La Paracha de cette semaine, Tsav, poursuit sa description des sacrifices, et notamment des lois relatives à ceux-ci. Elle évoque également les jours d’inauguration du Sanctuaire et l’attente de la consécration par l’Eternel de l’œuvre des enfants d’Israël.

Le début de notre Paracha évoque les règles relatives au Grand Prêtre et le service qu’il devait effectuer chaque matin, après que les sacrifices avaient été consumés sur l’autel.

Le Cohen doit commencer par enlever la cendre qui se trouve sur l’autel et faire « place nette » pour le nouveau service du jour. Il doit également revêtir de nouveaux habits de lin avant de commencer son service.

Nos Sages voient dans ces descriptions des enseignements moraux relatifs aux dispositions d’esprit dans lesquels l’homme doit se placer pour servir l’Eternel.

Notons, tout d’abord, que le prélèvement de la cendre des sacrifices de la veille est symbolisé aujourd’hui par les actes d’hygiène par lesquels les hommes doivent commencer leur journée, et qui constituent un préalable à toute prière.

En outre, cette procédure avait pour but d’inviter l’homme à renouveler pleinement chaque jour son service divin. Deux mouvements symboliques peuvent être distingués au sein de ce « Téroumat Hadéchène - prélèvement des cendres ».

La première étape consiste à retirer les « cendres » de l’autel. Ce geste peut être interprété métaphoriquement comme une invitation faite à l’homme de se séparer des traces négatives du passé, mettre à distance les scories de la veille. Il ne s’agit pas de les ignorer et de « mettre la poussière sous le tapis ». Il s’agit au contraire de commencer la journée en posant son regard dessus, mais afin de décider volontairement de s’en séparer. L’homme démarre ainsi un nouveau jour, fort des enseignements du passé, mais sans être limité ou conditionné par ceux-ci.

Le deuxième mouvement consiste à aborder le nouveau service du jour de manière totalement renouvelée, et de servir l’Eternel sur un autel « propre », avec un cœur pur, une volonté authentique et sincère. Il s’agit ainsi de refuser d’agir par habitude, de refuser de s’inscrire dans la routine instinctive de ce qui a été fait la veille.

Chaque jour est porteur d’un potentiel de renouvellement complet, d’arrachement aux mauvaises habitudes du passé, et d’accomplissement profond. Cette conscience doit permettre à l’homme d’aborder chaque journée en essayant de s’élever le plus haut possible, en comprenant le potentiel illimité qui lui est offert à chaque instant.

C’est là le sens d’un commentaire de Rav Chimchon Raphaël Hirsh qui écrit les mots suivants :

« Si, d’une part, l’enlèvement de la cendre introduit le service du jour nouveau par un regard jeté sur les réalisations de la veille (auxquelles il ramène la pensée), l’acte par lequel on éloigne la cendre a pour but de nous enseigner que chaque jour nouveau renouvelle en même temps tous les devoirs d’un juif. Il nous enseigne à considérer comme absolument nouvelle notre obligation d’accomplir nos devoirs, comme si nous ne nous en étions jamais acquittés par le passé. Nous sommes tenus d’aborder chaque jour avec le même sentiment de joie que s’il s’agissait du premier jour ».

Il faut reconnaître toutefois que cette prise de conscience n’est ni spontanée, ni naturelle. En effet, les jours semblent se ressembler, nos emplois du temps recommencent inexorablement chaque jour de la même manière, et l’on reprend son travail là où on l’a laissé la veille. De même, le temps est compté, et nous peinons à accomplir ce qui nous semble nécessaire. Comment trouver la force et la lucidité, dans un tel contexte, de ressentir ce potentiel de renouvellement ? Et, plus encore, comment l’actualiser ?

Nos Sages nous recommandent d’essayer de ménager chaque jour un temps, petit ou grand, pour méditer et se pénétrer de la force de renouvellement inhérente à chaque nouvelle journée. L’homme est également invité à dialoguer avec Hachem afin de Le remercier de toutes Ses bontés, exprimer des regrets pour les erreurs du passé, et formuler ses requêtes pour l’avenir, en exprimant notamment son désir de se rapprocher de Lui.

Cette conscience de la richesse de la vie, de son potentiel permanent de renouveau ne peut qu’emplir l’homme d’une joie profonde. Tout est ouvert devant lui, les meilleures choses peuvent lui arriver. Aucun conditionnement ne le condamne à répéter les erreurs du passé, à en être l’otage. L’avenir est ainsi porteur de promesses infinies.

Cette force du renouveau est également celle du mois de Nissan, dans lequel nous venons d’entrer. Il s’agit du premier des mois de l’année, qui coïncide également avec le printemps, caractéristique du renouveau de la nature, du bourgeonnement. De même que toute la nature se renouvelle, de même l’homme est invité à se renouveler en accueillant la force spirituelle de cette période qui a vu le peuple juif se libérer de l’esclavage égyptien.

Le Chabbath que nous vivons est intitulé « Chabbath Hagadol - le grand Chabbath », en souvenir du mérite des enfants d’Israël qui ont su commencer à cet instant leur libération spirituelle, en signifiant leur refus de l’idolâtrie égyptienne et leur volonté de servir l’Eternel librement.

Puissions-nous ainsi, avec l’aide d’Hachem, nous libérer de tous nos exils intérieurs et actualiser le potentiel de renouveau et de libération qui étreint le monde durant ces jours !

Chabbath Chalom !