Cette question implique que la prière soit uniquement l'expression de sentiments, et rien d'autre. A partir de ce présupposé, n'importe qui peut construire des « relations personnelles » avec son Père dans le ciel.

Si ce substitut à la prière traditionnelle présente un certain intérêt, qu'il est important en soi et a même une certaine valeur face au Ciel, il ne peut pour autant remplacer complètement le rituel fixé par nos Sages.

En effet, ce rituel a été instauré par les membres de la Grande Assemblée. A l'époque, la prophétie était encore active en Israël, et le texte a été écrit selon des règles mystiques permettant qu'il "fonctionne" et soit agréé par D.ieu. Ce texte a été préservé par toutes les générations depuis lors, et est devenu LA référence pour s'adresser à D.ieu. Rien ne peut se substituer à ce rituel établi. Le remplacer reviendrait à agir comme un homme pour qui il est difficile de respecter le Chabbath, et qui choisirait d'observer à la place du repos hebdomadaire le jeûne de Guédalia... Ces deux évènements ont chacun leur valeur propre, mais pour autant l'un n'est pas substituable à l'autre.

Certes la prière personnelle a une grande valeur ; il est même souhaitable de l'ajouter dans la bénédiction de la 'Amida « Chéma' Kolénou » ou après avoir récité le paragraphe « Elokay Netsor ». En fait, on peut réciter à tout moment une prière personnelle, mais le rituel fixé et consacré reste obligatoire.

Il convient de souligner que cette question implique que la prière soit uniquement l'expression de sentiments, et rien d'autre. A partir de ce présupposé, n'importe qui peut construire des « relations personnelles » avec son Père dans le ciel.

Bien que, comme dit plus haut, cette supplique personnelle soit tout à fait bienvenue, elle ne recouvre toutefois pas toutes les dimensions du rituel.

D.ieu est grand et supérieur ; nous sommes incapables de comprendre Sa nature et Ses décisions. La Kabbala et l'étude du Sod (secret) renferment les clefs permettant de nous tourner vers le Créateur et de savoir quoi dire dans notre prière, ainsi que quand et comment. Notre rituel de prière établi, qui fait partie de la Torah orale, inclut ces secrets qui nous sont inaccessibles. La clé du cœur ainsi que la « clé des Portes du Ciel » sont comprises dans le rituel que nous avons hérité des membres de la Grande Assemblée.

Le monde repose sur trois piliers : la Torah, le service divin et la charité. La prière est la matérialisation du pilier du service divin, ce pilier incluant la façon dont nous nous adressons au Créateur, dont nous pénétrons dans Son sanctuaire. De la même façon que l'homme se rend compte qu'il ne peut pas écrire sa propre Torah, il doit comprendre qu'il ne peut pas déterminer par lui-même le service divin, qui est la prière. Elle a été définie par des Sages ayant reçu la Kabbala des générations antérieures porteuses de la tradition de la prière dans son moindre détail, et qui nous ont légué la version dont nous disposons.

Il est important d'ajouter que l'on peut tout à fait s'approprier le texte de la prière établie en son for intérieur. Si une personne prie avec conviction et recueillement, qu'elle s'attache à la signification et à la profondeur des mots qu'elle prononce, elle leur trouvera progressivement une signification particulière. Ce faisant, elle méritera de réciter ce rituel du fond de son cœur et de ressentir profondément le sens de chaque mot de la prière comme l'ont fait de nombreuses générations avant elle.