« Et dans un lieu où il n'y a pas d'hommes, efforce-toi d'être un homme. »

QUESTIONS

  1. À quel propos est-il dit qu'il n'y a pas d'hommes ?
  2. À quel propos est-il dit d'être un homme ?
  3. Pourquoi est-il dit « il n'y a pas d'hommes » au pluriel et non au singulier ?
  4. Pourquoi faut-il être un homme dans une situation où il n'y a pas d'hommes ?
  5. Pourquoi le terme choisi, Hichtadel, implique-t-il beaucoup d'efforts ?

De nombreux commentateurs[1] expliquent cette partie de la Michna comme faisant référence au fait d'être impliqué dans les Tsorké Tsibour - les besoins de la communauté - lorsqu'ils ne sont pas satisfaits. Ils expliquent que dans une situation où il n'y a pas assez de personnes qui répondent aux besoins de la communauté, alors, une personne doit faire de gros efforts pour combler le besoin. Le Rachbatz ajoute que cela est nécessaire même si cela signifie que la personne devrait arrêter d'étudier la Torah pendant un certain temps. Ceci est basé sur la Guémara[2] qui déclare que, parfois, ne pas apprendre la Torah peut être la cause de la préservation de la Torah. La Guémara déduit cela du fait que Moché Rabbénou a détruit les Lou’hot (tables de la loi) quand il a vu les gens pécher avec le veau d'or, parce qu'il s'est rendu compte qu'il était nécessaire de le faire, afin de commencer le chemin de la rectification de ce péché.

Rav Ovadia Yosef zatsal ajoute que cette exhortation à prendre ses responsabilités alors que trop peu de gens l'ont fait, ne s'applique pas seulement aux besoins de la communauté, mais au domaine d'enseigner la Torah aux autres. Sur cette base, il écrit qu'il a demandé aux Avrékhim (des hommes qui étudient la Torah à plein temps) d'arrêter temporairement d’étudier au moment où les enfants postulent à l'école et d'essayer de persuader les parents d'envoyer leurs enfants dans des écoles religieuses, car il y avait un grand risque que, sinon, ils envoient leurs enfants dans des écoles laïques, détruisant ainsi toute chance qu'ils se rapprochent de la Torah.

Cela s'applique à tous les domaines où il est nécessaire d'aider les gens à se rapprocher de la Torah. On pourrait affirmer qu'il y a déjà des personnes impliquées dans la sensibilisation, alors pourquoi devrait-on également s'impliquer ? Il semble que la Michna fasse allusion à cet argument - elle dit : "Quand il n'y a pas d'hommes", au pluriel, mais pourquoi n'a-t-elle pas simplement dit : "Quand il n'y a pas d'homme", au singulier ? Peut-être que la Michna fait allusion au fait qu'il ne suffit pas qu'un seul homme fasse quelque chose pour la communauté, s'il est incapable de répondre à tous leurs besoins. Ce n’est que s’il y a suffisamment "d’hommes" pour répondre à tous leurs besoins qu’une personne est dispensée de prendre le temps de les aider. En conséquence, l'argument selon lequel certaines personnes sont déjà impliquées dans la sensibilisation est un argument faible, car il n'y a pas assez de personnes qui le font, par rapport au nombre de juifs laïcs[3].

Une autre déduction de la Michna est l’utilisation du mot "Hichtadèl", qui implique un effort considérable. Pourquoi la Michna ne s’est-elle pas suffit de dire qu’il fallait essayer "d’être un homme" ? La réponse semble être que le trait de caractère clé exigé par la Michna est celui de prendre ses responsabilités, et la tendance naturelle de la plupart des gens est de s'esquiver à leur responsabilité. En conséquence, la Michna juge nécessaire de souligner que l'on doit travailler dur pour surmonter son inertie naturelle et s'employer fortement à faire ce qui doit être fait pour la communauté et pour le peuple juif.

L'un des facteurs qui contribuent à cette réticence naturelle à se lever et à faire ce qui est nécessaire est le désir de confort et la peur des difficultés. Cependant, en vérité, l’une des clés du bonheur et du succès dans la vie est la capacité de surmonter le désir d’une vie facile et de se lever et de faire ce qui est nécessaire. Bien que cela soit difficile au début, la personne ressent un grand sentiment d'accomplissement et de satisfaction une fois qu'elle a surmonté son Yétser Hara’ (mauvais penchant) et pris les mesures nécessaires.

Durant la période des Yamim Noraïm (jours redoutables), les Ba’alé Moussar enseignent que l'une des clés d'un jugement réussi est d'être un Mézakè Harabim, quelqu’un qui donne du mérite au public. La raison en est que, même si une personne en particulier peut mériter une certaine punition, si elle est nécessaire à de nombreuses personnes, cela sera pris en considération dans son jugement et elle pourra être épargnée grâce à cela. Une personne qui tient compte de l’exhortation d’Hillel et fait ce qui est nécessaire pour la communauté sera beaucoup plus susceptible d'avoir un jugement positif durant ces moments.

 

[1] Voir Rachi, Maguen Avot du Rachbats et ‘Anaf ‘Ets Avot du Rav Ovadia Yossef

[2] Ména’hot 99

[3] Il va sans dire que de nombreux facteurs entrent en jeu en ce qui concerne le temps à consacrer à la sensibilisation, et les idées exprimées ci-dessus ne signifient pas que chaque personne devrait devenir un professionnel de la sensibilisation à plein temps. Chaque personne doit parler à quelqu'un qui connaît bien ces domaines pour savoir comment procéder.