A l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès) de notre maître le "Saba de Slabodka", l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours. Celui qui parle du Tsadik de jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod Rav Finkel, zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israël, Amen !

Rabbi Nathan Tsvi naquit en 1849 à Rassin, en Lituanie. Très jeune, il devint orphelin de père et de mère et fut élevé par son oncle qui habitait Vilna. A 15 ans, il se maria avec la petite-fille du Rav Eliézer Gutman, Rav de Kelm.

Les premières années de son mariage, Rabbi Nathan Tsvi fut pris en charge par son beau-père. Rapidement, il devint célèbre pour ses connaissances en Torah et pour sa conception de pensée originale. De temps à autre, il se rendait dans les villes voisines pour y dispenser des cours en public. Lors de ses nombreux déplacements, il passa également par sa ville natale, Rassin. Le Rav de cette ville, Rabbi Alexandre Moché Lapidot qui était sympathisant du mouvement du Moussar, fut très impressionné par ce jeune Rav. Il confia à Rav Nathan Tsvi une lettre à transmettre à Rabbi Sim'ha Zissel Ziv, le "Sabba de Kelem", dans laquelle il lui demandait de veiller au jeune Rav prometteur. Rabbi Nathan Tsvi qui ignorait le contenu de cette lettre, la remit au Rabbi Sim'ha Zissel, et ce dernier commença à le suivre de près et à le guider dans la voie de l'école du Moussar.

A Kelem, il fut réputé pour être très influent sur son entourage et, par conséquent, de nombreuses personnes se rapprochèrent du mouvement de Moussar.

Après la fermeture du "Beth Hatalmud" de Kelem en 1876, Rabbi Nathan Tsvi s'installa d'abord dans le village de Grobin, avec son maître, le Rav Sim'ha Zissel. Ensemble, ils dirigèrent le "Beth Hamoussar". Mais, vu que les deux Rabbanim ne partageaient pas les mêmes idées, Rav Nathan Tsvi quitta assez rapidement Grobin pour s'installer dans le village de Slabodka situé à la périphérie de Kovna. Là, au cours des années 1876-1877, il fonda la Yéchiva de Slabodka nommée "Knesset Israël", qui fut conçue au départ en tant que Kollel.

Du point de vue financier, la Yéchiva fonctionnait grâce aux fonds d'Ovadia La'hman de Berlin destinés à soutenir les Yéchivot.

De 1877 à 1882, Rabbi Nathan Tsvi contribua à ériger et à consolider un bon nombre de Yéchivot situées à Kovna, Slabodka et Telz.

L'année 1882 a marqué le début de la fondation de la grande Yéchiva de Slabodka. Pour cette institution que Rabbi Nathan Tsvi dirigea pendant 45 ans, il s'y investit corps et âme. C'est à travers elle que son image d'éducateur et de penseur se forgea.

A la Yéchiva de Slabodka, Rabbi Nathan Tsvi choisit les meilleurs Talmidé 'Hakhamim de Lituanie pour occuper les postes d'enseignants et de références morales pour les élèves. Durant les premières années d'existence de la Yéchiva, il y eut Rabbi Its'hak Blazer, Rabbi Avraham Aharon Borstein de Teberig ainsi que Rabbi Its'hak Rabinowitz de Poniovitz.

Après que Rabbi Its'hak de Poniovitz ait quitté Slabodka, Rabbi Nathan Tsvi désigna le Rav Moché Mordékhaï Epstein et le Rav Isser Zalman Meltzer (qui fut plus tard le Roch Yéchiva de Ets 'Haïm à Jérusalem) pour diriger la Yéchiva, et le Rav Nathan Tsvi occupait le poste de Machgia'h (directeur spirituel), et représentait le modèle de référence en termes d'éthique et de pédagogie.

En 1897, Rav Nathan Tsvi ouvrit une nouvelle Yéchiva à Sloutsk, il y envoya une partie des élèves de Slabodka et il la plaça sous la direction du Rav Isser Zalman Meltzer tandis que Rav Moché Mordékhaï Epstein continua à diriger Slabodka.

