Soyons conscients ! L’humanité n’a jamais connu un tel choc ! Les hommes sont touchés dans leur corps, dans leur famille, dans leurs biens, leurs capitaux. La société de consommation n’avait fait que des progrès, et voilà qu’une brusque chute atteint tout le monde. Etait-il nécessaire de ne cesser de progresser ? La chute est brusque, car elle était inattendue et surprend tout le monde. Il ne s’agit pas de tenter de comprendre ! C’est hors de notre portée, mais essayons cependant d’analyser et de garder les yeux ouverts, à l’aide de la Torah, qui ne cesse de nous guider, de génération en génération.

En quoi notre époque apparaît-elle différente des autres périodes de l’histoire de l’humanité ? Une réflexion, une observation qui tente d’être objective, nous invite à remarquer une contradiction entre, d’une part, le désir d’améliorer les conditions de vie de l’homme, et, d’autre part, le désir de jouissance de l’individu. Exprimée en d’autres termes, il y a ici une contradiction entre, d’un côté, un rapport positif, constructif, et par ailleurs, une relation négative, égoïste. On souhaite le mieux à l’autre, mais on commence par vouloir le mieux pour soi. Cette contradiction inhérente à la nature humaine est inscrite dans le verset de la Torah, énoncé par le Tout-Puissant après le déluge qui avait détruit l’humanité entière : « Désormais, Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme, car, dès son enfance, la disposition naturelle de l’homme est orientée vers le mal. Désormais, Je ne frapperai plus les vivants comme Je l’ai fait » (Beréchith 8, 21). L’existence du monde n’est justifiée que pour le bien, mais, bien que l’humanité ait choisi de faire le mal, l’Eternel promet de ne plus détruire le monde, comme Il l’a fait à l’époque du déluge. C’est ici précisément le dilemme premier de l’homme : avancer vers le bien, malgré une propension naturelle au mal.

On ne se permettra jamais ici de s’exprimer en termes d’autorité, ou d’assurance absolue, car cela friserait le ridicule et certainement la démesure. Surtout lier une épidémie à un défaut, à une insuffisance de la part de l’homme ne peut être que présomptueux. Il importe cependant de relever les problèmes fondamentaux qui se posent aujourd’hui à nos contemporains et cela ne peut être que salutaire précisément à un moment où la société des hommes semble ébranlée. Une humanité qui s’était habituée à une progression régulière vers le mieux-être se trouve confrontée à un problème universel, qui, apparemment, n’épargne aucune nation. 

Il nous semble que l’attitude à adopter aujourd’hui serait de sortir du vide idéologique, dans lequel notre époque est plongée. Un seul souci semble occuper la planète : comment profiter le plus possible du matériel, et cela en soi est assurément légitime, mais à condition d’être reconnaissant, de prendre conscience que Quelqu’un a mis entre nos mains ce bien matériel, c’est-à-dire de reconnaître, à l’échelle globale, mondiale, que ce n’est pas le hasard qui nous invite à jouir, à profiter de cette assise matérielle, agréable et souhaitable. C’est l’émerveillement d’Avraham Avinou devant l’organisation de l’univers. « Ce monde est bon, beau, il faut en profiter, l’apprécier, mais reconnaître qu’il y a un Maître à l’univers. » Il importe de ne pas oublier d’où vient cette organisation merveilleuse. Dire : « C’est ma force et la puissance de mon bras qui m’ont permis d’obtenir ces succès » (Devarim 8, 17), s’exprimer ainsi, c’est oublier qu’il y a un Maître à l’univers. Ce fut la grandeur d’Avraham qui, dans une période idolâtre, a proclamé l’existence du Tout-Puissant. Notre époque s’est éloignée de la Foi en un Créateur, et les progrès techniques, depuis 150 ans, ont été infiniment plus rapides que dans le passé. Les chemins de fer, l’automobile, l’aviation, les progrès remarquables de la médecine, la révolution numérique, les vols dans l’espace, toutes ces avancées ont été acceptées par l’humanité avec plaisir, mais a-t-on pensé à reconnaître le Créateur dans les merveilles de la création ? A-t-on su dire « merci » ? Quand les circonstances sont plus difficiles, alors on se révolte, et l’on demande : « Pourquoi ? ». Ne sommes-nous pas tous – sans exception – coupables de ne pas Le reconnaître, quand tout allait bien ? C’est là la grande leçon qu’il nous faut tirer : sachons Le connaître et être reconnaissants en tous les cas. La Guemara nous enseigne qu’il faut savoir dire une bénédiction dans le cas d’une mauvaise nouvelle, et une autre bénédiction dans le cas d’une bonne nouvelle. Ce n’est assurément pas la même bénédiction, mais quelles que soient les circonstances, sachons Le reconnaître. Actuellement, il nous reste à prier pour que nous puissions bientôt réciter la bénédiction pour la fin de cette épidémie, en disant : « הטוב והמטיב – Il est bon et il répand le bien ».