La paracha Ekev nous dit : « Tu sauras dans ton cœur que de la même façon qu’un père punit son fils, Hachem te punit. »[1]

Dans cette courte phrase, la Thora nous enseigne le principe de base du Bita’hon ; de la même façon qu’un père punit son enfant par amour, pour son bien, il en est de même en ce qui concerne les sanctions infligées par Hachem ; elles nous sont envoyées parce qu’Il nous aime et désire notre bien. Quand une personne se trouve dans une situation douloureuse ou difficile, elle doit réaliser que cela vise son bien.

Nous tirons une autre leçon vitale de la comparaison d’Hachem à un père. Un bon parent punit son enfant de manière à ce que ce dernier puisse apprendre de son erreur et améliorer son comportement. Si le fils continue à mal se comporter, même après la sanction, l’objectif du père n’est pas atteint. Ainsi, quand Hachem nous punit, Il désire, dans la plupart des cas, nous montrer que nous devons nous améliorer dans un certain domaine.[2] Cette idée n’est certes pas nouvelle pour la plupart d’entre nous, mais elle est souvent trop vague et pas assez concrète – quand de « mauvaises choses » arrivent, il nous faut faire Téchouva.

Nous allons donc éclaircir le rôle des « Yissourim », avec l’espoir que cela nous permettra de les utiliser au mieux.

Le Machguia’h de Slabodka, Rav Avraham Grodzinski zatsal développe longuement ce sujet dans son ouvrage Torat Avraham[3]. Il écrit que le but principal de la prophétie était de notifier au peuple ses erreurs. Même quand ils ne faisaient apparemment rien de mal, le prophète « creusait » dans les cœurs des Bné Israël et décelait domaine qui leur faisait défaut.

Comment Hachem communique-t-Il avec nous pour nous dire ce qui ne va pas, à l’époque post-prophétique ? Il répond que les « Yissourim » remplacent la Névoua. Quand une personne souffre, peu importe l’ampleur de sa douleur, Hachem lui véhicule le message qu’elle doit s’élever. Les épreuves sont donc un cadeau extraordinaire – elles nous offrent l’opportunité de nous amender.

Nous pouvons soulever une question évidente. Comment peut-on savoir quel message Hachem veut nous transmettre à travers les Yissourim ? Bien sûr, il est impossible de le déterminer avec certitude, mais le Torat Avraham rapporte un principe de ’Hazal selon lequel Hachem punit l’individu Mida Kénégued Mida pour ses péchés. Par exemple, la Michna dans Sota nous raconte que Chimchon fauta avec son regard et par conséquent, les Pélichtim lui crevèrent les yeux ; Avchalom s’enorgueillissait de sa belle chevelure et ce fut ses cheveux qui entraînèrent sa mort, lorsqu’ils s’entremêlèrent dans les branches d’un arbre[4].

Il est donc recommandé de rechercher une raison quelque peu liée à la douleur subie. Si, par exemple, quelqu’un souffre de douleurs buccales, il peut se demander en premier lieu s’il a transgressé un interdit lié à la parole.

Notons qu’il est plus important de se mettre à la recherche d’un point faible que de trouver la Avéra concrètement commise. Dans l’exemple ci-dessus, si la douleur buccale résulte d’un mensonge, mais que la personne s’efforce de dire moins de Lachone Hara, elle aura atteint l’objectif principal de l’épreuve : tâcher de s’améliorer.

On a naturellement tendance à rechercher toutes sortes de Ségoulot (remèdes spirituels) pour mettre fin à la difficulté. Hachem n’envoie pas des Yissourim pour que nous trouvions une Ségoula appropriée (bien que ce soit un moyen efficace pour neutraliser l’épreuve), mais Il veut plutôt que nous en grandissions. Cela ne signifie pas que toutes les Ségoulot sont négatives, mais elles ne constituent pas l’objectif du Nissayone.[5]

Il existe une autre réaction face aux épreuves, c’est la politique de l’autruche, en attendant que la douleur passe et que l’on puisse reprendre une vie normale. On se résigne à accepter que cela provienne d’Hachem, mais on attend malgré tout la fin pour poursuivre la routine. C’est compréhensible, mais de la même manière qu’un père ne veut pas que son fils se morfonde et broie du noir à cause de la sanction, Hachem aussi ne souhaite pas que nous attendions simplement que l’épreuve passe.

Les difficultés peuvent nous aider à grandir dans notre Avodat Hachem. Par exemple, les prières d’un homme sont bien plus efficaces quand il ressent un réel besoin que quand tout va bien. Les plus célèbres ouvrages de nos Rabbanim furent, pour la plupart, écrits à des époques de grandes souffrances. Ce n’est pas une coïncidence ; quand quelqu’un est privé de confort physique, son seul refuge est la Rou’haniout (la spiritualité), donc quand nos illustres ancêtres ont souffert de pauvreté ou d’oppressions, leur étude de la Torah connut son apogée.

L’amour d’Hachem à notre égard est plus fort que celui d’un père pour son enfant. Quand Il juge nécessaire de nous envoyer des Yissourim, nous ne comprenons souvent pas pourquoi nous méritons un tel revers. Il se peut que nous n’ayons jamais de réponse à nos interrogations dans le Olam Hazé, mais une chose est sûre, Hachem communique avec nous, Il veut que nous entendions Sa « voix » à travers les difficultés et que nous les utilisions pour nous rapprocher de Lui.



[1] Parachat Ekev, Dévarim, 8:5.

[2] Inutile de préciser que quand quelqu’un souffre, son entourage ne doit pas se concentrer et mettre en évidence la raison de sa punition (ce qui serait une transgression de Onaat Dévarim, selon les décisionnaires), mais plutôt le réconforter et l’encourager le plus possible. L’attitude développée ici est celle que doit adopter la personne devant ses propres gageures.

[3] Torat Avraham, p. 14-26. Il était le beau-père de Rav Wolbe zatsal et de Rav Kreiswert zatsal et le beau-frère de Rav Yaakov Kamenetsky zatsal. Il écrivit ce livre quand il vivait en Europe, quand Hitler était au pouvoir. Il fut tué par les nazis.

[4] Sota, 9b.

[5] C’est le cas également des bénédictions que l’on demande aux Guédolim. Bien que ce soit parfaitement acceptable, cela ne doit pas distraire la personne de l’objectif principal des Yissourim.