Depuis quelques mois déjà, la situation politique en Israël est dans une impasse. Nous sommes repartis pour de nouvelles élections astreignantes, coûteuses et fatigantes pour tout le monde.

Mais c’est surtout au niveau de ce qui a été dit et fait lors des campagnes électorales que les dommages sont irréversibles. Manigances, mensonges, médisance, accusations, etc. ont éclaboussé tous les candidats à la direction de l’Etat hébreu qui, ne l’oublions pas, se trouve devant des défis monumentaux, aussi bien au niveau de sa politique étrangère que de la défense et la sécurité. Pour des calculs petits d’intérêt personnel et d’orgueil démesuré, on a oublié qu’un peuple avait besoin d‘un gouvernement stable et solide pour affronter les menaces et les gageures de ce pays pas comme les autres.

Les instances juridiques israéliennes se sont également jointes à la mêlée en ouvrant contre le chef du gouvernement actuel de nombreux dossiers l’inculpant. Cette démarche a été très commentée par des juristes de renom, qui s’étonnent du peu de fondement des chefs d’accusation ainsi que du "timing" suspect de cette décision.

Lorsque nous lisons la Paracha de Chémot qui décrit, entre autres, le parcours de Moché Rabbénou depuis son enfance jusqu'à son élection par D.ieu pour délivrer les Bné Israël, on ne peut que constater l’abîme entre la stature morale monumentale de notre Maître Moché et l’ambiance désolante dans laquelle baigne les politiques de nos jours.

Moché vivait comme un prince dans le palais de Pharaon, élevé par Batya et parallèlement par sa propre mère Yokhévèd. Malgré tout, le texte nous révèle qu’il prenait à cœur les peines qu’enduraient ses frères au point d’éliminer l’Egyptien qui frappait l’un d’eux (Chémot 2, 11-12). Ce geste l’obligera à quitter les fastes du palais pour s’exiler aux confins du désert.

Plus tard, D.ieu Se révèle à lui et le charge d’une mission capitale : délivrer les Bné Israël de leur captivité d’Egypte. Moché émettra alors beaucoup de réserves avant d’accepter ("Qui suis-je pour une telle élection ?" (Chémot 3, 11) ; "Mais ils ne me croiront pas !" (Chémot 4, 1) ; "J’ai la bouche lourde" (Chémot 3, 10), l’un après l’autre des termes reflétant son extrême humilité). Chaque fois, l’Eternel devra le rassurer. Mais le dernier argument de Moché, et en fait le principal, est qu’il ne veut pas, pour cette mission, prendre la place d’Aharon, son frère aîné, qui, pense-t-il, risque d’être touché par l’élection de son jeune frère (Rachi sur Chémot 4, 13). Sa sensibilité à l’autre, encore une fois, l’empêche même devant l’insistance de l’Eternel d’accepter une fonction qui pourrait faire ombre à son prochain. Là aussi, D.ieu lui répond qu’il n’a rien à craindre, car Aharon se réjouit du plus profond de son cœur d’un tel choix.

Il y aura encore un écueil à surmonter : Moché doit demander l’accord de son beau-père Yitro, lui ayant promis de ne pas le quitter sans son consentement (Chémot 4/18, cf. Rachi). Prenons la mesure de ce geste : Moché reçoit l’ordre divin de sauver tout un peuple qui attend la Délivrance depuis 210 ans, l’histoire juive va enfin débuter, le don de la Torah et le salut de l’humanité nous attendent au bout de ce périple et malgré tout, pour cet homme hors pair, les notions de respect de l’autre, de droiture et de gratitude ne peuvent être piétinées.

Source d’inspiration intarissable, Moché Rabbénou, notre Maître, nous montre où un vrai chef place les valeurs morales et humaines. Matière à réflexion !

La rédaction Torah Box Magazine