n’ont droit à aucune circonstance atténuante. Pas même celle de la défaite, car on ne sauve pas la France en déshonorant ses principes. Aucune circonstance atténuante, parce que c’est spontanément qu’ils ont inscrit dans la loi un statut discriminatoire des Juifs, et qu’ils ont pris les mesures qui les réduisaient à la condition de parias.
Cette collaboration indigne, ce pacte sombre avec l’occupant nazi, beaucoup de Français en ont ressenti le caractère déshonorant et tragique.
Dès octobre 1940, malgré la défaite et la désolation de tout un pays brisé, des citoyens français se sont émus et insurgés, telle cette femme s’adressant à Pétain le jour de la promulgation du statut des Juifs : « Je crois qu’il est peu de choses aussi affreuses que d’être honteux de son pays, au moment où on l’aime avec plus de tendresse et d’intensité que jamais à cause de son immense malheur. Ce n’est pas un pays sans visage que la France. Et un des traits que nous aimons et respectons le plus est son humanité... Ce sont ces droits (ceux de la personne humaine) qui sont dangereusement atteints par le statut des Juifs... Nombreux sont les Français qui sont prêts, sous votre conduite, à souffrir n’importe quoi, pourvu que tout soit fait pour que la France reste la France, dans son âme aussi bien que dans son territoire. »
Voilà les mots d’une Française, les mots de l’honneur national.

Non, aucune circonstance atténuante ne tient, parce que face aux chefs SS, il restait aux autorités de Vichy le pouvoir de résister, l’issue de dire « non » ; il leur restait l’Empire, la flotte, l’horizon voisin de la France libre ; il leur restait enfin et surtout la volonté des Français de ne pas voir la France perdre son âme. Cette volonté, le pasteur Boegner l’exprimait si justement dans une lettre restée sans réponse à Pétain : « Je vous supplie, Monsieur le Maréchal, d’imposer des mesures indispensables pour que la France ne s’inflige pas à elle-même une défaite morale dont le poids serait incalculable. »
Au lieu de répondre à cet appel, le Gouvernement de Vichy a balayé les traditions françaises d’asile et de protection, ces traditions chevaleresques et humanistes du pays ; il s’est associé au crime contre l’humanité dans toute son horreur, car il ne pouvait ignorer le sort funeste qui attendait les déportés.
Ce sort, beaucoup le connaissaient, ou le pressentaient.
Les enfants eux-mêmes, enfermés durant ces quelques journées effroyables dans le Vélodrome d’hiver, n’entretenaient aucune illusion.
Voici la lettre d’un garçon de 15 ans à l’un de ses amis : « Mon cher Claude, Lorsque cette lettre te parviendra, nous serons sans doute déjà partis. Nous sommes presque fous à force de penser à cela, surtout que nous craignons d’être séparés. Je termine cette lettre en ayant une forte envie de pleurer, car vois-tu, je crois que nous ne nous reverrons plus, et vois-tu, je crois que c’est vraiment la fin. »
Par la suite, les familles internées au Vel d’hiv furent transportées dans deux camps du Loiret, à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, où très vite, elles furent disloquées.
Les pères partirent par un convoi, avec leurs fils adolescents nés à l’étranger. Les milliers de mères partirent par d’autres convois avec leurs filles adolescentes, après avoir été séparées à coups de crosse, de leurs enfants en bas âge. Quelques témoins de ces séparations brutales se sont exprimés :
« Il est impossible - écrivait l’un d’eux - de vous décrire les conditions dans lesquelles ces déportations ont eu lieu. On a arraché des enfants à leurs mères et tout ce que vous pourrez imaginer à ce sujet sera en dessous de la vérité. »
Un autre témoin a rédigé le jour même, le 7 août, cette demande pressante :
« Il faut que vous racontiez à tous ces femmes, véritables folles qui hurlent adieu à leur enfant de 4 ans, de 10 ans, de tous les âges, qu’on leur arrache ».
Ces 3 000 enfants en bas âge restèrent seuls, plongés dans la détresse extrême des corps, des cœurs et des esprits. Certains verront leur martyre s’achever sur place, et seront inhumés dans des tombes ou dans des fosses communes des cimetières locaux. Tous les autres furent transportés au camp de Drancy parce que les autorités allemandes ne voulaient pas de trains remplis exclusivement d’enfants. Là, on les mélangea à des adultes raflés en zone libre, qui n’étaient pas leurs pères, qui n’étaient pas leurs mères, afin de faire croire à la population française qu’ils partaient en famille. Ils furent déportés en 6 convois, à raison de 500 enfants par convoi.
Deux jours et deux nuits de rail, dans une promiscuité étouffante, sous la chaleur lourde de l’été. Le train stoppe. Les portes s’ouvrent sur la rampe de Birkenau. L’angoisse, les peurs, les cris éclatent. Des ordres résonnent. Les colonnes se forment. Quelques instants plus tard, quelques pas plus loin, ils entreront dans la machine exterminatrice nazie. Pas un de ces enfants n’est revenu.
Quant aux milliers de mères, qui espéraient encore que la nationalité française de leurs enfants les protègerait, elles ont appris à Auschwitz, trois semaines plus tard, qu’ils y avaient été déportés à leur tour, et assassinés dès leur arrivée. Moins de dix de ces mères survécurent.
Ici même, le 16 juillet 1995, Jacques Chirac déclarait : « Ce jour là, la France, terre d’asile, patrie des Lumières, ce jour là, la France a accompli l’irréparable. »

