Gang des barbares: Youssouf Fofana fait appel
Le procès en appel du meurtre du jeune juif Ilan Halimi en 2006, voulu par le gouvernement après un verdict jugé trop clément, se tiendra avec le principal accusé, Youssouf Fofana, qui a fait appel vendredi de sa condamnation à la peine maximale.
- Publié le 17-07-2009 à 00h00

Emboîtant le pas au parquet général, Youssouf Fofana a fait appel de sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une mesure de sûreté de 22 ans, pour avoir enlevé, séquestré et torturé à mort en février 2006 Ilan Halimi, un jeune homme de confession juive, tandis que 24 avocats de la défense ont dénoncé vendredi "la mainmise du pouvoir politique sur les décisions de justice".
Dans un communiqué commun, les 24 défenseurs demandant à la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, d'ordonner au parquet général de retirer l'appel, rappelant que la Cour, composée de trois magistrats et neuf jurés, "représentants directs du peuple français", a rendu vendredi dernier un verdict équilibré, conforme dans la hiérarchie des peines aux réquisitions de l'avocat général et "tenant compte de la gravité des faits et des circonstances terribles de la mort d'Ilan Halimi".
"Comment admettre qu'un examen aussi attentif, qu'une décision prise en conscience par douze juges soit ainsi foulée au pied par le garde des Sceaux sur la seule pression d'un avocat de partie civile transformé en accusateur public et d'associations ignorantes du dossier", s'interrogent les signataires du texte qui organiseront mardi prochain une conférence de presse.
Après un "temps de réflexion", le principal instigateur et exécuteur de l'enlèvement et de l'assassinat d'Ilan Halimi, Youssouf Fofana, qui n'était pas concerné par cet appel collectif, a décidé de son côté de faire appel. "A partir du moment où le procureur général a fait appel sur instruction pour 14 des accusés et qu'il y a aura donc un nouveau procès, il veut en être", a indiqué son avocat, Me François-Pascal Géry à l'Associated Press. Pour leur part, les signataires du communiqué dénoncent aussi les pressions exercées par Me Francis Szpiner, l'avocat de la famille Halimi, pour obtenir une modification législative qui permettrait la tenue d'un procès public en appel, le premier s'étant tenu à huis clos en raison de la minorité de deux des 27 accusés au moment des faits.
Une proposition de loi en ce sens a été enregistrée le 8 juillet dernier par le bureau de l'Assemblée nationale à l'initiative du député UMP de l'Aube, François Baroin, avocat et ancien collaborateur de Me Szpiner, et du député PS Jack Lang. Ils souhaitent qu'à l'avenir "la publicité des débats, qui ne saurait porter atteinte à la protection des droits de la victime et des mineurs, soit portée à l'appréciation de la cour et non laissée à la seule volonté de l'un des accusés".
Les avocats signataires craignent que cette "ingérence politique est la porte ouverte à un contrôle des décisions rendues par des jurys populaires" et rappellent avec gravité que la justice "ne peut être rendue qu'en toute indépendance. C'est la condition pour qu'elle soit comprise et respectée", ont-ils ajouté. Pour marquer le coup, et de manière purement symbolique, les 14 accusés faisant objet de l'appel du parquet général, ont également fait appel de leur condamnation, alors que tous étaient prêts à accepter le verdict rendu par la Cour, selon leurs avocats.
C'est la condamnation de la jeune fille qui a servi d'appât pour enlever Ilan Halimi à neuf ans d'emprisonnement qui avait particulièrement indigné la famille d'Ilan Halimi et son avocat, Me Francis Szpiner, qui n'a cessé de dénoncer un verdict "indulgent".
Trois jours après le verdict critiqué non seulement par la famille de la victime mais aussi par des associations de lutte contre l'antisémitisme, le parquet général de la cour d'appel de Paris a fait appel lundi, comme le lui demandait la ministre de la Justice, des condamnations inférieures aux réquisitions prononcées dans le procès sur l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006. Youssouf Fofana a écopé de la peine maximale, ses deux lieutenants de 15 et 18 ans.