Sari allait accoucher pour la première fois. L’excitation était à son comble lorsqu’elle ressentit la première contraction. Après un intervalle de cinq minutes arriva une nouvelle contraction, puis cinq minutes après, passa encore sur elle une vague de douleurs. Elle consulta sa montre, les contractions étaient régulières, mais ne dépassaient pas trente secondes, et leur intervalle ne descendait pas en dessous de cinq minutes. «  Ce n’est pas encore le moment d’aller à l’hôpital  » conclut-elle en se remémorant ce qu’elle avait appris dans le cours de préparation à l’accouchement.

Soudain, elle fut prise de frissons et de tremblements. «  Pourquoi ai-je tellement froid ? Est-ce que c’est lié à l’accouchement, ou est-ce que j’ai une poussée de fièvre ?  » Se demanda-t-elle. Quelques minutes plus tard, elle se mit à vomir.

Elle sentit que quelque chose d'étrange lui arrivait, mais ne savait pas définir ce que c’était. Finalement, elle décida de se rendre à l’hôpital pour se faire examiner. Quand elle arriva, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’on l’informa qu’elle était complètement ouverte. «  Tu as sauté les deux premiers stades de l’accouchement  », l’informa la sage-femme. Et, effectivement, quelques minutes plus tard, elle accoucha dans l'un des box de la salle d’attente !


Le processus de l’accouchement débute avec des étapes définies, cependant, la durée de chaque étape fluctue d’une femme à l’autre. Chez certaines parturientes, les premières étapes se déroulent rapidement, elles doivent donc se presser de rejoindre l’hôpital et à l’inverse, il y en a d’autres qui se rendent trop tôt à l’hôpital et qui se font gentiment renvoyer chez elles…

Afin de rentabiliser au mieux chaque pas et de savoir déterminer correctement à partir de quel moment il faut se rendre l’hôpital, toute femme enceinte se doit de connaître les sensations et les symptômes des différentes étapes de l’accouchement.

Le mécanisme de l’accouchement débute avec l’assouplissement du col de l’utérus et son ouverture. On peut diviser cette phase d’ouverture, durant laquelle le col s’ouvre de 0 à 10 centimètres, en trois étapes : le stade latent, le stade actif et le stade de transition qui se termine avec l’ouverture complète du col. Une courte description de ce processus aidera la parturiente à comprendre ce qui se passe (ce partage en différentes phases n’est pas d’ordre médical).
 

Le stade latent

À partir du stade latent, le col de l’utérus commence à s’assouplir et ses parois commencent à se réduire graduellement (on parle alors d’effacement du col). Parallèlement s’entame l’ouverture du col de 0 à 3 ou 4 centimètres. À ce stade, les contractions ne sont généralement pas régulières et durent environ trente secondes. On ressent lors de ces contractions comme une ceinture qui aiguillonne le pourtour du ventre, et souvent se rajoutent à cela des douleurs lombaires, des saignements minimes dus à l’expulsion du bouchon muqueux et des sécrétions molles. Parfois, ces contractions viennent puis s’arrêtent ou se prolongent très longtemps avec un faible niveau de douleur. Cette étape peut s’étaler sur de longues heures.

De façon générale, tant que tu te sens capable de parler normalement et de ne pas te concentrer sur les contractions, il y a tout lieu de penser que tu te trouves encore à ce stade et que tu n’es pas encore entrée dans le stade actif. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’à toute règle générale existent des exceptions.
 

Le stade actif

Durant le stade actif, l’ouverture du col de l’utérus continue à s’élargir de 4 à 8 centimètres. La durée de cette étape varie d’une accouchée à l’autre et fluctue, en général, entre deux à huit heures. À ce stade, les contractions deviennent régulières, plus intenses et plus longues, elles durent environ soixante secondes et se font de plus en plus fréquentes.

Au stade actif, tu es censée ressentir une réelle difficulté à effectuer d’autres actions, et comme c’est le cas pour la plupart, il te sera difficile de parler au moment de la contraction et tu seras exclusivement concentrée sur elle.

Plus les contractions s’intensifient, plus l’ouverture de l’utérus progresse. Avec une ouverture de six ou sept centimètres, il est possible que tu réagisses par des gémissements, des cris et même parfois des pleurs.
 

