samedi 6 janvier 2018

Adrien Barrot: "L’antisémitisme est consubstantiellement crapuleux, prédateur, sadique et meurtrier"

Adrien Barrot, professeur de philosophie et écrivain:
"L’antisémitisme ne procède pas d’une simple et innocente erreur de jugement. C’est une construction qui répond à un besoin profond.

Si la haine des juifs invente leur nocivité, c’est bien parce qu’une telle invention permet de les transformer ouvertement en objets de toutes les prédations possibles. Il devient ainsi légitime, en premier lieu, de déposséder les juifs de leurs biens indûment acquis et d’exercer, de surcroît, sur leurs corps, la plus extrême violence: enlèvement, séquestration, rançonnement, sévices, meurtre.

Contre le mal incarné par le juif, tout est permis, dès le départ: la transgression de tous les interdits fondamentaux devient licite, pour ne pas dire prescrite. Les juifs sont élus par la haine pour que le sujet puisse satisfaire sans le moindre détour les pulsions les plus destructrices de la psyché.

Par projection, le sujet impute en réalité au juif cela même qu’il désire perpétrer et finit par s’autoriser sur lui la jouissance ordinairement interdite de l’emprise totale et de la destruction. La crapulerie n’est donc pas une composante secondaire de l’antisémitisme et moins encore lui est-elle extérieure, elle est indissociable de sa motivation la plus profonde ou, plus exactement, primaire: l’antisémitisme est consubstantiellement crapuleux, prédateur, sadique et meurtrier, c’est là une évidence documentée par une beaucoup trop longue histoire, y compris la plus récente, et dont on ne peut que se demander comment elle demeure à ce point inaperçue."
Lire l'intégralité de l'article @ Libération


Aucun commentaire :