Une bonne partie de l’Europe était inondée lorsque notre groupe se mit en route pour visiter les Kévarim, les tombes de nos sages en Ukraine : le Ba'al Chem Tov, le Ba'al Hatania, le Rabbi de Breslev et le Tsadik de Berditchev. Mais de manière incroyable, à chaque arrêt près des tombes, la pluie cessait.

Je vous invite aujourd’hui à me suivre à Berditchev.

Il était déjà 22h30 lorsque notre autobus s’arrêta dans le petit village. Nous avions passé une magnifique journée. Prier sur de si nombreuses sites était une expérience extraordinaire, et nous aurions le privilège de prier sur la tombe de Rabbi Lévi Its’hak, le Rabbi de Berditchev. Nous devions nous arrêter à la synagogue locale où Rabbi Breuer, le chef spirituel de la communauté et sa Rabbanite attendaient notre arrivée.

Ce couple est admirable. D’origine new-yorkaise, après avoir marié leurs enfants, ils décidèrent d’exprimer leur appréciation à Hachem en donnant d’eux-mêmes au peuple juif. Ils consultèrent le Rebbe de Skwira qui leur recommanda de s’installer à Berditchev. Actifs depuis dix ans, ils ont ramené beaucoup de Juifs à la Torah. Ils rassemblent des jeunes juifs de toute l’Ukraine, en leur inculquant des notions de Yiddishkeit, de judaïsme authentique et les envoient ensuite en Erets Israël ou aux Etats-Unis. Ce soir-là, nous rencontrâmes un couple âgé de Berditchev dont le petit-fils étudie présentement à Lakewood en conséquence des efforts du Rav et de la Rabbanite.

On ne peut qu’être impressionné par l’ampleur des miracles que nous observons…Les Juifs, considérés comme morts sur le plan spirituel, reviennent à une nouvelle vie. Si nous intégrons ce que nous voyons sous nos yeux, nous réaliserons que nous vivons les ‘Hévlé Hamachia’h, la période décrite par nos prophètes comme « les douleurs de l’enfantement du Machia’h. »

Après le dîner, il était près de minuit, et c’est à cette heure magique que nous nous rendîmes sur la tombe du Tsadik de Berditchev pour prier. Le cimetière était sombre et nous n’avions qu’une lampe de poche pour éclairer notre groupe, et guidé par Rav Breuer, nous trouvâmes l’Ohel, le monument funéraire. Pour moi, cette visite a été l’un des points culminants de notre voyage. J’avais pris l’engagement de lire une lettre de ma petite-fille décrivant la terrible tragédie de l’une de ses amies de colonie de vacances qui avait été la victime d’un attentat suicide dans une pizzéria de Karné Chomron. Je m’étais engagée à lire cette lettre sur la tombe de Rabbi Lévi Its’hak, car il est connu pour être un défenseur fidèle du peuple juif, et certainement capable de défendre notre cas devant le Kissé Hakavod, le trône céleste.

Rabbi Lévi Its’hak a composé de nombreuses et belles prières récitées jusqu’à aujourd’hui, parmi lesquelles : « Gott Fun Avraham » récitée chaque Motsaé Chabbath. Il explique que cette prière doit être récitée trois fois pour assurer la bénédiction pour la semaine à venir. Elle fait partie de mon rituel du Motsaé Chabbath comme elle l’est dans d’innombrables foyers juifs.

Les histoires sur le Rabbi de Berditchev font légion. Il aimait son peuple d’un amour passionné et aveugle et ne voyait que le bien en chaque Juif. En m’approchant de sa sépulture, je découvris une autre prière à côté de sa tombe, que je ne connaissais pas. Comme la majorité de ses prières, celle-ci était composée en Yiddish, pour que tous puissent la comprendre. Je vous en livre ici les quelques premières lignes, mêlées à ma propre prière : puisse Hachem accepter l’intervention de ce grand Tsadik.

« Ribono Chel Olam - Maître de l’Univers, faisons un pacte, je vais Te donner toutes mes fautes intentionnelles et non intentionnelles…Oï, mon Père - peut-être vas-tu demander : Que Me donnes-tu en échange ?... Tu vas me donner la Mé’hila, la Sli’ha et la Kapara, Tu me donnes le pardon, la purification et l’expiation. Oy Vey, Tateh. »

Cette bouleversante prière s’achève par les termes immortels du Kaddich : « Yitgadal Véyitkadach Chémé Rabba… »

Nous approchions de sa tombe. J’introduisis la main dans mon sac pour y prendre la lettre de ma petite-fille, mais je ne pus la lire…les larmes vinrent trop vite, je fondis en larmes, et tous les membres du groupe pleurèrent avec moi. 

Après avoir quitté Berditchev au milieu de la nuit, nous nous sentîmes tous différents, nous avions le sentiment qu’ensemble, avec toutes nos prières, nos Néchamot, nos âmes s’étaient également élevées.

Avant de conclure, il existe une autre histoire sur le Rabbi de Berditchev, que l’on appelle également le Kédouchat Halévi au nom de son livre.

Le Satan avait monté un dossier solide contre le peuple juif, et plaçait une boîte après l’autre contenant leurs fautes devant le trône céleste de D.ieu.

Réalisant ce qui se passait, Rabbi Lévi Its’hak détruisit toutes les boîtes. Le Satan, furieux, exigea du Rabbi de Berditchev de les restituer sur le champ. Devant le refus de Rabbi Lévi Its’hak, le Satan le tira devant le tribunal céleste et l’accusa de vol.

Après beaucoup de délibérations, le jugement fut prononcé : « Coupable ! »

D’après la loi, un voleur coupable de vol doit rendre le double de la valeur des objets volés ou se vendre en tant qu’esclave. Donc Rabbi Lévi Its’hak devait être mis aux enchères. D’un côté, les patriarches firent une offre pour lui, et de l’autre, le Satan. Les enchères furent passionnées et ne semblaient pas tourner en faveur de Rabbi Lévi Its’hak, mais alors, le D.ieu Tout-Puissant intervint dans les enchères et le Satan fut réduit au silence. Ainsi, Rabbi Lévi Its’hak, le fidèle serviteur du peuple juif, devint le fidèle serviteur de D.ieu.

Puissions-nous ressembler au Tsadik de Berditchev en apprenant que nous rapprocher de D.ieu, c’est devenir le défenseur de chaque Juif.