Il fallait cet acte de courage et de lucidité pour regarder en face le passé de notre nation, pour décider d’en assumer les responsabilités et les conséquences, pour permettre en particulier de créer la Commission Matteoli, dont les propositions ont été suivies par les gouvernements d’Alain Juppé et de Lionel Jospin : réparation pour les orphelins de la déportation, création d’une Commission d’indemnisation des victimes de spoliations, création de la fondation pour la mémoire de la Shoah.
Oui, la France avait prêté la main aux actes commis par Vichy contre les Juifs ; en particulier, aux arrestations menées par la police française, qui est allée jusqu’à se saisir en août 1942, en zone libre - territoire où il n’y avait pas de troupes allemandes - de 10 000 Juifs transférés en zone occupée, d’où ils furent immédiatement déportés.
A côté de Vichy - cette France inique - une autre France existait cependant, une France d’honneur, celle de la résistance, celle du général de Gaulle, une France d’action et de foi, une France aussi de cœur, discrète mais généreuse, désarmée mais vertueuse. Il a fallu le travail lent et précis d’historiens pour dégager son rôle salvateur, le décrire, le mesurer justement.
« Si le régime de Vichy a abouti à une faillite morale, et s’est déshonoré en contribuant efficacement à la perte d’un quart de la population juive, les trois quarts restant doivent essentiellement leur survie à la sympathie sincère de l’ensemble des Français, ainsi qu’à leur solidarité agissante, à partir du moment où ils comprirent que les familles juives tombées entre les mains des Allemands étaient vouées à la mort. » Voila ce qu’écrivait l’historien et chercheur Serge Klarsfeld dans la conclusion de son ouvrage, Vichy-Auschwitz, dès 1983.
Redisons-le aujourd’hui : derrière les Justes de France, figures exemplaires et reconnues, un large peuple a agi, des églises ont parlé, des voix nombreuses ont protesté qui, pendant l’été 1942, au moment des victoires allemandes en Afrique du Nord et dans le Caucase, ont réussi par leur hostilité marquée aux mesures anti-juives, à freiner la coopération massive instituée entre les polices de René Bousquet et de Karl Oberg, entre la police de Vichy et la gestapo.
Rappelons non seulement les lettres pastorales de Mgr Saliège, de Mgr Théas, de Mgr Gerlier, de Mgr Delaye, mais aussi les réactions de très nombreux Français, immédiatement retransmises par les préfets au Gouvernement de Vichy. Rappelons les avec émotion, avec gratitude pour la France, avec reconnaissance pour la part d’honneur sauvé.
Mesdames et messieurs,
Soixante cinq années se sont écoulées depuis cette rafle du Vélodrome d’Hiver, emblématique de toutes les autres rafles qui eurent lieu à la même période.
Soixante cinq ans. Le temps a passé, reléguant dans une mort obscure les coupables historiques, et avec eux la nécessité d’expier. L’horreur, elle, n’a pas diminué ; et avec elle s’est perpétuée notre obligation de protester, de pratiquer l’exercice du souvenir et de la vigilance.
Au nom du président de la République, au nom du Gouvernement, je m’adresse ici à la jeunesse française.
Il y a soixante cinq ans, des responsables de Vichy, des fonctionnaires, des collaborateurs, se sont souillés d’une faute pleine, indélébile. Leur faute n’est pas votre faute. Leur honte n’est pas votre honte. Mais il y a dans leurs actes une horreur qui doit devenir la vôtre, un dégoût qui doit soulever vos cœurs comme il a soulevé le nôtre ; non pour vous mortifier, mais pour vous prémunir ; non pour réécrire le passé, mais pour entretenir le culte de la vérité ; non pour condamner la France dans son entier, ce qui serait injuste, mais pour exiger d’elle le meilleur ; non pour abaisser l’esprit de résistance dont elle fit preuve, mais bien au contraire pour en mesurer la force et le prix.
De la Shoah, des survivants sont encore là pour témoigner, mais leur nombre s’amenuise, et bientôt ne resteront que les écrits, les images, les livres d’histoire. Lorsque la voix de ceux qui ont vécu cette tragédie se sera tue, il vous reviendra, à vous jeunesse de France, de prendre le relais de leurs paroles, de leur mémoire. Vous le ferez pour eux, vous le ferez pour la France.


Oublier, c’est commencer à mourir.
A ceux qui ont perdu des êtres chers, et dont la souffrance n’est pas révolue, je veux dire combien je comprends qu’ils refusent de se résigner ; combien je respecte leur chagrin, leurs larmes infinies. A leur côté, je retiens, moi aussi, la leçon de cette page noire de l’histoire de notre pays. C’est une leçon profondément politique, une leçon ancienne.
En 1572, rapporte Voltaire, le gouverneur d’Auvergne Saint-Herem, répondait au roi Charles IX, qui lui avait demandé d’exécuter les protestants tombant sous sa juridiction :
« Sire - répond-il - j’ai reçu un ordre sous le sceau de votre majesté de faire mourir tous les protestants qui sont dans ma province. Je respecte trop votre majesté pour ne pas croire que ces lettres sont contrefaites ; et si, ce qu’à Dieu ne plaise, l’ordre est véritablement émané d’elle, je la respecte encore trop pour lui obéir ».
C’est cette quête de grandeur morale, intellectuelle, spirituelle qui doit conduire l’Etat et l’administration. C’est ce choix de l’honneur et du courage qui doit inspirer ceux qui ont en charge d’incarner la République. C’est le combat perpétuel contre tous nos démons - l’antisémitisme, la xénophobie, le racisme - qui doit frayer sa voie. C’est la victoire de la dignité et de la justice qui éclaire l’âme de la France.

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