Nous avons vu, au cours de cette série, la grande sensibilité envers les autres que la Torah engendre par le biais des Mitsvot. Un autre exemple de cette conduite se retrouve dans le domaine de l’aide apportée à un individu en grande difficulté.

Dans le monde laïc, un individu qui aide les autres est considéré comme un homme bon, et celui qui cause du tort à son prochain est considéré comme cruel. Quelqu’un qui n’aide pas, mais ne cause pas de tort aux autres, est jugé comme neutre - il n’est ni bon, ni mauvais. De surcroit, il existe de nombreuses lois interdisant une conduite portant atteinte aux autres, mais très peu obligeant l’homme à prodiguer du bien à son prochain.

En revanche, la Torah considère une attitude « neutre » sous un jour négatif : il n’est pas suffisant d’éviter de causer du tort à autrui, il faut plutôt s’efforcer d’aider les autres, et éviter de le faire est considéré comme une forme de cruauté. De ce fait, il existe un certain nombre de Mitsvot qui nous obligent à aider notre prochain dans le besoin.

L’une de ces Mitsvot est celle-ci : « Ne reste pas indifférent devant le sang de ton frère. »[1] Les rabbins nous enseignent que cette Mitsva nous prescrit d’aider notre prochain dans le besoin. Par exemple, il faudra l’aider lorsqu’il est dans le besoin dans n’importe quel domaine : s’il se trouve en danger concret, s’il subit une perte financière ou vit une sorte de manque dans le domaine affectif. Nous aborderons les détails de ces lois dans les semaines à venir.

Si l’on voit notre prochain en danger, par exemple s’il risque de se noyer ou est menacé par des criminels, il faudra tout faire pour le sauver. La seule limite de cette loi est que l’on n’est pas obligé de se mettre dans une situation où l’on s’expose à un risque significatif en tentant de sauver notre ami. Par exemple, si un homme se fait attaquer par plusieurs voyous, alors le fait d’intervenir n’aura sans doute aucun effet positif, et on risque d’aggraver le danger pour notre ami. Mais il faudra mesurer attentivement les risques de chaque situation et ne pas manquer de réaliser cette Mitsva si le risque de danger est minime.

Un illustre Rav, Rabbi ‘Haïm Soloveitchik, avait assisté à un grand incendie dans son quartier. Il fit de grands efforts pour sauver des individus coincés dans l’immeuble en feu. A un moment donné, il courut à l’intérieur du bâtiment et n’en sortit pas pendant un bon moment. Il finit enfin par en sortir en tenant deux jeunes enfants dans les bras. Il les avait entendu pleurer et était entré pour les sauver. On ignore s’il était obligé de se mettre dans une telle situation de danger, mais néanmoins, ses actions sont une belle démonstration de la manière dont nous devons nous sentir lorsque notre prochain est en danger. Même si nous ne pouvons agir concrètement pour les sauver, nous sommes tenus de développer un sentiment d’empathie avec leur souffrance.

[1] Vayikra, 19:16.