"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, juillet 08, 2007

INTERVIEW
diasporablogj
de...

GAD ABITAN,
Critique de cinéma
à L'ARCHE


LE CINEMA ISRAELIEN
SOUS LES FEUX DE LA RAMPE


Le cinéma israélien est en plein essor. Un public de plus en plus nombreux et une critique internationale entièrement acquise à sa cause. Etrange paradoxe. Israël est à la fois la cible de tous les maux de la terre sur le plan politique et salué pour la force de sa démocratie, la vitalité de sa culture, le dynamisme de son cinéma.
Du jamais vu! Au lendemain de la fête cannoise, l
es exploitants français des salles de cinéma ont fait circuler, dans l'Hexagone, pas moins de trois films estampillés ISRAEL, en l'espace d'un mois.Un record! Rappelons-les pour mémoire et pour vous inviter à remplir les salles où ces films sont programmés : "TEHILIM" de Raphaël Nedjar, "LA PETITE AMIE D'EMILE" de Nadav Lapid et le dernier qui vient de sortir et qui fait un tabac dans la presse "THE BUBBLE" d'Eytan Fox (le réalisateur de l'excellent"TU MARCHERAS SUR L'EAU"). La distribution en France de la Caméra d'Or du Festival de Cannes de cette année "LES MEDUSES" d'Etgar Keret et Shira Geffen est annoncée pour le 5 septembre.

Une telle effervescense autour du cinéma israélien méritait des explications. Nous les avons demandées à l'un des meilleurs connaisseurs en la matière, Gad Abitan.
Gad Abitan est connu des lecteurs du mensuel de la communauté juive L'ARCHE où il signe chaque mois les critiques de films. Il se consacre actuellement à l'écriture de scénarios et au développement de projets de films documentaires. Il vient de se voir attribuer une bourse par le Centre National du Livre pour l'écriture d'un livre sur le cinéma israélien. Cet ouvrage attend d'être édité. B. K.


Une caméra d'Or cette année au Festival de Cannes. Trois films en l'espace d'un mois à l'assaut du public français, dont le dernier THE BUBBLE d'Eytan Fox (« TU MARCHERAS SUR L'EAU ») qui sort ce mercredi. On n'a jamais vu un cinéma israélien aussi présent. sur les écrans. Comment expliquez-vous l'intérêt du public pour ce cinéma ? Selon vous qu'est-ce qui fait son succès ?

Gad Abitan : C'est la seconde fois qu'un film israélien est récompensé par la Caméra d'Or à Cannes. Le premier, MON TRESOR de Kener Yedaya en 2004 a été un évènement marquant pour le cinéma israélien encouragé à plus d'audace et de rigueur dans ses choix artistiques. Les MEDUSES confirme l'impressionnant succès que remporte le cinéma à l'étranger. En effet, l'intérêt du public pour le cinéma israélien a pour épicentre les Festivals où ils sont depuis plusieurs années invités et souvent primés, que ce soit à Cannes, Berlin , Sundance , Montreal ou, pour les moins connus, Montpellier !. C'est d'abord l'engouement des distributeurs qui entraîne l'intérêt du public. Rappelons les succès des films comme LA VIE SELON AGFA de Assi Dayan, KADOSH de Amos Gitai ou MARIAGE TARDIF de Dover Kosashvilli. . Ces films pour la plupart soutenus dans leur distribution en France, par le Centre National du Cinéma, ont un public de base, un public acquis. Les distributeurs le savent bien. Il s'agit du public juif, avide de films parlant en hébreu, avide de tout produit provenant d'Israël et qui souvent sort déçu de la projection. Comme se pourrait être le cas du film de Eytan fox relatant une relation amoureuse entre un israélien et un palestinien futur kamikaze. Autre explication à ce phénomène, c'est ce regard qu'ont les cinéastes israéliens sur leur société qui donne d'Israël une image inhabituelle, différente de ce que nous montre les médias audio-visuels. On découvre un autre visage d'Israël, plus complexe, plus humain et moins stéréotypé. C'est ce que recherchent les professionnels du cinéma, mais aussi une partie du public qui fait le succès de ce cinéma.



D'un côté l'image d'un pays fort contesté, de l'autre un cinéma en plein essor qui attire un public de plus en plus large. N'y a-t-il pas là un paradoxe ?

G. A : C'est tout le contraire du paradoxe justement. Un pays fortement contesté par les images plates, uniformes que projète la Télé à travers le monde, révèle subitement un cinéma tourné vers les réalités d'une société attachante, multiple, et donne de cette société une vraie dimension humaine dans toute sa complexité. Le public de ces films est attiré par tout ce que les médias ne veulent pas montrer ou ne peuvent leur donner, c'est-à-dire l'image tridimensionnelle profonde de l'individu israélien.



Le conflit israélo-palestinien a été longtemps au cour même de nombreux films israéliens, Cette fois, comme l'attestent les réalisations les plus récentes, on observe un certain recul de la part des cinéastes israéliens sur ce sujet. Le conflit ne passe plus qu'en arrière-plan. Quelle signification donnez-vous à cette évolution ? Faut-il voir là une rupture entre l'intellectuel israélien et le politique ? Chacun sa sphère de compétence en somme.

