jeudi 5 mai 2016

Les jeunes juifs belges quittent leur pays natal à cause de l'antisémitisme


Cnaan Liphshiz @ The Times of Israel:


Tuerie au Musée luif de Bruxelles
A l’heure du repas de Pessah, il est frappant de constater que de plus en plus de Juifs belges quittent leur pays natal à cause de l’antisémitisme.

Je me sentais nerveux de venir à Bruxelles pour le séder en famille.  Faire le voyage depuis chez moi jusqu’à Amsterdam signifiait faire prendre à mon fils de 5 mois un train dans lequel, l’année dernière, une attaque djihadiste avait échoué, et aller dans une ville encore sous le choc et en état d’alerte depuis les attentats à la bombe du 22 mars qui ont tué 32 personnes.

[...]  Le « Echad Mi Yodea » de ma famille de cette année n’était que l’ombre de lui-même et je me suis rendu compte tout à coup qu’il s’agissait d’une illustration claire de l’absence de mon groupe d’âge qui, comme beaucoup de Belges juifs, ont quitté leur pays natal à cause de problèmes d’antisémitisme. Comme les années passent, nous sommes de moins en moins nombreux autour de la table du séder.

Mes proches belges ont dit au revoir à neuf jeunes fauteurs de trouble du séder au cours des 15 dernières années. Six ont intégré l’armée israélienne et ont fait leur alyah. Deux ont immigré aux Etats-Unis et un a déménagé à Londres.

Je suis venu à Bruxelles cette année parce que ce séder était une fête d’au revoir pour un deuxième cousin et sa femme, lui médecin et elle architecte, qui déménagent en Floride. Sa sœur et son mari juif belge vivent déjà là-bas.

«C’était mon dernier séder en tant qu’Européen», m’a dit son cousin Marc (ce n’est pas son vrai nom) au téléphone. Nous avons parlé en hébreu, une langue apprise par tous mes proches belges de mon âge sur l’insistance de mes tantes et oncles qui sont nés de survivants de l’Holocauste et qui ont toujours considéré l’alyah comme un plan de secours au cas où les choses tourneraient mal en Belgique.  «Je veux que vous soyez là-bas pour vous libérer de l’esclavage et obtenir la liberté», a déclaré Marc.

Il est préoccupé par le futur de ses deux enfants dans un pays où les écoles juives sont sous haute protection militaire et où les étudiants juifs sont forcés de quitter les écoles publiques à cause de pressions antisémites.  «Les choses vont mal et je veux un futur meilleur pour mes enfants», m’a-t-il dit.

J’ai demandé à Joël Rubinfeld, le fondateur de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA) et ancien président du groupe CCOJB des communautés belges juives francophones, si ma famille était une exception lorsqu’il s’agit de la volonté d’émigrer.

«J’ai bien peur que non, a-t-il déclaré. C’est le début d’un processus d’émigration. Notre seule perception sur ce phénomène est à travers l’alyah, ce qui nous donne un regard très partiel dans une communauté avec des membres très éduqués qui peuvent aller vivre n’importe où en Europe et qui ont peu de mal à obtenir des visas pour aller aux Etats-Unis, au Canada et en Australie».

En 2014, Rubinfeld a averti que la communauté belge juive était affectée par un exode à cause de l’antisémitisme.

L’année dernière, 287 Juifs ont immigré en Israël de la Belgique qui compte une population juive d’environ 40 000 personnes. C’était le chiffre le plus important de ces 10 dernières années.

De 2010 à 2015, environ 234 Juifs belges ont fait leur alyah chaque année, une hausse de 56 % par rapport à la moyenne annuelle de 133 nouvelles arrivées depuis la Belgique entre 2005 et 2009, selon les données du gouvernement israélien.

Contrairement aux Juifs français, qui ont tendance à parler uniquement leur langue maternelle, les Juifs belges parlent couramment deux ou trois langues. Cela signifie que les Juifs belges ont plus de facilité que leurs voisins français à immigrer vers d’autres destinations qu’Israël.

Linda, la sœur de Marc, a déménagé à Londres et a eu deux enfants avec son mari né en Israël. Elle veut quitter la Grande-Bretagne pour la Floride parce qu’elle ne sent plus en sécurité au Royaume-Uni.

«L’Europe est condamnée. Les méchants ont gagné, a-t-elle déclaré. Je ne vais pas éduquer mes enfants dans la peur simplement par principe». 

Son père est un avocat né français et qui a été élevé comme catholique par sa mère, une survivante de l’Holocauste, avant de se rapprocher de ses racines juives.

Il m’a dit que son sentiment de sécurité personnelle à Bruxelles a été définitivement mis en miettes après que des cambrioleurs sont entrés dans sa maison il y a quelques années, l’ont attaché avec sa femme, et l’ont battu avant de voler le couple.

«Nous avons peut-être été choisis par les cambrioleurs parce que nous sommes Juifs, mais à ce stade, est-ce vraiment important ? Cela change complètement votre sentiment lorsque vous marchez dans la rue», a-t-il dit. Lui et sa femme se préparent à rejoindre leurs deux enfants en Floride.


Lire l'intégralité de l'article.

Aucun commentaire :