La lecture de la paracha de Vayelekh survient dans un contexte particulier d’intense spiritualité au sein du peuple Juif. Au cœur des dix jours de pénitence, entre Roch Hachana et Yom Kipour, à l’occasion du Chabat Shouva, cette paracha doit faire l’objet d’une attention toute particulière.

Il s’agit des tout derniers instants de vie de Moché Rabenou, le plus grand des prophètes, et de ces dernières recommandations au peuple. Moché exhorte une nouvelle fois les enfants d’Israël à demeurer proches de l’Eternel, il leur rappelle que tant qu’ils mettront leur confiance en D.ieu, ils n’auront rien à craindre. Mais, en dépit de ces recommandations, Moché ne se fait aucune illusion, il sait très bien que la tendance de l’homme le pousse naturellement à la faute, et que le peuple fautera très probablement à l’avenir.

C’est précisément cette réflexion autour de la faute qui est au cœur des journées que nous vivons entre Roch Hachana et Yom Kipour. La faute est inhérente à la nature humaine, comme le dit le Roi Salomon « Il n’est pas d’homme sur terre qui fasse toujours le bien, et qui ne faute jamais », mais elle ne doit jamais avoir le dernier mot. La faute doit être mise en perspective dans le cadre d’un processus de perfectibilité permanente de l’homme sur la longue durée. Derrière chaque faute que l’homme fait, se loge une opportunité de se parfaire, de se corriger, et de s’élever spirituellement.

A travers la notion de Techouva, de « repentir », la Torah s’inscrit en faux contre l’idée que l’homme est irrémédiablement rivé à son passé, et qu’il ne peut jamais s’en défaire. En effet, dès lors qu’il s’engage dans un repentir sincère et authentique (regret, confession de ses fautes, et résolution de ne plus recommencer), l’homme a la possibilité d’effacer complètement les fautes de son histoire. Une npuvelle vie s’offre alors à lui. Peut-on concevoir plus grand bonheur, et plus grande joie ?

A travers la techouva, l’homme a la possibilité de se séparer de ses fautes passées, elles ne font plus partie de son histoire, elles appartiennent à un autre homme. Il ne s’agit pas de fuir ses responsabilités, ou d’occulter les périodes de vie gênantes, mais la Torah souhaite donner à l’homme la possibilité de s’élever sans être lesté par son passé.

Contrairement au sens commun qui perçoit le temps comme irréversible, la Torah postule la réversibilité du temps à travers la Techouva. Il est ainsi possible de « ré-écrire » son histoire à tout moment, en décidant de la voie dans laquelle on décide de s’orienter.

La Torah met en garde l’homme contre ses penchants négatifs, mais elle garde une très grande « foi » dans l’homme, dans sa capacité à s’amender et à faire le bien tout au long de sa vie.

Mentionnons que nos Sages conçoivent deux types de « repentir », de « teshouva ». Le repentir par crainte (Techouva be ira) permet à l’homme de se séparer de ses fautes passées, elles s’effacent de la balance de ses fautes et de ses bonnes actions. Mais, il est possible d’aller encore plus lois grâce au repentir par amour (Techouva be ahava) qui convertit les fautes en bonnes actions. En effet, les fautes d’hier sont devenues les fondations sur lesquelles l’homme bâtit aujourd’hui son repentir et sa rédemption. Elles sont comptées parmi ses mérites, car elles sont à l’origine d’une prise de conscience vertueuse qui rapproche l’homme de son Créateur, et décuple l’amour qu’il Lui porte. Sans la faute d’hier et son repentir, l’homme n’aurait peut-être pas connu de nouvel élan dans son ascension spirituelle.

 

Enfin, mentionnons que l’homme n’est pas seul dans son cheminement spirituel. Comme le dit notre texte « Soyez forts et vaillants! Ne vous laissez effrayer ni intimider par eux! Car l'Éternel, ton Dieu, marche lui-même avec toi ; il ne te laissera pas succomber, il ne t'abandonnera point!" (Devarim, 31.6)

Illustrons ce principe à travers une parabole que rapporte le Rav Simha Zissel. Un roi régnait sur son pays en despote éclairé. Il aimait son peuple, recherchait son bien et était très apprécié par ses sujets en retour. Un jour, il publia une affiche annonçant un concours pour monter en haut d’une tour de cent étages. Les sujets étaient très surpris, et la moitié d’entre eux renonça avant même de se présenter devant la tour. Parmi ceux qui restaient, la moitié abandonna lorsqu’ils virent la hauteur de la tour. Les autres commencèrent à marcher les premières marches, mails ils abandonnaient les uns après les autres, persuadés qu’ils n’arriveraient jamais jusqu’au bout des cent étages. Au deuxième étage, il ne restait plus qu’un sujet. Il avait décidé de ne pas regarder en haut de la tour, mais de faire de son mieux marche après marche. Il se disait en lui-même : « Comment un roi aussi bon depuis toujours avec nous pourrait-il nous demander une chose impossible ? » Arrivé au troisième étage, il constata qu’il n’y avait plus de marches mais un ascenseur qui le propulsa au centième étage.

Vous l’avez compris, cette parabole nous met en garde contre le sentiment de découragement qui peut nous accabler lorsque l’on cherche à progresser ou à changer certaines habitudes.

Pour faire échec à ce sentiment, il faut, tour d’abord, garder en tête que l’Eternel ne nous demande rien d’impossible, et qu’Il recherche uniquement notre plus grand bonheur.

Ensuite, il ne faut pas se faire peur en constatant l’écart qui nous sépare aujourd’hui du résultat que l’on cherche à atteindre. Il faut se contenter d’agir, à son niveau, marche par marche, avec confiance dans l’Eternel, en étudiant la Torah et en ajoutant des bonnes actions avec les hommes, et des mitsvot. Quelques temps plus tard, nous réaliserons que, sans nous en rendre compte, Hachem nous a propulsé à un niveau et nous a offert une qualité de vie que nous n’aurions jamais soupçonnés.

Puissions-nous durant ces jours propices, avec l’aide d’Hachem, avoir le mérite de nous engager tous dans une Techouva sincère et  nous rapprocher de l’Eternel !