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vendredi 15 février 2008

SHOAH : LE MEMORIAL DE 11000 ENFANTS DERANGE


Shoah :

le mémorial de 11000 enfants dérange.


Miguel Garroté, Journaliste
http://www.monde-info.blogspot.com


Le 5 février, je publiais, un article, intitulé « Ou en est la culture judéo-chrétienne ? ». J’aurais peut-être mieux fait de ne pas poser cette question. Car les faits commentés ci-dessous, me donnent le sentiment désagréable, que la culture judéo-chrétienne, en est au stade irréversible, de l’affolante idiotie pathologique. Voyons cela.

Lors d’un dîner, au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), mercredi 13 février le soir, Sarkozy, annonce, avoir demandé au gouvernement, de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2, se voient confier, la mémoire, d'un des 11.000 enfants français, victimes de la Shoah. Le lendemain, jeudi 14 février, Gérard Bon et Emile Picy, du bureau parisien de l’agence de presse britannique Reuters, diffusent, sur le site pédant de gauche lexpress.fr, une dépêche, annonçant, que la proposition de Sarkozy, sur la mémoire de la Shoah, « fait débat ». A ce stade, j’aurais presque envie de répondre : et alors ?

Pour tenter de démontrer, que la proposition de Sarkozy, « fait débat », Reuters, sur lexpress.fr, cite notamment deux individus : Dominique de Villepin et Jean-Luc Mélenchon. L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, poursuivi par les vagues de l’affaire Clearstream, déclare, sur Radio Classique : « Je ne crois pas que l'on puisse imposer la mémoire, que l'on puisse la décréter ou légiférer dans ce domaine ». La charge de la mémoire d'un enfant mort est quelque chose de très lourd à porter selon Villepin. Voilà ce qui « fait débat », selon Gérard Bon et Emile Picy, du bureau parisien de Reuters et selon lexpress.fr qui reprend leur dépêche.

Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste et ancien ministre délégué à l'Enseignement professionnel, affirme, sur LCI : « Vraiment ce président est incroyable, un jour il est prédicateur (...) Maintenant le voilà transformé en instituteur. C'est lui qui décide ce qui est bon ou mauvais dans la manière de former les jeunes enfants (…) Il n'y a personne qui a demandé une chose pareille: ni le Crif ni aucune synagogue. Si la proposition présidentielle est mise en oeuvre, on n'en finira plus. Pourquoi vouloir à tout prix infliger une cure de mémoire. Est-ce qu'on va faire pareil sur l'esclavage ? ». Voilà ce qui « fait débat », selon Gérard Bon et Emile Picy, du bureau parisien de Reuters et selon lexpress.fr qui reprend leur dépêche.

Encore jeudi 14 février, Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction du magazine de gauche Marianne, écrit, que l'initiative de Sarkozy, provoque, un « profond malaise ». La tension monte ainsi d’un cran. Ce n’est plus « fait débat », mais « profond malaise ». Selon Nicolas Domenach, « L'intention peut paraître louable (…) Mais ce nouvel appel à la mémorisation enfantine devrait soulever encore plus de polémiques (…) dans cette charge d'âme infligée aux enfants (…) en jouant (…) du ressort émotif, si pernicieux (…) L'émotion à grosses doses tue la réflexion. L'émotion appelle l'émotion et submerge la raison. Elle pousse à la passion dévastatrice. Jusqu'au rejet meurtrier (…) La vie n'est pas un feuilleton hollywoodien (…) inutile de coller un fantôme comme un boulet derrière chacun. Prendre un enfant juif martyr par la main ? Et pourquoi pas aussi un enfant malheureux du Darfour ou de Palestine ? ». Voilà ce qui provoque, un « profond malaise », selon Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction du magazine de gauche Marianne.