En 1924, la Yéchiva de Slabodka faillit fermer ses portes. En effet, la loi lituanienne stipulait que, désormais, toute Yéchiva qui n’inclurait pas d'études profanes dans son programme, ne serait plus reconnue par le gouvernement et ses élèves seraient enrôlés à l'armée. Alors que certaines Yéchivot avaient accepté de se soumettre à la nouvelle loi, Rabbi Nathan Tsvi s'y opposa catégoriquement. Après que certains élèves furent convoqués à l'armée, Rabbi Nathan Tsvi décida de faire déménager sa Yéchiva en Israël.

Durant les années 1924 et 1925, les élèves de la Yéchiva et leurs Rabbanim montèrent en Israël, et Rabbi Nathan Tsvi se tenait à leur tête. Il installa sa Yéchiva à 'Hévron, puis elle déménagea à Bné Brak et elle s'y trouve aujourd'hui encore.

Malgré son âge avancé et sa faiblesse, Rabbi Nathan Tsvi investit toutes ses forces et toute son énergie pour diriger la Yéchiva à 'Hévron. Peu de temps après avoir fait son Aliyah, il perdit son fils Moché qui mourut subitement. A la fin de l'année 1926, il dut quitter 'Hévron en raison des basses températures dont il souffrait et il s'installa à Tel Aviv. Son état de santé continua à se détériorer et, le 29 Chevat 1927, il mourut à Jérusalem.
 

Son approche éthique et pédagogique

L'approche de Slabodka s'inspirait de l'esprit du Beth Hamidrach de Kelem. Alors qu'à Kelem, l'on mettait l'accent sur une éducation exigeante et une discipline très stricte, à Slabodka, l'atmosphère était plus nuancée et l'on mettait en avant le soin constant de la reconnaissance intellectuelle et morale.

A l'époque de Slabodka, il y eut parallèlement deux courants de Moussar qui coexistaient, celui de Slabodka et celui de Novardok. La politique de Novardok consistait à éduquer les élèves au mépris de l'opinion publique et à agir uniquement selon les préceptes halakhiques et le Moussar. A Slabodka, la devise était le travail de raffinement des Midot basé sur la prise de conscience et le rehaussement de l'estime de soi.

Par ailleurs, la conception de l'éducation de Rabbi Nathan Tsvi était différente de celle de l'école de Kelem. Pour celle-ci, l'élève devait être éduqué sur la voie du progrès graduel et continu en s'améliorant pas à pas. Tandis que pour Rabbi Nathan Tsvi, il fallait, depuis le début du parcours de l'élève, exposer les aspirations les plus élevées possibles. Pour lui, ce n'est qu'en visant "très haut" que l'élève pourra être motivé à grandir et à s'élever.

Rabbi Nathan Tsvi pensait que, plutôt d'insister sur la petitesse de l'homme vis-à-vis de Son Créateur, il faudrait mettre l'accent sur l'importance de l'homme qui, parmi toutes les créatures, a été choisi pour servir Son Créateur et accomplir la Volonté Divine. Cette approche a été largement diffusée et s'intitule "Gadlout Haadam" – "la grandeur de l'homme".

A Slabodka, l'on mettait en exergue le fait que l'homme est la couronne de la création, c'est lui qui a le privilège d'accomplir la Volonté d'Hachem. De ce fait, il doit être digne de cette noble mission et se comporter à la hauteur de celui qui sert le roi. A Slabodka, l'on veillait à avoir une tenue soignée et impeccable. Les élèves de Slabodka étaient connus pour être rasés, vêtus de costumes clairs, portant des chapeaux de paille et équipés de cannes… ce qui correspondait à l'apparence des étudiants de l'époque.

Cliquez-ici pour demander une bénédiction en l'honneur de Rav Nathan Tsvi FINKEL