"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, août 12, 2007

PASSERELLE
Source : rue89.com
en ligne depuis le 11 août


Hen Lasker, réalisatrice:
l'amour au féminin
dans l'armée israélienne
Par Anne Maniglier (photographe)

Hen Lasker, réalisatrice, s’est engagée à dix-huit ans dans les unités d’élite de combattantes féminines israéliennes. Pendant deux et demi, elle apprend la guerre, à tirer comme un soldat, à survivre dans le désert. Ces unités de combat la projettent de l’enfance à l’âge adulte, sans transition. Hen découvre qu’elle est amoureuse de sa commandante. Sa mère dira plus tard que l’armée lui a volé sa fille pour en faire une lesbienne.
À son retour dans le civil, Hen voyage et fait des études de cinéma, son premier film, “Summer seeds”, relate cette période à l’armée, sa découverte de son homosexualité, son lavage de cerveau. “Summer seeds” n’est pas un documentaire israélien comme les autres, il est intime et tendre, avec une photographie très recherchée, et en apparence ce n’est pas un film politique. "Summer Seeds" était présenté au dernier festival de cinéma de Jérusalem où Rue89 a rencontré Hen Lasker.

Pourquoi avoir fait ce film? Pour parler de votre expérience à l’armée ou pour parler du fait que c’est à cette période que vous êtes tombée amoureuse d’une femme pour la première fois?

Tout était important, et mélangé; je suis tombée amoureuse d’une femme à l’armée parce que je me sentais plus à l’aise, et plus libre, cet endroit où tu es totalement à l’écart de la société, de ta famille, des amis, de toutes les normes et des lois.
A l’armée, je n’avais plus toutes les barrières, toutes ces normes et toutes ces limites sur les épaules, assez bizarrement d’ailleurs, car l’armée est un endroit où tu obéis à tous les ordres; mais je me suis sentie plus libre. J’ai ressenti un changement dans ma “féminité”, j’étais plus sûre de moi en tant que femme, je voulais m’affirmer. Tout cela était très intense.
C’est mon expérience personnelle qui a façonné mon point de vue sur l’armée. J’ai voulu parler de l’endroit, de la vie que nous menons là-bas, que les filles sont à un âge crucial, en fait une transition, et que l’armée les rend dures, enterre leurs rêves d’enfants. Je me suis dit qu’en revenant filmer je verrais les mêmes choses que j’ai ressenti à travers les yeux d’autres filles peut-être, et je voulais retrouver une histoire d’amour et la filmer.


Dans le documentaire, il y a des vies qui se croisent, Yarden, une nouvelle recrue, Smadar... Vous pensiez filmer une histoire d’amour entre deux filles et en fait, vous revivez une histoire d’amour...

Yarden a l’air d’avoir douze ans vraiment, c’est une enfant; à l’armée c’est plus facile pour eux d’avoir des gens qui sont très jeunes dans la tête, ça leur permet de leur laver le cerveau plus vite. Yarden devient dur, elle doit tirer avec des armes qui sont plus lourdes qu’elle. Elle devient la répresensante du groupe du “quand tu veux, tu peux!” Dans le film, elle devient la mascotte du groupe, parce qu’elle a une volonté de fer.
La manière dont je l’ai filmée était très particulière, je savais ce qu’elle endurait, j’ai montré cette rudesse, cette solitude, et surtout j’ai montré les méthodes employées par l’armée. Sa famille m’avait donné les autorisations pour la filmer, quand la mère de Yarden a vu le film, elle a éclaté en sanglot et Yarden aussi.
Ma relation avec la commandante Smadar dans le film, je ne l’avais pas vu comme cela, c’est en filmant, en la faisant parler, que nous nous sommes rapprochées. Je sais que cette relation que nous avons eue dans le film n’a pas été très bien acceptée; mais je n’ai rien calculé. À l’armée, j’imagine que c’est pareil chez les hommes, il y a une tension sexuelle très forte, certains liens nous rapprochent. Je sais que certaines personnes ont pensé que je me suis servie de la camera pour la séduire, peut-être, je ne sais pas, ça c’est fait c’est tout.


D’un côté l’armée vous a donné des autorisations exceptionnelles pour filmer, probablement parce que vous avez été l’une des leurs; en même temps, les activistes de gauche critiquent votre film, en disant que vous ne dénoncez rien, et ne montrez rien, que vous n’êtes absolument pas féministe…!

Oui, je sais, mais mon film est critique envers l’armée, il la critique différemment, il montre que l’armée utilise des méthodes d’aliénés et ne nous protége absolument pas des conséquences. Je n’avais pas envie d’envoyer à la figure des gens des choses toutes faites; j’ai voulu filmer les faits, et utiliser mon expérience dans ces unités.
Je voulais retrouver une histoire d’amour, la filmer intimement; j’ai filmé des jeunes filles qui traversent une épreuve très dure, qui veulent vivre comme des hommes, s’habiller comme des soldats, comme je l’ai voulu également. On ne peut pas toujours présenter les événements de la même façon, non?


Le film a-t-il été pour vous une thérapie?
Oui, complètement. Il m’a permis de clore cette période de ma vie comme étant très importante personnellement et cinématographiquement.

Fiche du film: “Zir’ei kayitz", Israël 2007. 65mn

Réalisatrice: Hen Lasker

Production Edna Kowarsky, Elinor Kowarsky.
Eden Productions, Tel-Aviv.

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