"L'antisémitisme n'est pas un fait divers (...) Mon sentiment est que la sanction n'est pas à la mesure" de la gravité des faits. Pour la mère d'Ilan Halimi, le jeune juif tué en 2006 en région parisienne, le verdict rendu vendredi par la justice ne saurait mettre un point final à l'affaire.
Vendredi soir Youssouf Fofana, chef du "gang des barbares", a été condamné à la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Cette peine, la plus lourde du code pénal, est conforme à ce qu'avait réclamé l'accusation. Ses 26 coaccusés, mêlés à des degrés divers au rapt, à la séquestration ou poursuivis pour non dénonciation de crimes, ont écopé de peines allant de six mois de prison avec sursis à 18 ans de réclusion, auxquelles s'ajoutent deux acquittements. Pour la majorité des condamnés les peines infligées sont légèrement en deçà de celles qui avaient été requises le 30 juin.
"L'IMPORTANT EST DE REVISITER CE VERDICT"
Dans un entretien avec Leparisien.fr, publié dimanche 12 juillet, Ruth Halimi confie qu'elle vit "très mal" ce verdict. Selon elle, les complices de Fofana ont eu "un rôle plus efficace". "Ils l'ont aidé et agi pour massacrer Ilan. Il faut qu'ils soient condamnés pour ce qu'ils ont fait." Sans aller jusqu'à demander un nouveau procès, la mère d'Ilan Halimi juge que "l'important est de revisiter ce verdict d'une manière ou d'une autre. Si ce procès s'était tenu en public, comme nous le réclamions, il aurait été plus percutant."
Depuis vendredi, de nombreuses associations s'étaient élevées contre le verdict. Dans un communiqué publié samedi, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) se dit "inquiet, comme l'est la communauté juive de France" et "espère que, s'il y a appel, la législation permettra à ce nouveau procès d'être public". "Cette tragédie a été aggravée par le huis-clos qui a entouré ce procès et qui lui a retiré la valeur exemplaire et pédagogique qu'il aurait dû avoir", est-il ajouté.
"UNE JUSTICE EXEMPLAIRE"
Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a aussi appelé à manifester lundi soir place Vendôme à Paris, non loin du ministère de la Justice, pour réclamer un appel du parquet général. L'Union des étudiants juifs (UEJF) se dit également choquée par le verdict, soulignant que tout a été mis en oeuvre pour "éviter de tirer les leçons" d'un meurtre antisémite.
Samedi, le magistrat Philippe Bilger, qui représentait l'accusation à ce procès, a toutefois défendu la décision de la cour d'assises des mineurs, la qualifiant d'"exemplaire". "La cour d'assises a réussi à la fois à porter un regard de rigueur et de sévérité, et en même temps n'a pas occulté le caractère singulier de chacun des êtres qui étaient présents dans le box, c'est une justice exemplaire", a-t-il déclaré sur France Info. "Je ne comprends même pas le procès qui est fait au procès".
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