jeudi 16 novembre 2017

Jean-François Chemain: L’antisémitisme, c’est comme le cholestérol: il y a le "bon" et le "mauvais"

Jean-François Chemainprofesseur d'histoire en ZEP:
"L’antisémitisme, c’est comme le cholestérol: il y a le "bon" et le "mauvais". Chacun peut en effet constater que le discours antisémite est, aujourd’hui, complètement banalisé. Un grand quotidien du soir s’émouvait, pas plus tard qu’hier, de la cohabitation, au sein de la "Génération Gaza#", de "trentenaires n’ayant jamais manifesté", de "bobos muslims" et de "vieux antisémites". Touchant spectacle, en effet. Dans les dîners en ville, comme dans les salles des profs, on se lâche, ainsi qu’au bon vieux temps.

On nous ressert pourtant toujours, ad nauseam, des discours convenus sur "les heures les plus sombres de notre Histoire", l’époque de l’Occupation, de Pétain et de Xavier Vallat. Sans oublier, bien sûr, l’affaire Dreyfus… En quoi, diantre, l’antisémitisme de ces temps-là différait-il de celui du nôtre? J’interroge, naïvement, on me répond, doctement et un brin agacé: "il ne faut pas confondre antisémitisme et antisionisme!". Il y aurait donc de bonnes raisons de détester les Juifs, et de mauvaises? Que ne leur a-t-on pas reproché, aux Juifs! "Déicides" (les catholiques, jadis), "capitalistes" (l’extrême-gauche, au XIXe siècle), "apatrides" (l’extrême-droite, fin du XIXe siècle et début du XXe), "inférieurs et parasites" (les nazis), et maintenant "sionistes". Voltaire, notre icône nationale, leur attribuait tous les défauts, sauf un: "Pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas été anthropophages? C’eût été la seule chose qui eût manqué au peuple de Dieu pour être le plus abominable peuple de la terre" (Dictionnaire philosophique, article "anthropophagie")."
Source: Valeurs Actuelles

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