Dans la parachat Béréchit, après le meurtre perpétré par Caïn, Hachem décréta qu’il errerait sur terre, qu’il n’aurait jamais de résidence fixe.

Hachem ne punit jamais arbitrairement, le but de la sanction est de corriger. Cette instabilité était censée expier la faute de Caïn. Mais il refusa de se soumettre à ce décret et tenta d’y fuir. La Thora nous informe, juste après le récit du meurtre, que « Caïn était un bâtisseur ». Le Ramban note que les mots employés par la Thora indiquent que Caïn construisait continuellement des villes, mais elles s’effondraient immédiatement à cause de la malédiction énoncée. Pourtant, au lieu de comprendre la leçon et d’accepter son statut de nomade, Caïn bâtit de nouvelles villes, durant toute sa vie.Ce comportement semble avoir déteint sur ses descendants qui esquivent également les amendements soumis à l’humanité pour réparer la faute d’Adam. Ce dernier devait travailler la terre et gagner sa vie à la sueur de son front. Or, les descendants de Caïn préférèrent éviter ceci et se tournèrent vers d’autres moyens de subsistance. « Et Ada enfanta Yaval ; ancêtre de ceux qui habitent sous les tentes et conduisent les troupeaux. Le nom de son frère était Youval, celui-ci fut la souche de ceux qui manient la harpe et la lyre. Tsila aussi – elle enfanta Touval-Caïn qui façonna toute sorte d’instruments de cuivre et de fer… »

Rachi explique que ces versets « anodins » sont très importants, parce qu’ils montrent un aspect fondamental de la civilisation moderne. Abel choisit d’être berger, échappant ainsi à l’obligation de travailler la terre. L’« habitation sous les tentes » fait également allusion au monde des affaires, qui ne concorde pas non plus avec la rectification qu’Hachem imposa à l’humanité. Youval fut le premier à cultiver l’art de la musique. Et Touval-Caïn fabriqua les premières armes pour permettre à l’homme de survivre en dominant et en accablant les autres ; autre manière de contourner la malédiction.
 

Fuir la volonté d'Hachem

Voici comment les hommes évitèrent le dur travail de la terre (qui devait rectifier la faute d’Adam HaRichon) en vaquant à d’autres activités et divertissements. Ainsi, l’humanité se développa en ignorant la volonté d’Hachem et ceci la conduisit à la décadence morale puis à sa destruction lors du Déluge.

Seule une personne essaya d’agir selon les directives d’Hachem : Lémekh. « Lémekh… engendra un fils. Il l’appela Noa’h, en disant : "Celui-ci nous soulagera de notre travail, du labeur de nos mains, causé par la terre qu’Hachem a maudite." »

Rachi nous informe que Noa’h inventa les outils agricoles, ce qui facilita le travail de la terre. Noa’h fut le premier à ne pas essayer d’éluder la malédiction d’Adam HaRichon, mais à l’affronter. Cela explique pourquoi il fut le seul à être sauvé du Déluge. Contrairement aux autres, sa vie fut dédiée à l’exécution de la volonté d’Hachem, il ne fut donc pas exposé à la dégénération morale qui frappa l’humanité.

On peut tirer deux leçons fondamentales de ce voyage dans l’histoire antique. Tout d’abord, nous avons vu comment le développement de la civilisation est caractérisé par un désir de fuir la volonté d’Hachem. La société actuelle est également mise à l’épreuve dans ce domaine. Les avancées technologiques et les découvertes ne cessent pas – elles peuvent grandement bénéficier à l’homme, au niveau spirituel, si les intentions sont bonnes, mais ce n’est pas toujours le cas.
 

Prioritaire ou accessoire ?

Les téléphones portables, par exemple, sont d’une grande utilité, mais les dommages qu’ils causent l’emportent trop souvent sur les avantages qu’ils présentent. Un manque de respect envers Hachem et à l’égard d’autrui en a été l’une des conséquences. On s’est malheureusement habitué à la sonnerie d’un portable au milieu de la prière, d’un mariage, d’un discours… Rav Issakhar Frand raconte qu’il est même arrivé qu’un portable sonne lors d’un enterrement. Non seulement son propriétaire n’avait pas pris soin de l’éteindre, mais il ne s’empêcha même pas d’y répondre et de bavarder en plein milieu des obsèques !

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas exploiter le grand potentiel que présente la technologie moderne, mais il faut rester vigilant et s’assurer que nous l’utilisons pour exaucer la volonté Divine et non pour la négliger.

Deuxièmement, Hachem nous place souvent dans une situation de laquelle Il souhaite que nous grandissions, mais nous avons tendance à éviter de saisir cette opportunité.

Hachem communique avec nous à travers les épreuves – qui ne sont forcément les pires tragédies ; même les petites difficultés que nous rencontrons tous au cours de notre vie sont là pour transmettre un message. Prenons l’exemple du mariage et de la relation entre conjoints. En relevant les principaux sujets de débats et de controverse, on peut savoir dans quel domaine et sur quels traits de caractère travailler pour améliorer sa relation de couple.

Parfois, en voulant progresser dans un domaine, on se focalise sur des choses qui sont plus simples et naturelles ; on va peut-être consacrer une grande partie de son temps à aider les autres, mais négliger par là ses obligations vis-à-vis de son conjoint et de ses enfants.

La paracha de cette semaine, Béréchit, est bien plus qu’une description historique des générations antérieures. Elle montre comment Hachem communiqua avec l’homme, comment ce dernier devait rectifier ses erreurs et comment la grande majorité de l’humanité refusa d’obtempérer. Nous devons corriger cette faille, comprendre les messages de la Providence Divine  et tenter d’exaucer Sa volonté.