La Paracha de cette semaine, Bo, décrit les trois dernières plaies ainsi que les événements qui menèrent le peuple juif à sa sortie d’Égypte. Nos Sages nous enseignent qu’il existe quatre étapes à cette libération[1]. Ils se basent sur le verset de Parachat Vaéra, dans lequel Hachem dit à Moché Rabbénou : « Je vous ferai sortir (Hotséti) des souffrances d’Égypte ; Je vous sauverai (Hitsalti) de votre servitude ; Je vous délivrerai (Gaalti) d’une main puissante et à travers de grands jugements. Et Je vous prendrai (Laka’hti) comme peuple pour Moi et Je serai un D.ieu pour vous… »[2]

Les commentateurs expliquent que les deux premières étapes sont une libération de l’esclavage tandis que la troisième correspond à la sortie d’Égypte. C’est lors de la quatrième phase, celle du Laka’hti, que le peuple juif est devenu « Am Hachem » (le peuple de D.ieu)[3], mais il semble que ce processus commença déjà en Égypte. Preuve en est, les premières Mitsvot données aux Juifs en tant que nation se trouvent dans la Paracha de cette semaine – entre autres, la Mitsva du Korban Pessa’h (l’agneau pascal), symbolisant l’engagement du peuple juif envers Hachem.

Les quatre coupes de vin que nous buvons le soir du Séder de Pessa’h sont en corrélation avec ces quatre formulations de libération. Le Choul’han Aroukh tranche qu’il ne faut pas boire entre le troisième et le quatrième verre[4]. Ceci montre que la quatrième étape de la Délivrance doit arriver immédiatement après la précédente, sans aucune interruption. Pourquoi ? Après la phase du Gaalti, le peuple juif était libéré de l’esclavage de Pharaon. Mais il risquait alors de rester « à vide », sans servir personne, ce qui aurait été dangereux, parce que dans sa nature, l’être humain a besoin de servir et d’adorer un être, une entité. Il était donc essentiel que le peuple juif remplace immédiatement Pharaon (qui était au centre de leur service) par, Léhavdil, Hachem. C’est la raison pour laquelle Hachem enjoignit aux Bné Israël d’accomplir certaines Mitsvot avant même leur sortie d’Égypte. La Halakha interdisant de s’interrompre entre la troisième et la quatrième coupe de vin indique donc qu’il ne devait pas y avoir de discontinuité entre la troisième et la quatrième étape de Délivrance.

On en déduit que le désir d’être au service de quelque chose est inhérent à la nature humaine. Il y a quelques siècles, l’athéisme n’était pas répandu : tout le monde vénérait une ou plusieurs entités. Il était évident qu’il existait des puissances dans le monde qu’il fallait aduler.

De nos jours, les gens se libèrent volontiers de tout joug. L’athéisme des derniers siècles ressemble à l’idolâtrie de Baal Péor, qui consistait à effectuer les actes les plus abjects devant l’idole. Bien que les athées déclarent que leur point de vie est basé sur une conception idéologique, ils admettent parfois que la réelle raison de leur impiété est la volonté de mener une vie qui ne soit pas régie par la religion.[5] L’idolâtrie est, certes, erronée et très critiquée par la Torah, mais plusieurs Sages soulignent que l’athéisme est encore plus méprisant et dangereux. Celui qui se livre à l’idolâtrie reconnaît au moins le besoin de se mettre au service de quelque chose. Le fossé entre le culte de faux dieux et la Avodat Hachem est donc moins profond. Par contre, celui qui ne croit en rien est bien loin d’accepter le joug de qui que ce soit. Le Yétser Hara (le mauvais penchant) fait son possible pour éloigner les Juifs du Service divin et les incite donc à croire en un système qui brise toute limite, ce qui fut le cas pour Baal Péor.

Nous sommes tous confrontés à ce genre d’épreuves dans nos vies – beaucoup de choses nous font croire que nous avons l’opportunité d’être « libérés » de toute « charge », mais il nous faut savoir que l’unique source de réel bonheur est le service d’Hachem. Comme nous l’enseignent nos Sages, la seule véritable liberté est celle qui provient du respect de la Torah.


[1] Chémot Raba, 6:4.

[2] Parachat Vaéra, Chémot, 6:6.

[3] Vois Or Ha’haïm, 6:6. Voir Taam Vadaat, concernant la cinquième formule : « Je vous amènerai dans la terre », qui, elle, ne correspond pas à une cinquième coupe de vin.

[4] Choul’han Aroukh, Ora’h ’Haïm, Siman 479. Séif 1.

[5] Aldous Huxley, un écrivain athée, reconnut à la fin de sa vie que toute sa philosophie n’était en réalité qu’une excuse pour justifier son immoralité.