11 juin 2007

A. Burg : de "La paix maintenant" à la haine de soi...

Israël entre peut-être dans l'une des périodes les plus pénibles de son histoire : à la désinformation permanente à son encontre, à la médiocrité de son élite universitaire "post-sioniste" et à la haine viscérale dont il est l'objet de la part de centaines de millions, voire de milliards de personnes, s'ajoutent les menaces précises et combinées sur plusieurs fronts, y compris celles de l'Iran et de son Hitler islamiste version XXIème siècle, le boycott des universitaires anglais, la nullité catastrophique du premier ministre Olmert et maintenant les coups de poignards dans le dos de la part de l'ancien leader de "La Paix maintenant", Avraham Burg qui face à la réalité des risques de "maintenant la guerre" choisit de cracher sur son pays, donnant à la haine anti-juive et anti-israélienne une formidable occasion de se déchaîner, bien meilleure occasion en vérité que celle fournie récemment par ces rabins anti-sionistes délirants qu'on a vu soutenir Arafat puis Ahmadinejad puisque cette fois c'est un monsieur bien comme il faut, ancien président de la Knesset, qui affirme, je cite Burg : "Avoir défini l'Etat d'Israël comme un Etat juif est la clef de sa perte", et que la loi qui permet à tout Juif de venir vivre en Israël est "le miroir de l'image d'Hitler".

Autrement dit, pour ce pacifiste sans complexe, le message à envoyer aux ennemis du peuple juif revient à ceci : "ne vous donnez pas la peine d'essayer de nous détruire, nous allons le faire nous-même".

Les anti-israéliens sont toujours prêts à dénoncer le soi-disant retournement par lequel les anciennes victimes seraient devenus les nouveaux bourreaux --- s'estimant au passage suprêmement intelligents d'avoir réussi à simplement concevoir l'idée même d'un tel retournement --- inutile de dire que Burg échappera à leurs critiques et sera au contraire glorifié pour son "courage" et sa "lucidité"...

Quel courage ? celui certes de se mettre à dos une partie du peuple qu'il méprise mais de devenir d'un autre coté la nouvelle star française de l'anti-israélisme que se disputeront nos médias ? Car je suis prêt à prendre les paris : d'ici quelques mois, Burg sera devenu l'incontournable "référence" française sur Israël...

Quelle lucidité ? En quoi venir alimenter le délire anti-israélien aurait-il le moindre rapport avec une critique lucide sur la politique menée par le pays qu'il trahit ? Nous avions déjà Edgar Morin, Théo Klein, Levy-Leblond, Esther Benbassa, Rony Brauman, Etienne Balibar ou Alain Badiou, nous n'avions encore rien vu : voici venir Avraham Burg.

Mais il se trouve que le peuple juif en a vu d'autres, et Burg qui prétend, en parlant des israéliens, "nous sommes déjà morts", ne fait en réalité, à 52 ans, que parler de sa propre vie intellectuelle. Nous avons quant à nous la chance de bénéficier des analyses de nombres de penseurs bien vivants : on peut suivre leurs conférences sur le site http://www.akadem.org, ou lire leurs livres (citons par exemple S. Trigano, G. Huber, R. Draï, D. Sibony, A. Yehoshua...) , ou les écouter à la radio. Ainsi, ce mois-ci (juin 2007), nous pouvons retrouver Alain Finkielkraut chaque dimanche à 13h30 sur RCJ (94.8 FM à paris, ou sur internet http://www.radiorcj.info/).

Face aux délires de Burg (qui comme presque tout délire contient aussi des petits morceaux de vérité), le premier mouvement des amis d'Israël sera peut-être de s'en tenir à la colère et au mépris. Je me demande s'il ne faudra pas aussi, dans une certaine mesure, tâcher de répondre calmement, de façon argumentée, à ces délires, comme s'ils s'agissaient-là de véritables arguments de la part de Burg, puisque c'est ainsi qu'ils seront reçus par une grande partie de l'opinion auprès de laquelle la propagande anti-israélienne a si bien été relayée. C'est assez dégoûtant, et c'est peut-être une perte de temps et d'énergie, mais d'un autre coté c'est peut-être aussi l'occasion de réflechir plus avant sur les questions essentielles concernant l'avenir du peuple juif.

Et je profite de l'occasion pour recommander à nouveau la lecture du "Controverse n°4" sur les "Alterjuifs" (éditions de l'Eclat); et aussi, d'Avraham B. Yehoshua, "Israël, un examen moral" (livre de Poche), même si nous ne sommes pas nécessairement d'accord avec toutes ses analyses.

Bon courage à tous

Anatole

Sur Burg, récapitulatif et références :

1. En août 2003, Burg publie un texte dans le Yediot Aharonot. Une traduction française en est proposée par G. Eizenberg (La Paix Maintenant) sous le titre "La société israélienne s’effondre et ses leaders gardent le silence", on peut la lire ici :

http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=5807

2. Le même texte est publié par Le Monde, le 11 septembre 2003, avec une traduction de Lucien Lazare, sous le titre "La révolution sioniste est morte". On peut lire cette traduction ici :

http://web.radicalparty.org/pressreview/print_right.php?func=detail&par=6667

Ce texte est récemment (avril 2007) repris dans un recueil éponyme édité par Warchawsky.

http://www.france-palestine.org/article6092.html

3. Toujours en septembre 2003, Burg publie dans Al-Quds une "lettre à mes amis palestiniens", traduite en français par Albert Capino, qu'on peut lire ici :

http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=5927

4. Le livre de Burg, Defeating Hitler, est à ma connaissance sorti uniquement en Israël, il y a quelques jours, début juin 2007.

2. A la suite de quoi Burg a fait l'objet de plusieurs pages dans Haaretz, le 9 juin 2007, et l'on peut lire son interview par Ari Shavit en anglais, sous le titre "Leaving the Zionist ghetto" sur

http://www.haaretz.com/hasen/spages/868385.html

3. Cette interview a été relayée, le 9 juin 2007, et partiellement traduite en français par Alain Gresh, à la fois pour le quotidien libanais L'orient, Le jour, pour le Monde Diplomatique et pour son propre blog :

http://blog.mondediplo.net/2007-06-09-Abandonner-le-ghetto-sioniste-un-livre-bombe-d

4. Toujours le 9 juin 2007, elle a également fait l'objet d'un compte-rendu dans Le Monde, par Bôle-Richard (sous le titre "Nous sommes déjà morts" : Avraham Burg attaque l'Etat juif, "ghetto sioniste")
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-921015,0.html