L'année dernière, dans les premiers jours de la Séfirat Ha'omer, un journal juif publia un article sur la grave 'Avéra (faute) commise par les plus grands étudiants en Torah de Rabbi 'Akiva. Ceux-ci ne se témoignaient pas de respect les uns envers les autres, et ils en sont morts. La période du 'Omer est alors devenue une période de deuil.

Le journal demandait donc à ses lecteurs d'être vigilants sur la 'Ona'at Devarim, c'est-à-dire sur le fait de blesser autrui par nos paroles. Et d'illustrer son propos par divers exemples pouvant entrer dans cette catégorie nuisible, et tirés du livre du Rav Zelig Pliskin "Le pouvoir des mots".

Voici quelques exemples :

"Combien de fois te l'ai-je dit ?!"

"Tu n'es jamais…"

"Tu es toujours…"

"Qu'es-tu encore en train de faire ?"

Cette liste m'a interpellée. Combien usons-nous de telles phrases envers nos enfants ! Ne leur répète-t-on pas à l'envie :

"Combien de fois t'ai-je dit de ranger tes vêtements ?"

"Tu ne fais JAMAIS tes devoirs quand je te le demande !"
"Tu laisses TOUJOURS tes jouets de partout !"
"Qu'es-tu encore en train de faire ? Arrête de faire du vélo sur la route !"

Dans leur livre "Comment parler à nos enfants pour qu'ils nous écoutent, et comment les écouter pour qu'ils nous parlent", les auteurs Adèle Faber et Elaine Mazlish proposent que nous arrêtions de les blâmer et de les accuser à tout bout de champ. En effet, les enfants se sentent agressés par de tels propos, ce qui est contre-productif car ils ne songent alors qu'à se défendre au lieu de modifier leur comportement.

Mais que faire alors qui soit plus efficace ?

Et bien tout simplement les INFORMER de ce que nous pensons, mais sans les accuser. Ce qui donne alors le genre de phrases suivantes :

"Tes vêtements se rangent dans leur tiroir".
"Tes devoirs doivent être finis à 19 heures".
"Les jouets se rangent dans le coffre à jouets".
"Les enfants de 5 ans font du vélo sur le trottoir"

Ces phrases peuvent être répétées autant de fois que nécessaire.

Mais que faire si vous "ripez" et vous entendez à nouveau accuser et blâmer ? Vous pouvez toujours vous rattraper en utilisant une phrase qui vous permettra de reprendre le bon fil de la conversation : "Dans cette maison nous n'accusons pas...". Ce qui donnerait l'exemple suivant :

"Combien de fois t'ai-je dit de ranger tes vêtements ? Oh mince, j'oubliais ! Dans cette maison, on n'accuse pas autrui, car c'est une forme de 'ona'at devarim… Tes vêtements se rangent dans leur tiroir Rachel".

En agissant ainsi, vous donnez à vos enfants un excellent exemple sur différents points, et notamment sur les points suivants :

  • On a le droit de se tromper. D'ailleurs même les parents se trompent parfois.

  • On peut faire Téchouva, s'amender, dès qu'on s'en rend compte.

  • Il est toujours possible de communiquer efficacement sans accuser autrui.

Mais comment réagir si vous prenez tout cela en compte… et que vous entendez vos enfants vous accuser ou blâmer les autres ?

"Pourquoi tu ne m'as pas acheté mes Bissli préférés ?"

"Elle m'énerve, elle me prend toujours mes jouets et je ne les trouve plus !"

Vous pouvez alors répondre :

"Tu as l'air déçu, mais ce n'est pas une raison pour m'accuser ainsi. Dis-moi plutôt "Maman, peux-tu ajouter mes Bissli sur ta liste de commission ?".

"Tu as l'air agacé par ta sœur, mais ce n'est pas une raison pour lui parler ainsi. Trouvons un endroit où elle ne pourra pas atteindre tes jouets."

Profitons de cette période de la Séfira (compte du Omer !) pour nous adresser plus respectueusement à nos enfants. Leur parler respectueusement est la première étape d'un processus qui les amènera à nous parler respectueusement, ainsi qu'aux autres adultes dans leur vie. C'est un excellent moyen d'apporter la paix dans nos foyers et dans le monde.