Rabbi Moché Maïmonide, le célèbre Rambam, a été l’un des plus remarquables Juifs de tous les temps. Il est l’auteur de nombreux livres où il explique les lois et la philosophie de la Torah. Il était non seulement tenu en haute estime dans le monde juif, mais également respecté en tant que médecin, philosophe et scientifique.

Le Rambam est né à Cordoue, en Espagne, et s’est installé en Egypte lorsqu’il était jeune homme avec sa famille. Ne voulant pas accepter de rémunération pour son travail en tant qu’érudit, il se consacra à la médecine pour subvenir aux besoins de sa famille. Le Rambam atteignit le sommet de sa réputation professionnelle de médecin lorsqu’il fut nommé par le personnel de la cour de Saladin comme médecin de la famille royale. Sa réputation s’étendit au point que le Roi Richard Cœur de Lion lui offrit le poste de médecin privé.

Lorsque le Rambam sentit sa fin venir, il ordonna à sa famille de l’enterrer en Terre sainte. Le 20 Tévet, à l’âge de 69 ans, le Rambam décéda. En Egypte, où il avait été grand-rabbin, il fut pleuré par les Juifs ainsi que les Musulmans. En Terre sainte et dans le reste du monde, où le Rambam avait été un guide et un mentor pour le monde juif, sa mémoire a été honorée par des offices particuliers et des jeûnes.

On raconte l’histoire suivante sur la manière dont son lieu de sépulture a été fixé : des Juifs du monde entier se réunirent en Egypte pour assister aux funérailles du Rambam. Une fois la procession finie, une discussion éclata pour savoir où l’enterrer. Le Rambam avait demandé à être enterré en Terre sainte, sans plus de précision, sans mentionner de ville ou de site particulier.

Des représentants de différentes villes de la Terre sainte se présentèrent. De Jérusalem, arriva la requête qu’il soit enterré au mont des Oliviers. Des représentants de ‘Hévron déclarèrent que le Rambam devait être inhumé dans la même ville que les Patriarches et les Matriarches. Un représentant de Méron prétendit que puisque le mystique Rabbi Chimon Bar Yo’haï était inhumé dans leur ville, c’était l’endroit qui convenait au Rambam. Des délégués d’autres villes de la Terre sainte firent également valoir leurs revendications. Privés de solution, tous acceptèrent de conduire le cercueil vers les frontières d’Israël, espérant qu’en chemin, ils puissent trouver une solution.

Le cercueil fut placé sur un robuste chameau et avança vers la Terre sainte. L’une des parties les plus difficiles et dangereuses du voyage dans le désert n’était pas nécessairement le manque d’eau, ni les tempêtes de sable. C’était la peur constante d’être attaqué par les nombreux groupes de voleurs de grand chemin qui attaquaient les voyageurs innocents en les dévalisant de tous leurs biens.

Alors qu’il commençait à faire sombre, le rythme de la caravane s’accéléra. Tout le monde espérait pouvoir trouver un lieu sûr pour camper la nuit. Leurs craintes étaient fondées, puisqu’en peu de temps, le son du galop de chevaux se fit entendre. « Nous sommes attaqués ! » s’écria l’un des leaders de la caravane. Un grand nombre de voyageurs paniqua et s’éparpilla dans différentes directions. Quelques-uns parmi les plus courageux restèrent à côté du cercueil pour le protéger. Mais ils furent également saisis d’effroi lorsque le gang des bandits pervers se mit à les attaquer.

Les bandits s’approchèrent avec enthousiasme du chameau portant la grande boîte. Ils étaient persuadés que cette boîte contenait un immense trésor, s’il était si bien gardé. Mais malgré leurs efforts, ils ne parvinrent pas à s’en emparer.

« Attrape les rênes du chameau, hurla le chef de la bande, nous allons l’emporter avec nous. » Mais leurs efforts furent infructueux. Ils tentèrent tout leur possible pour faire avancer l’animal, qui refusait pourtant de bouger.

« Ouvrez la boîte », ordonna le chef à ses subalternes. L’un des gangsters commença à forcer l’ouverture du couvercle. « Il y a un corps dans cette boîte ! » hurla-t-il, tout en prenant ses jambes à son cou. Les autres bandits furent également pris de panique à la pensée d’un corps mort, et s’empressèrent de quitter les lieux.

Constatant que les bandits avaient déserté les lieux, les accompagnateurs de la caravane avancèrent à pas mesurés en direction du chameau. Mais à leur grande surprise, le chameau commença à avancer de manière déterminée, comme s’il avait une destination particulière en tête. Le chef de la caravane mit en garde les hommes ne de pas s’approcher du chameau. « Voyons quelle direction il va prendre », leur dit-il. Quelque temps après, il était devenu évident que le chameau se dirigeait vers la Terre d’Israël.

Personne n’osait s’approcher du chameau. Les hommes suivaient à une distance respectable derrière l’animal. Ils étaient stupéfaits d’observer que le chameau poursuivait sa route en direction d’Israël. Tout le monde était certain qu’il n’y aurait plus de problème pour déterminer le lieu de sépulture du Rambam.

Après avoir franchi la frontière d’Israël, le chameau continua à avancer. Il arriva à Tibériade, au nord du pays. Il poursuivit sa route parmi les rues étroites de la ville jusqu’à ce qu’il s’arrête soudain et s’agenouille au sol.

Les accompagnateurs comprirent qu’ils devaient enterrer le Rambam en ce lieu. Ils firent descendre le cercueil du dos du chameau et le posèrent à terre. Immédiatement, ils se mirent à creuser le sol. Tous ceux qui avaient assisté à cet événement étrange étaient étonnés par ce merveilleux miracle qui s’était déroulé sous leurs yeux.

Les résidents de Tibériade édifièrent une belle structure au lieu de sépulture du Rambam. Chaque année, le jour de son décès, des milliers de fidèles venus du monde entier se rassemblent sur sa tombe. Ils aiment prier sur le tombeau de Maïmonide, fidèles à cet extrait du Talmud : « Toute personne qui prie sur la tombe d’un juste est comparée à un homme ayant prié au saint Temple. »