À la fin de la Paracha de cette semaine, Moché Rabbénou revint vers le peuple avec les secondes Tables de la Loi, après la faute du Veau d’Or. La Torah souligne que le visage de Moché rayonnait, à son insu, d’une lumière spirituelle. Celle-ci était si forte que les gens redoutèrent de s’approcher de lui, au point qu’il dut masquer son visage.

’Hazal expliquent de plusieurs façons l’origine de ce rayonnement. Nous développerons l’une d’elles.[1] Rav Chimon ben Lakich affirme que lorsque Moché écrivit la Torah, dictée par Hachem, il restait une goutte d’encre. Hachem l’étala sur la tête de Moché, ce qui donna naissance à ce rayon lumineux[2].

Le Or Ha’haïm[3] pose une question intéressante. Quand un être humain entreprend quelque chose, il reste généralement du surplus. Quand on commande des matériaux pour un projet (des briques pour la construction d’un immeuble, par exemple), il est impossible d’en prévoir le nombre exact, d’être sûr qu’il n’en restera pas une en trop. Mais lorsqu’Hachem prépare l’écriture d’un Séfer Torah et l’encre qui lui est nécessaire, Il sait exactement combien il en faudra, à la goutte près. Alors comme se fait-il qu’il y avait des restes ?

Le Or Ha’haïm explique l’origine de cet excédent. Hachem, après avoir réprimandé Myriam qui avait médit de Moché, affirma que ce dernier était le plus humble de tous les hommes, à travers toute l’histoire de l’humanité. Moché, dans sa grande modestie, n’écrivit pas le mot « humble » entièrement – עניו – mais lui retira la lettre Youd – ענו. C’est de cette omission qu’il resta une goutte d’encre dont Hachem se servit pour illuminer la tête de Moché.

On peut ajouter un endroit où Moché n’utilisa pas toute l’encre nécessaire pour écrire un mot. C’est au début du Séfer Vayikra, quand Hachem appela Moché. La lettre Aleph du mot ויקרא est plus petite que les autres. ’Hazal affirment que Moché la rétrécit pour que le Texte semble dire « Il survint » — ויקר, terme beaucoup moins éloquent qu’« Il appela ». Le Aleph plus petit laissa un reste d’encre.

Le fait que les deux options (quant à l’encre supplémentaire) soient liées à la modestie de Moché n’est pas un hasard. Quel rapport y a-t-il entre cette qualité et le rayonnement de la personne qui la possède ? Une personne arrogante pense ne pas avoir besoin d’Hachem pour réussir dans la vie. Elle ne Lui laisse pas de place, elle vit autour d’elle-même. Or Hachem refuse de résider chez l’orgueilleux[4].

Moché était tellement humble qu’il se considérait comme ne valant rien ; il débordait de spiritualité, d’où le rayon de lumière qui émanait de son visage.

Cet éclat montre également à quel point Moché était proche d’Hachem. Pour se rapprocher d’Hachem, il faut Lui ressembler, suivre Ses voies. ’Hazal décrivent souvent l’humilité d’Hachem. La Guémara [5] affirme qu’à chaque fois que la Torah parle de la grandeur d’Hachem, elle évoque Sa modestie, Sa façon d’aider les gens faibles, dans le besoin. Moché aussi excellait dans cette vertu, plus que tout autre individu et il mérita par conséquent de se rapprocher d’Hachem au point de mériter cette luminosité.

L’humilité de Moché est, bien entendu, hors de notre portée, mais elle nous rappelle l’importance de ce trait de caractère. Et plus on excelle dans ce domaine, plus on se rapproche d’Hachem.

Puissions-nous tous mériter d’émuler la modestie de Moché Rabbénou et sa proximité avec Hachem.


[1] Voir Chémot Raba, 47:28 et Midrach Tan’houma, Chémot 37 pour les autres avis.

[2] Inutile de préciser que ces sujets ont des significations très profondes, au niveau de la Kabbale. Il est toutefois possible de les comprendre à un niveau simple et d’en tirer des leçons importantes.

[3] Chémot, 34:29.

[4] Sota, 5a.

[5] Méguila, 31a