G. A : Le thème du conflit israélo-palestinien n'est pas abandonné. Il taraude toujours autant les cinéaste israéliens qu toute la société. La preuve THE BUBBLE. La preuve : les films d'Amos Gitaï, son dernier film FREE ZONE, ainsi que son court métrage participant AU FILM au film hommage du 60éme anniversaire de Cannes diffusé également sur ARTE. On peut voir BEAUFORT où le conflit avec le Liban est abordé ou LA VISITE DE LA FANFARE en ce qui concerne la paix un peu froide ou hésitante avec l'Egypte. En compétition au festival de jérusaleme, LES ETRANGERS, film franco-israélien de Erez Padmor et Guy Nattiv, qui se déroule à Berlin et à Paris sur la relation entre une palestinienne et un israélien, s'inscrit aussi dans ce courant-là. Même si on note dU recul, ce thème reste encore très présent dans le cinéma israélien actuel. Par contre, Non, on ne peut pas dire qu'il y rupture entre les intellectuels israéliens et le politique. Plus que partout ailleurs ils sont complètement engagés, impliqués dans la sphère politique. Et d'ailleurs, l'israélien est, par essence, politique. L'un est indissociable de l'autre. Il ne peut pas se satisfaire de la neutralité.



Comment définiriez-vous ce cinéma ? Y a-t-il une école israélienne du cinéma ? Une marque particulière reconnaissable comme on reconnaît le cinéma américain ou français ?


G. A. : C'est difficile de définir le cinéma israélien. On pourrait dire qu'il y a autant d'écoles de cinéma que de cinéastes en Israël où les vraies écoles de cinéma se sont multipliées ces dernières années comme des champignons après la pluie. Chacune avec son influence et sa conception du cinéma. Mais on ne peut parler de quelque courant ou vision cinématographique typiquement israélien, le cinéma israélien étant, en réalité, le reflet de celui qui le fait. C'est un cinéma individuel, qui évolue selon ses envies, ses habitudes, ses cultures. Il peut aussi se définir par la simplicité des scénarii qu'il traite avec des moyens limités et une technicité sans esbroufe et sans jamais essayer de concurrencer les grosses productions américaines ou européennes. On réalise des films avec les moyens du bord, certains tournés en vidéo.En ce qui concerne les références des cinéastes, elles sont peu visibles. En tout état de cause, ils y font peu d'allusions. On commence à peine à reconnaître l'influence du cinéma israélien de divertissement des années 60 - 70 sur la nouvelle génération des réalisateurs israéliens à travers des clins d'oeil et des hommages comme dans le film de R. Alexandrovitz « Le Voyage de James à Jérusalem, ironique rappel du Salah Shabati d'Ephraim Kishon.



Vous qui connaissez bien et le cinéma israélien et le public israélien, quel lien existe-t-il entre ces deux axes ? Le public israélien aime-t-il son cinéma ? Le public israélien le défend-il ?

G. A. : Longtemps le cinéma israélien a été boudé par son public qui est l'un des plus cinéphiles au monde (en 64, le film de Kishon est vu par 2000 000 spectateurs, ce qui correspond à près de la moitié de la population de l'époque !). Malheureusement, le spectateur est plutôt attiré vers le cinéma hollywoodien. Le conflit israélo-palestinien ou israélo-arabe a tendance à le faire fuir des salles, surtout à la fin des années 80 lorsque ce thème était devenu presque une sorte d'obsession des cinéastes. Aujourd'hui, le public semble repris confiance en son cinéma car il se reconnaît mieux dans les films qui lui sont proposés : AU BOUT DU MONDE A GAUCHE de Avi Nesher vend plus de 650000 billets, alors que sa distribution en France, il y a deux ans, a été un échec flagrant.
En Israël, les meilleurs comédiens deviennent vite des stars, ce qui ajoute à la popularité des films nationaux et améliore leur diffusion. On peut aussi mettre cette évolution sur le compte du FILM FOUND, l'équivalent du Centre National du Cinéma en France, qui a beaucoup fait pour la promotion du cinéma israélien, à l'intérieur du pays (projections et débats dans les écoles ou dans les bases militaires) comme à l'extérieur, dans les festivals et l'encouragement à la co-production dont une majeure partie avec la France. Et là, il faut rendre un hommage particulier à Katriel Schrory et à David Lipkind, son adjoint, pour le travail de fond qu'ils ont accompli depuis de nombreuses années. Les graines qu'ils ont semées commencent à porter leurs fruits. Un juste hommage leur sera consacré au prochain Festival de Jérusalem.



Le cinéma israélien vous paraît-il être le meilleur ambassadeur pour l'image d'Israël à travers le monde ?

Très certainement ! Les Israéliens ont compris cela récemment, notamment grâce à l'avènement d'Amos Gitaï et à son cinéma critique des institutions et vis-à-vis de la politique gouvernementale dans les territoires. Les Israéliens ont su donner libre cours à l'esprit d'indépendance de ce cinéma. Il y a dans ce cinéma une vérité qui ne trompe pas. C'est la raison pour laquelle le cinéma israélien d'aujourd'hui est le garant le plus sûr pour l'image d'Israël (même si certains cinéastes donnent l'impression d'exagérer volontairement leurs revendications). Son meilleur ambassadeur, bien plus que certains dont c'est le métier, et qui sont trop bien payés pour, très souvent, le mal faire. Le cinéma israélien a su montrer avec force son sens du courage, son authenticité, sa liberté de ton. Surpris, les gens à l'extérieur en ont été, par contre coup, fort impressionnés.


Propos recueillis
par Bernard Koch

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