Le stade de transition

Durant ce stade, le col de l’utérus s'ouvre complètement. Ce stade est le plus difficile à supporter, pourtant, dans la plupart des cas, c’est aussi le plus court et il est tout à fait probable qu’il ne dure que dix minutes.

À ce moment, tu ressentiras des contractions très longues qui pourront se prolonger de 80 à 120 secondes et qui sont très douloureuses. Les contractions figureront avec une fréquence élevée, à tel point que parfois, elles ne te laisseront pas le loisir de te reposer entre-deux. À ce niveau, nombreuses sont les accouchées qui ressentent des changements dans leur corps tels que des tremblements, des vagues de chaleur ou de froid, des nausées, des vomissements, de la faiblesse, l’impatience, la panique ou encore la frayeur.

C’est un moment de crise au cours duquel on entendra souvent : «  Je n’en peux plus, c’est impossible. Faites-moi quelque chose pour que cela s’arrête…  » Si tu t’identifies avec ces déclarations, sache que tu es arrivée à la fin du parcours…
 

Le suivi des contractions

Contraction, repos, contraction, repos, repos, contraction, contraction…

Depuis une longue heure, tu t’efforces de te confronter à la sensation désagréable qui se manifeste toutes les quelques minutes. Tu essayes de déterminer : «  Est-ce que je suis dans le stade actif ou bien suis-je encore dans le stade latent ?  »

Dina se réveilla à trois heures du matin avec une forte douleur dans les reins. «  Qu’est-ce que c’est ?  » S’étonna-t-elle, «  Est-ce que c’est une contraction ?  » «  Est-ce qu’il faut que je réveille mon mari ?  »

Émue et tendue, elle attendit la prochaine contraction. Elle avait tellement attendu ce moment durant ces neuf mois de grossesse et en particulier durant ce dernier mois, qu’elle n’arriva pas à retrouver le sommeil. Elle se leva lentement, en prenant garde de ne pas réveiller son mari et se rendit à la cuisine où elle se prépara un café. «  Et, voilà, ça se reproduit !  »… «  Sans doute que c’est une contraction !  »

Elle essaya de s’appuyer sur l’encadrement de la porte de façon à exercer une pression sur son dos. La douleur diminua… «  Alors peut-être que ce n’était pas ça ?  »…

«  Est-ce que je téléphone à maman ? Non, ce serait dommage de la réveiller pour rien… alors, à l’assistante en accouchement ? Non, peut-être que c’est encore trop tôt  ».

Elle prit en main un livre de Téhilim et commença à dire un Psaume. Et puis… de nouveau ! La douleur l’enveloppa. «  J’ai intérêt à noter la durée exacte de chaque contraction et de chaque intervalle  » se dit-elle en se rappelant soudainement les cours qu’elle avait suivis.

Celle qui leur avait transmis le cours avait précisé que pour un premier accouchement, il fallait se rendre à l’hôpital lorsque l’intervalle entre les contractions était de 3 ou 4 minutes et que la durée de chaque contraction était d'environ 50 à 60 secondes et que ce processus avait débuté depuis au moins une heure.

Dina s’assit pour écrire :

3h24 une contraction de 50 secondes

3h30 une contraction de 60 secondes

3h37 une contraction de 45 secondes

3h43 une contraction de 55 secondes

À ce moment, elle abandonna son stylo et sentit qu’elle n’en pouvait plus. «  Il faut que je mette quelqu’un au courant  » se dit-elle, et elle composa le numéro de l’assistante en accouchement. Celle-ci lui demanda si elle ressentait les mouvements du bébé, si elle avait perdu les eaux, et lui posa encore un certain nombre de questions. Elle l’enjoint à prendre une douche pendant 10 à 15 minutes, puis de se recoucher et d’essayer de se rendormir.

«  Il est fort probable que tu ne te trouves pas encore dans la phase active et les contractions vont s’affaiblir ou s’arrêter. Ton sommeil est primordial. Plus tu auras des forces au moment d’accoucher, plus tu seras en mesure de surmonter les contractions facilement. C’est une bonne chose que tu n’aies pas réveillé ton mari, car lui aussi aura besoin de force pour la suite des évènements !  »

Dina, en effet, réussit à s’endormir pour deux heures supplémentaires, jusqu’à ce que de fortes contractions qui ne laissaient aucune place au doute, la réveillent et la poussent en panique vers l’hôpital où elle arriva juste au bon moment.