Nous connaissons tous autour de nous des personnes qui ont été éprouvées et ont surmonté leurs épreuves en réalisant des choses grandioses. 

A titre d’exemple, je pense à mon ami Its’hak Weingott atteint d’un cancer qui, après avoir guéri, va ouvrir un département d’aide aux personnes touchées par la maladie et à leur famille afin de les aider à tous les niveaux. 

Lorsque Reb Haim Perkal, père d’une enfant autiste, se rend compte qu’il n’y a pas vraiment de centre correspondant à ses exigences religieuses pour s’occuper de sa fille, il décide de fonder lui-même un organisme adapté, et ce sera la naissance de “’Alé Sia’h”, qui s’occupe aujourd’hui de milliers de jeunes handicapés. 

Chlomo Buchner n’a pas eu d’enfant, mais des milliers de parents dans le monde lui doivent le bonheur de tenir un nouveau-né dans leur bras et ce, grâce à son organisation ”Boné  ‘Olam” qui aide les couples a priori stériles. 

Rav Yossef Hermann va tout au long de sa vie offrir l’hospitalité à ceux qui frapperont à sa porte, après avoir été, à 13 ans à peine, livré à lui-même dans la grande ville de New York, sans savoir où dormir ni où manger, et faisant le Kiddouch du Chabbath seul sur un banc avec le petit pain qui lui restait. (rapporté dans le livre “Le patron avant tout”). 

La liste est longue et c’est ainsi que beaucoup de Gma’him (associations d’aide aux nécessiteux) se sont ouverts en reconnaissance d’une épreuve traversée et surmontée. Dans la même optique, de nombreux endeuillés encore assis par terre lors des Chiv’a décident en famille, dans ces moments où la peine est immense, de mettre en place une entreprise de ‘Hessed ou d’étude qui sera consacrée à la mémoire du défunt : offrir un Sefer Torah, organiser un cours de Torah hebdomadaire, distribuer l’étude de l’ensemble du Chass Michnayot, créer des bourses pour les jeunes mariées démunies, etc. Le point commun de toutes ces personnes, c’est de sanctifier l’épreuve par un projet positif et constructif, et parallèlement d'apaiser leur douleur. 

Il faut bien comprendre que l’homme ne recherche pas les épreuves, comme nos Sages l’ont exprimé : “[On ne souhaite] ni elles - les épreuves - ni leurs récompenses” (Brakhot 5b). Mais une fois que l’épreuve est présente, l’approche juive authentique est de chercher à la sanctifier.

L’exemple frappant dans le ‘Houmach est celui de Léa qui sera substituée à sa sœur Ra’hel lors de son mariage avec Ya’akov, tout cela, comme on le sait, manigancé par son père Lavan, l’escroc. Elle sera consciente de ne jamais avoir été désirée par son mari et se devra de justifier sa place d’épouse. Elle donnera naissance à elle seule à 6 des 12 fils de Ya’akov (chacune de ses trois autres femmes n’étant mères que de deux fils), et tous les noms qu’elle donnera à ses enfants seront l’expression de cette volonté de vouloir être acceptée et aimée par son mari, malgré des données de départ moins valorisantes : Réouven, (l’Eternel a vu ma peine de sorte qu'à présent mon époux m’aimera) ; Lévi (mon mari me sera attaché dorénavant), etc. 

Léa – tout comme les personnes citées plus haut – aurait pu pleurer toute sa vie sur son destin tragique, celui d’être la femme “mal aimée” de Ya’akov, et empoisonner sa vie et celle de ses proches. Mais elle choisira la voie royale, celle de la construction, qui d’ailleurs lui donnera le mérite de résider auprès de Ya’akov dans le caveau commun pour l’éternité. 

Dans notre vie, il nous est donné à une multitude d’occasions de relever des défis devant l’adversité, petite ou grande, et de transformer un événement pour en “faire quelque chose”, à l’image de Léa qui a construit le Klal Israël. 

Puissions-nous nous inspirer de son exemple !

Rav Daniel Scemama