Les Douze salopards à la sauce Tarantino

Patrick Laurent
Les Douze salopards à la sauce Tarantino
©Capital Pictures

"Inglorious basterds" : lLa guerre 40-45 version comédie, péplum et western


Waltz : "Sans ce rôle, j'arrêtais le ciné"


L'Usain Bolt du verbiage !


BRUXELLES À la guerre, tous les coups sont permis. Surtout les plus tordus portés à l'adversaire. Pour traquer les Juifs qui se cacheraient parmi la population française, Hitler envoie au pays des fromages son plus fin limier, le plus raffiné dans la cruauté aussi, le colonel Landa. Une sorte d'aristo SS, effrayant d'intelligence et de capacité de manipulation. De l'autre côté de l'Atlantique, la méthode est plus brutale. Mais tout aussi efficace. Entouré de brutes épaisses qui déciment les Allemands à coups de batte de base-ball avant de les scalper, le lieutenant Aldo Raine n'a qu'une seule mission : massacrer les nazis de la manière la plus ignoble possible, pour saper le moral des troupes. Et quand il en laisse fuir un, c'est marqué d'une croix gammée sur le front.

Notre avis : 3 étoiles

Comme souvent chez Tarantino, le récit n'est pas essentiel. Il se découpe d'ailleurs en trois chapitres aux liens pour le moins ténus. Seuls comptent vraiment les personnages, prêts à tout pour atteindre leurs objectifs, et les hommages au cinéma qu'il adore.

En grande forme, le fou furieux de la caméra filme la guerre comme un western lent et sadique de Sergio Leone (avec une scène copiée d'Il était une fois dans l'Ouest), tout en s'offrant de multiples détours par la comédie (Brad Pitt, caricatural, se la pète façon gros bras des années 50), le péplum (une séquence extraordinaire, durant laquelle on entend une batte de base-ball frapper les murs d'une grotte immense dont va sortir L'ours juif, à la grande terreur des soldats capturés) et, naturellement, à lui-même (le massacre dans une taverne bondée d'Allemands, digne de Kill Bill).

Comme toujours aussi, Tarantino ne peut s'empêcher d'en faire trop, d'ajouter des séquences trop longues ou inutiles (sur les résistants français, par exemple), au point de modifier complètement le cours de l'Histoire par un rebondissement burlesque.

Gros divertissement qui part dans tous les sens illustrant avec dérision la célèbre question "La fin justifie-t-elle les moyens ? ", Inglorious basterds apporte une belle bouffée de bonne humeur ou de show à l'américaine. Et fascine par moments grâce à un acteur exceptionnel, dont la composition méritait sans l'ombre d'un doute le prix d'interprétation à Cannes : Christoph Waltz. Ce comédien autrichien inconnu, élégant, distingué dans l'ignominie, se hisse au niveau d'Hannibal dans le palmarès des pires salopards du 7e art. Il va hanter bien des cauchemars, c'est sûr. Ne serait-ce que pour lui, il faut voir ce film hors norme.

Inglorious basterds

Film de guerre

Réalisé par Quentin Tarantino

Avec Brad Pitt, Diane Kruger, Mélanie Laurent, Eli Roth, Christoph Waltz

Durée 2 h 35



© La Dernière Heure 2009


Du vin pour décider Brad Pitt

Brad Pitt s'est manifestement amusé durant le tournage d'Inglorious basterds. Et durant la promo aussi. Au point de ne jamais répondre sérieusement à la moindre question. "Quentin m'a rendu visite à la fin de l'été 200 , lâche-t-il pour expliquer comment il s'est retrouvé dans ce projet farfelu. Il m'a donné le script et on a parlé cinéma tout le temps. Le lendemain matin, au réveil, il y avait sur la table cinq bouteilles de vin vides et des instruments pour fumer que je ne connaissais pas du tout... Six semaines plus tard, j'étais le lieutenant Aldo ! " Sans le moindre regret.

"C'est un plaisir de travailler pour un auteur qui adore le cinéma. Je cherche toujours quelque chose de neuf. Avec le temps qui passe, c'est plus important de se retrouver en bonne compagnie car on reste loin de chez soi pendant de longs mois. Si on doit s'éloigner de sa famille, autant que ce soit pour se retrouver avec des gens qu'on apprécie. Et avec l'âge, c'est plus facile de faire des choix. "

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