Le début de la Paracha nous retrace les tragiques événements survenus à la fin de la Paracha précédente, lorsque Zimri, chef de la tribu de Chimon, commit une grave faute avec Kozbi, une princesse de Midian, entrainant une épidémie au sein du peuple juif. Elle cessa grâce à l’acte zélé de Pin’has qui les tua pendant leur faute et apaisa la colère d’Hachem. La Guémara[1] affirme que le vrai nom de Zimri était Cheloumiel ben Tsourichadaï qui était l’un des Nessiim mentionnés au début de la Paracha de Bamidbar[2]. Le Baal Hatourim[3] souligne que le terme utilisé pour décrire les représentants de la communauté est « Kéroué Haéda ». La lettre Vav du mot « Kéroué » est plus petite que les autres. Selon lui, cela indique que l’un de ces représentants n’était pas aussi vertueux que les autres. Il s’agissait de Zimri.

Une analyse superficielle montre que Zimri fut tenté par un vil désir, mais le Rav  Ouziel Milevsky[4] réfute cette théorie : parmi les vertueux membres du peuple juif de l’époque, seuls les hommes réellement pieux et spirituels pouvaient être nommés chefs de tribus. Ainsi, il estime que Zimri avait de nobles motivations. D’ailleurs son vrai nom témoigne d’une véritable grandeur – « D. est ma perfection ». Mais cette vertu fut mal utilisée. « Cheloumiel pensait qu’il n’existait qu’une sorte de relation entre l’homme et D. Il ne pouvait concevoir que l’humanité atteigne la perfection tant qu’il resterait des différences religieuses entre les nations. C’est la raison pour laquelle il fit entrer une concubine Midianite dans le peuple juif : pour proclamer l’éradication des différences religieuses, pour que toute l’humanité devienne le peuple élu de D. »

La Guémara nous relate les événements qui menèrent à sa faute avec Kozbi. Elle affirme[5] qu’il prit Kozbi et l’emmena devant Moché Rabbénou. Zimri demanda si cette descendante de Midian était permise ou interdite. Si Moché lui avait tranché qu’elle était interdite, comment expliquait-il son propre mariage avec Tsipora, une femme du même peuple ? Mais Moché ne répondit pas et Zimri commit ladite faute avec Kozbi. L’argument de Zimri concernant l’acte de Moché semble indiquer qu’il n’y a rien de mal à cohabiter avec une non-juive. Au contraire, cela semble être positif, conformément à l’avis du Rav Milevsky, avançant que Zimri pensait que le peuple juif devait s’ouvrir aux autres nations et les élever.

Rachi répond facilement à la question de Zimri – Moché se maria avec Tsipora avant le don de la Torah, et les descendants de Yaacov ne furent appelés « Juifs » qu’à partir de cet événement, considéré comme la conversion de tout le peuple. Ce fut l’erreur de Zimri. Avant Matan Torah, les autres nations eurent la possibilité de se joindre au peuple juif dans leur sainte mission – celle de répandre le message divin à travers le monde. D’ailleurs, ’Hazal affirment qu’Hachem donna l’opportunité à chaque peuple de recevoir la Torah, mais ils refusèrent tous ce cadeau. Par contre, une fois la Torah donnée, le rôle des Juifs devint différent de celui des autres nations. « Et vous serez pour Moi un royaume de prêtres et une nation sainte. »[6] Les prêtres sont les représentants de la sainteté et sont au-dessus des autres. Quant au mot « Kadoch », il se traduit par « séparé ». Ainsi, l’expression « Goï Kadoch » nous enseigne que le peuple juif doit rester différent des autres nations. Bien entendu, comme l’affirme le prophète Yéchaya, il doit aussi être une lumière pour les autres nations, un phare pour le monde entier, un peuple qui croit en un D. unique et parfait. Cet objectif n’est pas atteint en se liant aux autres peuplades, mais en leur servant d’exemple, en suivant un mode de vie conforme à la Loi de la Torah.

L’idéologie de Zimri, quant au fait d’élever le niveau spirituel des nations par le biais de mariages mixtes, était dangereusement fausse. Comme le souligne le Rav Milevsky, la Torah cesse de l’appeler par son vrai nom – Cheloumiel – et elle le prénomme Zirmi, parce qu’en dépit de son aspiration à la Chlémout (l’unité avec les nations), ces idéaux erronés, le menèrent à couper le lien (« Zamar ») entre le peuple juif et D.

Comment cette idée s’applique-t-elle à notre quotidien ? Nous ne sommes certainement pas confrontés au défi des mariages mixtes, mais l’avancée technologique a énormément facilité l’implication du « Juif pratiquant » dans le monde laïque, que ce soit dans les domaines des médias et des réseaux sociaux, du sport ou des loisirs. Plus on s’associe à ces activités, plus on est éloigné du concept de Mamlékhet Kohanim – un royaume de prêtres. Chaque Juif est un membre de cette nation et chacun, à son niveau, doit s’efforcer de se distinguer, de s’éloigner de cette matérialité qui l’éloigne de son noble rôle.

 

[1] Sanhédrin 82b.

[2] Bamidbar 1,6.

[3] Baal Hatourim, Bamidbar 1,16.

[4] Ner Ouziel, p. 209-211.

[5] Sanhédrin 82b.

[6] Chémot 19,6.