lundi 23 février 2009

Suisse : une polémique autour d’une soirée de gala en faveur de l’armée israélienne


Prévue le 2 mars prochain, elle mobilise de nombreux opposants. Ils organisent des sit-in quotidiens en Suisse et prônent le boycott économique d’Israël

Cette soirée animée par l’humoriste Anne Roumanoff suscite une polémique entre un collectif pro-palestinien, et les organisateurs.

Le « Collectif Urgence Palestine - Genève » multiplie les manifestations et les sit-in en Suisse, pour soutenir les Palestiniens à Gaza, et prévoit une manifestation devant le Théâtre du Léman (anciennement Grand Casino) pour empêcher la tenue de la soirée en faveur de l’armée israélienne. Sur son site internet, le Collectif invite les autorités fédérales suisses à « suspendre la collaboration militaire et à résilier l’accord de libre échange économique entre la Suisse et Israël pour obtenir d’Israël le respect des obligations qui lient un pays occupant envers la population occupée avec l’application du droit humanitaire international et en particulier de la quatrième Convention de Genève dans les Territoires Occupés ». Le Collectif appelle également à créer une base de données des entreprises qui, à travers leurs investissements, soutiennent l’occupation, et appelle à les boycotter...

Claude Proz, le directeur du théâtre du Léman, n’a pas tardé à réagir aux nombreux courriers adressés par le Collectif aux internautes et aux médias. Il affirme avoir « pris connaissance de ces divers mails et messages de doléances », avant d’ajouter : « Je tiens tout de même à vous informer qu’en m’attaquant sur ce terrain d’une part vous vous tromper de cible, je dirige un théâtre entièrement privé qui peut se vanter d’accueillir toutes sortes de spectacles et ceci de toutes les tendances politiques et religieuses, pour autant qu’il ne s’agisse pas de meeting de propagande. Dans ce cas particulier, non seulement pour votre information les options avaient été prises par cette organisation bien avant mon arrivée à la direction de ce théâtre et donc bien avant les malheureux événements des derniers mois, mais en plus c’est pour accueillir uniquement un spectacle de Anne Roumanoff, artiste de grand talent, seul critère réel pour comptant pour accepter une location du théâtre ».

Dans sa réponse, Claude Proz précise : « De plus, ce gala est une soirée entièrement privée et je n’ai pas, en tant que simple directeur et loueur de salle, à connaître pour qui vont les bénéfices des soirées caritatives et privées. Également pour votre information je suis Suisse né à Genève, Catholique et n’appartiens à aucun parti politique, et en tant que directeur du théâtre je n’ai pas à prendre position pour telle ou telle cause aussi louable soit elle. Dites vous bien que si pour une raison qui m’échappe j’aurais du annuler cette date on m’aurait immédiatement taxé d’antisémite, alors que faire... subir des pressions à chaque spectacle, il est organisé bientôt une nuit des musiques Arabes, une artiste Pakistanaise, des danse Chinoises, des ballets Turcs etc etc Il faut que vous compreniez que ce n’est pas moi, petit travailleur de l’ombre, qui vais m’ériger en senseur ou juge de quoi que se soit ».

Et de conclure, le directeur du Théâtre du Léman rappelle : « Je prône régulièrement la liberté et j’essaye tant faire ce peut de l’appliquer tous les jours. Mais en est il vraiment de même avec ceux qui veulent donner des leçons et imposer leurs vouloir ? je me pose la question ».

La polémique ne fait de débuter, et les détracteurs de la soirée s’adressent directement à Anne Roumanoff. Dans une lettre intitulée « On ne vous dit pas tout ! », les signataires de la pétition contre la soirée de gala écrivent :

« Madame, Vous nous avez habitués, grâce à votre talent et votre impertinence, à repérer entre les lignes ce que l’on cherche à nous cacher ou tout au moins à passer sous silence. Ainsi de votre venue prochaine, le 2 mars 2009 au Grand Casino de Genève. A ce propos, faut-il le croire, on ne vous dit pas tout ! Car comment supposer que vous auriez honoré de votre présence un gala de soutien au profit des soldats de Tsahal et des victimes des attentats ? Non certainement, on ne vous dit pas tout car vous n’auriez jamais accepté de figurer sur une publicité, au-dessous de l’emblème de l’armée israélienne. On ne vous dit pas non plus que vous vous produiriez devant un parterre de supporters de cette même armée – 4ème puissance militaire – qui, durant 3 semaines a bombardé, assassiné, affamé une population sans défense. On ne vous dit pas, mais vous le saviez déjà, qu’à Genève – comme dans le reste du monde, des milliers de manifestants, horrifiés par cette barbarie, ont réclamé que les crimes de guerre de l’armée israélienne soient punis, qu’un tribunal international juge et condamne de tels actes. On ne vous dit pas, mais vous l’auriez pressenti, que votre prestation à cet évènement serait interprétée comme une offense aux victimes et à ceux et celles qui considèrent que la justice ne peut être dévoyée au profit d’aspects mercantiles. Et puisqu’on vous le dit, n’y allez pas ! »

(Cet appel est déjà signé par : Groupe Suisse sans Armée, Droit pour Tous, Femmes en Noir-Genève, Générations Palestine, Association Parrainages d’enfants de Palestine, Collectif Urgence Palestine/Vaud, Collectif Urgence Palestine/Nyon-La Côte, Centrale Sanitaire Suisse, CETIM, SolidaritéS, Association Meyrin-Palestine, Association Droit au Retour).

Le conflit israélo-palestinien touche ainsi la Suisse, après avoir fait escale en France et en Belgique, entre autres pays européens.

MediArabe.info