Et encore jeudi 14 février, c’est, aussi, du côté de la droite nationale, que l’on s’insurge. Ainsi, Bernard Antony, déclare, que « c’est pourtant une grave erreur, car une injustice discriminatoire, que vient de commettre encore Nicolas Sarkozy ». Et Antony de mentionner « l’extermination de la Vendée », « les milliers de réfugiés cambodgiens qui n’oublient pas que dans le génocide communiste des Khmers rouges », les « immigrés venus des pays de l’Europe de l’Est où le communisme perpétra encore d’immenses exterminations », les « Arméniens, Chaldéens rescapés des génocides perpétrés par les Turcs ». Antony poursuit : « En n’inculquant d’une manière continue, comme monsieur Sarkozy continue à le faire, qu’une mémoire discriminatoire on ira à l’encontre du but recherché (…) Pourquoi susciter si évidemment le sentiment qu’il n’y aurait de compassion que pour la souffrance du peuple juif ? Comment ne pas comprendre que cette sélectivité dans l’indignation mémorielle entraînera la conclusion que l’on fait du racisme dans la mémoire ? ». Ce n’est plus « fait débat » ou « profond malaise », mais « le sentiment qu’il n’y aurait de compassion que pour la souffrance du peuple juif ». La tension monte ainsi de plusieurs crans et pas des moindres.

Toujours jeudi 14 février,
Philippe Carhon, sur le site catholique traditionaliste Le Salon Beige (LSB), poste un commentaire, qui abouti, à cette réflexion de LSB : « Encore un devoir de mémoire sélectif (…) Nicolas Sarkozy ne semblant visiblement connaître qu'une période de l'histoire de France lorsqu'il s'agit de devoir de mémoire ».

Aujourd’hui vendredi 15 février, c’est Thierry Lévêque, de Reuters, dans une dépêche reprise sur lexpress.fr, qui remet ça. Il reproduit les propos, parus dans Libération, d’un « historien spécialiste de l'Occupation » : un certain Henry Rousso. Celui-ci critique vivement l'initiative de Sarkozy : « La nouvelle initiative apparaît incongrue, jetée dans l'espace public (…) le bruit médiatique vient, une fois de plus, troubler le respect et le silence des morts (…) la méthode présidentielle est morbide et inutile (…) le passé est devenu un entrepôt de ressources politiques ou identitaires, où chacun puise à son gré ce qui peut servir ses intérêts immédiats ». Ce n’est plus « fait débat », « profond malaise » ou « sentiment qu’il n’y aurait de compassion que pour la souffrance du peuple juif », mais « initiative incongrue, méthode présidentielle morbide et inutile ». Et ainsi, la tension, monte encore, de quelques crans supplémentaires.

Concluons. « Je ne crois pas que l'on puisse imposer la mémoire », déclare Villepin. « Il n'y a personne qui a demandé une chose pareille », déclare Mélenchon. « Inutile de coller un fantôme comme un boulet derrière chacun », déclare Domenach. « Pourquoi susciter si évidemment le sentiment qu’il n’y aurait de compassion que pour la souffrance du peuple juif ? », déclare Antony. « Initiative incongrue, méthode morbide et inutile », déclare « l’historien spécialiste de l'Occupation » Rousso.

Si je résume tout ça, le mémorial de ces 11000 enfants déportés ne s’impose pas en la matière (Villepin). Personne n’a demandé une chose pareille (Mélenchon). Cette chose (Mélenchon) est en outre un fantôme doublé d’un boulet (Domenach). De toute façon, il n’y a de compassion que pour les Juifs (Antony). Et en définitive, le mémorial de 11000 enfants est incongru, morbide et inutile (« l’historien spécialiste de l'Occupation » Rousso).

Ou en est la culture judéo-chrétienne, ai-je eu la stupidité de demander le 5 février dernier. La réponse à la question est raide : 11000 enfants issus de la culture judéo-chrétienne, jetés dans l’enfer des camps d’extermination, ne sont que des choses, des fantômes et des boulets ; et faire leur mémorial est inutile, selon « l’historien spécialiste de l'Occupation » Henry Rousso. Purée, c’est vraiment la dèche en France. On devrait mettre un « historien spécialiste de l'Occupation » à la tête de l’Etat. Cela correspondrait mieux à l’humeur ambiante.

Post Scriptum : je ne déplore pas, évidemment, le principe même, du débat. D’ailleurs, celui-ci a lieu, également, au sein de la communauté juive. Ce que je déplore, en revanche, c’est la précipitation et la mauvaise foi, avec lesquelles, certaines personnes non juives, emploient, dans le cadre de ce débat, des termes, qui à mon sens, sont excessifs et déplacés.

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