Voici un commandement peu connu, lié au langage, c'est l’interdit d’avoir recours à des « propos blessants » (Onaat Dévarim). Un célèbre proverbe en anglais dit : « Des bâtons et des pierres peuvent briser mes os, mais les paroles ne pourront jamais me blesser. » Cette approche est étrangère à la Torah ; le discours est un puissant outil qui peut être utilisé pour faire un grand bien ou au contraire, causer de grands torts. D’une certaine manière, un discours offensant peut causer plus de tort qu’une douleur physique, sachant que le discours peut pénétrer en profondeur dans l’intériorité de l’individu. Toute personne impliquée dans une relation de longue date peut attester que des propos durs peuvent marquer pendant des années.

Il existe un certain nombre de formes d’Onaat Dévarim. La plus évidente est le fait de parler méchamment à quelqu’un. Il est interdit de parler de manière à causer un dommage émotionnel à l’interlocuteur. En conséquence, le fait de lever la voix ou de crier est pratiquement toujours interdit. Un homme peut estimer avoir le droit de crier sur ses enfants, et en quelques rares occasions, cela peut être approprié, mais en règle générale, on ne doit jamais crier sur ses enfants.[1] Crier peut permettre d’atteindre un résultat immédiat, mais les résultats à long terme sont invariablement négatifs.

Il semblerait que plus nous sommes proches, plus nous sommes enclins à parler de manière blessante. En conséquence, mari et femme peuvent se parler d’une manière avec laquelle ils n’auraient jamais envisagé de parler à des étrangers. C’est extrêmement préjudiciable : il est inutile de parler durement à son conjoint. Même si nous avons le sentiment qu’il est nécessaire de le critiquer d’une certaine manière, lui faire des reproches sévères se solde invariablement par un échec. C’est uniquement lorsqu’on s’exprime délicatement et que l’on partage les sentiments de l’autre, qu’on a des chances de réussir.[2]

Parfois, nous ressentons le besoin d’offrir des critiques constructives à quelqu’un. Pour qu’une telle critique ait un effet, il faut la formuler délicatement et humblement. Les êtres humains sont généralement très sensibles aux critiques, mais si celle-ci n’est aucunement menaçante, la personne visée risque de l’accepter bien plus facilement. En revanche, lorsqu’une personne se sent verbalement attaquée, elle se mettra sur la défensive et n’acceptera pas ce qui lui est dit.

Voici d’autres aspects de cet interdit d’employer des termes offensants :

1. Le Talmud déclare qu’il est interdit de rappeler à quelqu’un ses délits du passé qu’il aimerait oublier.[3] Lui rappeler des souvenirs désagréables risque fortement de lui causer une souffrance considérable.

2. Il est également interdit de se moquer de quelqu’un s’il existe une possibilité qu’il risque d’être blessé par cette plaisanterie. Il est très fréquent que des amis passent du temps à se moquer de certains aspects de leur caractère ou de leur allure. Cela peut être acceptable s’il n’y a absolument aucune chance de causer de l’anxiété à autrui, mais souvent, les victimes de ces blagues « innocentes » sont néanmoins blessées. Un grand nombre d’entre nous n’apprécions pas les blagues personnelles qui nous visent, et il est important de réaliser que tout comme nous n’aimons pas être l’objet de plaisanteries, nos amis ont peut-être le même sentiment. De plus, même si nous ne sommes pas affectés par ces taquineries, d’autres sont peut-être plus sensibles que nous et seront néanmoins offensés.

3. Autre aspect des plaisanteries interdites : faire des farces, comme donner de mauvaises indications à un homme qui cherche son chemin. Ceci peut lui causer un inconfort et lui faire perdre du temps et des efforts précieux.

4. De même, il est interdit d’entrer dans un magasin et de regarder les articles à prix réduit sans avoir aucunement l’intention de les acheter. Agir de cette manière conduit inévitablement le propriétaire du magasin à entretenir des espoirs infondés de vente. Mais si l’on désire regarder les articles pour envisager de les acheter à l’avenir, c’est autorisé[4].

Les lois des « termes offensants » nous enseignent l’importance d’être sensible aux sentiments de notre prochain. Ce concept inclut tout discours qui pourrait faire de la peine par inadvertance. De nombreuses personnes sont sensibles dans certains domaines et évoquer certains sujets risque fortement de les mettre mal à l’aise. Par exemple, si un homme souffre d’une certaine difficulté dans un certain domaine, il pourrait être indélicat d’évoquer la réussite d’autres individus dans ce domaine, car cela pourrait lui rappeler son propre manquement.

Comme tous les commandements, celui-ci vise à nous aider à nous améliorer sur le plan individuel. Un homme qui veille à éviter de causer du tort aux autres par ses propos deviendra certainement extrêmement sensible.

 

[1] De plus, dans les rares occasions où il peut être permis de parler rudement à ses enfants, on n’aura JAMAIS le droit de crier lorsqu’on est mû par la colère, mais uniquement si nos motivations sont totalement pures.  

[2] Relevons que de nombreux experts du mariage suggèrent que le meilleur moyen de changer notre conjoint consiste à se changer soi-même. Lorsque le conjoint voit qu’il est traité avec respect, il risque bien plus d’agir de même.  

[3] Baba Metsia, 58b.

[4] D’après Rav Its’hak Berkovits chlita. Mais certains décisionnaires sont d’avis que si on n’a pas d’argent sur soi, on ne devra pas regarder les articles en question. (Michpaté Chalom, p.87.).