C’est la semaine dernière que 30 rescapés de la Shoah, résidents de Péta’h Tikva, ont enfin célébré leur Bar-Mitsva au Kotel à Jérusalem, lors d’une cérémonie émouvante aux larmes et unique en son genre.

Parmi ceux qui ont célébré leur Bar-Mitsva avec un retard de 70 ans, on compte deux hommes âgés de plus de 80 ans, Chalom Weinerman et Na’houm Gutman. « Cette cérémonie m’a énormément ému, nous confie M. Weinerman. Monter à la Torah à mon âge et m’unir au passé, en ce lieu si significatif… Nous avons observé les pierres et avons ressenti que c’était là notre place. Toutes ces choses sont ancrées en nous depuis notre enfance où on nous a inculqué à la maison des notions sur la destruction et la sainteté de Jérusalem. »

M. Weinerman est né en 1930 en Roumanie. A 12 ans, il se retrouvait orphelin, ses parents ayant péri dans les camps d’extermination nazis. Lui et sa sœur étaient les seuls survivants de la famille. « Nous avons vu la mort en face, dit-il brièvement, lorsqu’on l’interroge sur les années de la guerre. Nous nous sommes cachés dans des écuries à chevaux, sans fenêtres ni sol, remplies de poux. Et aujourd’hui, j’ai deux filles et un fils et plusieurs petits-enfants qui vivent tous en Israël », précise-t-il sur un ton ému.

Na’houm Gutman, âgé aujourd’hui de 83 ans, a « fêté » ses treize ans pendant la guerre. Il a également vu la mort pendant les années sombres en Europe. M. Gutman reçut un ordre de transfert alors qu’il était en route pour Auschwitz et fut également détenu à Bergen-Belsen et à Theresenstadt ; devant les pierres du Kotel, son sentiment d’absence se renforce. « Je n’ai pas célébré ma Bar-Mitsva à cause de la Shoah, explique-t-il. J’ai été heureux de participer à cet événement en face du lieu le plus saint du peuple juif, le Kotel. » M. Gutman, né en Hongrie, monta en Israël après la guerre avec un groupe d’enfants sauvés des établissements chrétiens d’Europe.

Cette cérémonie particulièrement émouvante s’est tenue sous la direction de Moché Faldmer, dans le cadre des actions du centre de recherche et de documentation de la Shoah de la municipalité de Péta’h Tikva. D’autres rescapés et rescapées de la Shoah y ont participé ; les hommes ont mis leurs Téfilin et sont montés à la Torah au Kotel, et à la fin de la cérémonie, tous se sont vus attribuer un certificat d’honneur.

Le maire de Péta’h Tikva, Itsh’ak Braverman, a conclu cette cérémonie en ces termes : « C’est un moment fort pour ces survivants de la Shoah et pour nous tous. Cette cérémonie qu’ils ont alors manquée est un événement à caractère spirituel. »