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La difficile relance de l'Union pour la Méditerranée

Projet ambitieux développé à l'initiative de Nicolas Sarkozy, l'UPM n'en demeure pas mois un processus fragile soumis aux aléas du contexte politique, notamment au Proche-Orient en 2009. 

Par Natalie Nougayrède

Publié le 29 juillet 2009 à 13h30, modifié le 03 mars 2011 à 11h10

Temps de Lecture 3 min.

Le ministre français de l'écologie, Jean-Louis Borloo, présidait, le 25 juin 2009 à Paris, la réunion ministérielle de l'Union pour la Méditerranée (UPM) sur le développement durable.

La guerre de Gaza avait tout gelé. Six mois plus tard, les réunions de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le grand projet de Nicolas Sarkozy lancé en juillet 2008 comme une réalisation majeure de la présidence française du Conseil européen, ont repris. D'abord informelles, puis formelles, avec deux réunions ministérielles - le 25 juin à Paris et le 7 juillet à Bruxelles - consacrées au développement durable et aux questions financières.

Mais le processus est "très fragile" et reste exposé aux aléas du contexte politique au Proche-Orient, disent les diplomates. Cela dépendra, soulignent les proches du dossier, de ce que l'administration Obama réussira, ou non, à accomplir pour faire avancer le processus de paix.

Comment l'UPM, vaste regroupement de 43 pays sur les deux rives de la Méditerranée, a-t-elle pu être réanimée, alors que l'offensive israélienne à Gaza, en décembre et janvier, avait amené les pays arabes à exiger sa suspension, jugeant inimaginable de s'asseoir, après tant de morts et de destruction, à la même table que des représentants de l'Etat juif ?

C'est à un revirement notable dans l'attitude des Arabes, précisément, que l'UPM doit sa survie institutionnelle. L'Egypte, qui copréside l'Union, a joué un rôle central, déployant une diplomatie adroite et tactique. Le Caire a fait le constat suivant : le boycottage de l'UPM, qui se poursuivait de facto depuis la première semaine de janvier, avait fini par se révéler indolore pour Israël. Mieux valait donc s'emparer de ce forum multilatéral pour se faire entendre. En somme, utiliser l'UPM comme une tribune pour dénoncer les agissements d'Israël, qui maintient un blocus total de Gaza, où aucun sac de ciment n'a été autorisé à entrer depuis six mois, malgré les besoins urgents de reconstruction.

L'Egypte a réussi à rallier à ce point de vue l'ensemble du groupe arabe, alors qu'en janvier des pays comme la Syrie, le Liban et l'Algérie avaient été en pointe pour exiger le gel de l'UPM jusqu'à nouvel ordre. La France, architecte de cette "Union de projets" qui avait suscité en 2008 de fortes réticences en Europe même, notamment côté allemand, récolte ainsi les dividendes de sa volonté d'ériger la relation avec l'Egypte en partenariat privilégié.

"ÇA COGNE"

La reprise a été difficile. Passé la guerre de Gaza, les diplomates français misaient sur un redémarrage de l'UPM après le sommet de la Ligue arabe à Doha, fin mars.

Le 23 avril, une première tentative avait lieu. Et échouait. Les Arabes fixaient comme condition qu'Israël reconnaisse les acquis de l'UPM tels qu'ils avaient été fixés en novembre 2008 lors de la première réunion ministérielle, à Marseille. A savoir, une réaffirmation du principe des "deux Etats" (la Palestine et Israël). Mais lors de la réunion, les représentants israéliens refusèrent de s'engager, arguant d'une "revue en cours" de leur politique, après la formation du nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

Pour sortir de l'impasse, la décision était prise de procéder par des réunions informelles. Un groupe de travail réunissant une trentaine de pays de l'UPM (les principaux européens et arabes, plus Israël) était constitué pour plancher sur les statuts de l'organisation, notamment son secrétariat général. Certains projets concrets (énergie solaire, protection civile, financement des entreprises) ont pu progresser.

"Les Arabes se sont aperçus qu'ils pouvaient utiliser les réunions pour demander des comptes à Israël devant les Européens ; c'est assez malin", constate un diplomate, témoin des discussions. Dans le huis clos des réunions d'ambassadeurs, "ça cogne", ajoute cette source. Certes, les remontrances faites à Israël dans ce cadre se font loin des médias, mais "les messages passent au niveau des chancelleries".

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L'UPM, que le président français décrivait en 2008 comme une enceinte destinée à semer les graines de la paix entre Arabes et Israéliens en s'inspirant du modèle de la construction européenne et de la réconciliation franco-allemande, est ainsi utilisée à des fins politiques par les Etats arabes, dans un contexte de lourdes incertitudes au Proche-Orient.

Paris ne s'en plaint pas, mais sait que la suite dépend de la diplomatie américaine dans la région. Le pire a été évité, c'est-à-dire le démantèlement de l'UPM, projet dont certains pays arabes craignaient qu'il mène à une normalisation de leurs relations avec Israël en l'absence d'un processus de paix. Le projet de l'UPM "a survécu à toutes les épreuves, il grandit", a commenté Henri Guaino, le conseiller spécial de l'Elysée.

Les prochaines étapes ? Après la pause de l'été et du ramadan, des réunions doivent reprendre en octobre. Le point d'orgue devrait être la réunion des ministres des affaires étrangères prévue à Istanbul, fin novembre. Mais à ce stade, nul ne sait si le cours des événements au Proche-Orient permettra qu'elle se tienne.

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