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Israël craint des pressions financières américaines

Les États-Unis ont protesté auprès d'Israël contre la prochaine construction d'un immeuble dans la partie arabe de Jérusalem. ASSOCIATED PRESS

A plusieurs reprises, les Etats-Unis ont utilisé les garanties bancaires comme moyen de pression pour obtenir des concessions de l'Etat hébreu.

(Article publié dans Le Figaro du 21 juillet 2009)

Les colonies israéliennes de Cisjordanie risquent de coûter cher aux contribuables israéliens. Après les pressions politiques pour imposer un gel de la construction de logements dans ces implantations, Barack Obama pourrait passer aux sanctions économiques. Les responsables du Trésor, pour ne pas être pris au dépourvu, planchent d'ores et déjà sur ce scénario. Selon les médias, le président américain pourrait en effet réduire d'un milliard de dollars le montant des garanties bancaires du Trésor américain accordées à l'État hébreu pour lui permettre de lever des emprunts dans les meilleures conditions possibles.

Une mesure douloureuse

Le président américain sanctionnerait ainsi Benyamin Nétanyahou, le premier ministre resté sourd à ces appels. Si tel était le cas, Israël ne disposerait plus que de 2,8 milliards de dollars de garanties bancaires pendant les deux prochaines années. Détail important : cette «punition» dont le montant est censé correspondre aux investissements publics israéliens dans les quelque 120 colonies de Cisjordanie où vivent près de 300 000 Israéliens, ne concerne pas l'aide militaire américaine, qui va atteindre cette année 2,7 milliards de dollars. Cette manne sert avant tout à acquérir des armes «made in USA». Bref, Barack Obama pourrait ainsi marquer son mécontentement sans être accusé de porter atteinte à la sécurité d'un pays récalcitrant mais reste un allié dans la région.

Dans le passé déjà, George Bush, considéré comme le président le plus «pro-israélien» de l'histoire des États-Unis, avait utilisé les garanties bancaires comme moyen de pression en les réduisant au total d'un milliard de dollars en 2003 et 2007. Dans ces cas aussi le président américain entendait exprimer son opposition à la colonisation. Mais ces décisions avaient été passées rapidement par pertes et profits sans dramatisation. Cette fois-ci, en revanche, cette mesure risque d'être beaucoup plus douloureuse. Crise économique mondiale oblige, Israël pourrait être contraint à recourir à d'importants emprunts pour combler le déficit budgétaire.

Mais la grande inconnue dans cette affaire porte sur le montant exact des investissements dans les colonies. La radio militaire israélienne a récemment indiqué que le budget de 2009 prévoyait 250 millions de dollars de crédits. Selon La Paix maintenant, un mouvement opposé à la colonisation, il ne s'agirait que de la partie visible de l'iceberg. Les sommes dépensées en Cisjordanie seraient beaucoup plus élevées.

100 milliards de dollars dans la colonisation

Dans la même mouvance, le quotidien libéral Haaretz estimait lundi qu'en quatre décennies, ce sont 100 milliards de dollars qui auraient été «gaspillés» dans la colonisation avec la construction de dizaines de milliers de logements et d'un dense réseau routier aux détriments de régions telles que la Galilée (Nord) ou le Néguev (au Sud).

Le Conseil des implantations de Judée-Samarie (Cisjordanie), la principale organisation de colons, évoque des montants très inférieurs tout en dénonçant le «gel presque total de la construction depuis le début de l'année». Seule certitude : le budget officiel ne comporte pas de rubrique «implantations». Les dépenses sont ventilées sur plusieurs ministères et organismes paragouvernementaux. Si bien qu'établir un bilan relève d'un exercice comptable particulièrement ardu.

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