On distingue deux catégories de Mitsvot : celles qui demandent une action avec la participation du corps (‘Hovot Hagouf) comme mettre les Téfilin ou agiter un Loulav pendant les fêtes de Soucot, et celles qui concernent la pensée et le sentiment (‘Hovot Halévavot) : croire en D.ieu, L’aimer, Le craindre, etc. 

Les commentateurs s’interrogent sur comment parvenir à éprouver des sentiments tels que l’amour de D.ieu, quand on sait combien il est difficile d’éveiller le cœur à ressentir quelque chose qui nous fait défaut. Maïmonide proposera d’observer les merveilles de la nature, l’auteur du ‘Hovot Halévavot de considérer tous les bienfaits qu’Hachem nous octroie. Mais si malgré ces conseils, nous ne parvenons pas à ressentir de l’amour pour D.ieu, comment peut-on accomplir ce commandement positif ? La réponse se trouve dans la faculté intrinsèque que possède l’homme de réveiller ses sentiments grâce à des actes concrets.

Au début du ‘Houmach Vayikra, la Torah commence par les lois concernant les sacrifices de don volontaire (à l’opposé des sacrifices expiatoires et obligatoires). Bien qu’il n’y ait aucune obligation de les offrir sur l’autel du Temple, il a été donné à l’homme la possibilité de le faire à titre de Nédava (don). Ceci afin de nous permettre d’exprimer nos sentiments envers D.ieu et d’éveiller parallèlement notre amour envers Lui. La Torah nous dévoile la clé qui va permettre d’actionner le système émotif de l’être humain : le fait de donner. Quand on offre un présent à autrui, on commence à l’aimer ; plus on persiste dans ce chemin, et plus nos sentiments se développent.

De façon générale, nous pouvons aussi construire notre caractère en actionnant notre corps avec des gestes qui sont en corrélation avec ce que nous voulons obtenir. Ainsi pour être zélé, il faut agir en se déplaçant avec empressement et rapidité ; pour sortir de l’avarice, distribuer largement de la Tsédaka ; pour acquérir la patience, dénouer des fils emmêlés ; etc. L’acte (approprié) est la thérapie par excellence de tous les maux de l’âme comme les complexes, les peurs, les angoisses, le manque de confiance en soi. 

Le don représente “l’ustensile” qui permet de rapprocher les cœurs avec son prochain, son conjoint, et aussi comme nous l’avons rapporté avec notre Créateur. Les commentateurs expliquent que lorsque l’on offre quelque chose à une personne, on lui donne quelque part une partie de nous-mêmes, de ce qui nous appartient, et automatiquement - dans la mesure où par nature on s’aime -, on va se mettre à aimer celui qui reçoit ce présent.

Nous nous approchons des fêtes de Pessa’h qui viennent marquer le souvenir de la délivrance de nos ancêtres par D.ieu qui, bouleversant les lois de la nature, nous montre qu’Il est bien le Créateur de ce monde. La fête de Pessa’h représente donc le moment propice pour affermir notre Emouna, et voila que là aussi cette fête va s’exprimer par des actions et non pas par de la réflexion : manger de la Matsa et boire 4 coupes de vin accoudés, consommer de la laitue (Maror) et, au temps du Temple, apporter le sacrifice pascal qui se préparait d’une façon particulière. Ces gestes, reproduits chaque année de génération en génération depuis plus de 3000 ans, forgent la croyance du ‘Am Israël. Le fait même de raconter la Haggada, l’accompagnant de chants, est aussi une expression concrète puisqu’on est obligé de bouger les lèvres pour s’exprimer. 

La Torah nous a légué par ces Mitsvot le secret qui permet de construire l’identité juive de notre peuple et sa Emouna : l’acte.