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Polémique en Israël autour de travaux d'artistes mettant en scène le terrorisme

Deux plasticiennes israéliennes voulaient présenter des reproductions de Vierge à l'enfant dont le visage était celui de Palestiniennes auteurs d'attentats meurtriers. L'exposition a été annulée.

Par Laurent Zecchini

Publié le 17 septembre 2009 à 15h46, modifié le 17 septembre 2009 à 15h46

Temps de Lecture 2 min.

Galina Bleikh et Lilia Chak ont besoin de se "reconstruire", de retrouver la sérénité. Le matin même de l'ouverture de leur exposition à Tel-Aviv intitulée : "Une femme, une mère, une meurtrière : portraits de Ferror" (la "terreur féminine"), le 3 septembre, un appel téléphonique les ont réveillées : tout était annulé. Le scandale, sur fond de colère et de douleur des familles des victimes, était trop grand.

Il n'y avait plus qu'à décrocher les toiles, partir, vite, pour Jérusalem, et s'enfermer dans un studio discret, en attendant que "l'onde de choc s'apaise". Les sept tableaux de l'exposition qui a provoqué tant d'émoi sont aujourd'hui posés contre un mur. Ce sont des reproductions de Vierge à l'enfant, signées Raphaël, Bellini, Botticelli, sans altération aucune, sauf le visage.

En lieu et place, celui de sept femmes kamikazes palestiniennes, responsables d'attentats, de 2002 à 2004, dont le nom est dans la mémoire de tous les Israéliens : rue Jaffa, le marché Mahane Yehuda à Jérusalem, le restaurant Maxim à Haïfa... Des dizaines de morts, des centaines de blessés, des femmes et des enfants déchiquetés. Mais les visages sont ceux de la féminité : "Elles sont dangereusement belles", reconnaît Galina Bleikh.

"Nous ne voulions blesser personne, ajoute-t-elle, tout cela a été sorti de son contexte. Ces réactions violentes nous ont fait beaucoup de peine. On a retenu les visages de "madones terroristes", et pas le reste, le concept de cette exposition." Le "reste" se décline en une deuxième série de sept tableaux couleur de terre, la terre du lieu des massacres, prélevée et pulvérisée sur la toile. "La terre garde la mémoire, les sentiments, elle a une âme, une énergie, parce que c'est la terre sainte", explique Galina Bleikh. A côté des toiles, quelques lignes relataient les circonstances de chaque attentat.

Liberté et "provocation"

Les familles des victimes, outragées, choquées, n'ont pas compris cette vision artistique et intellectuelle de la terreur. Soutenues par des députés et des ministres, elles se sont mobilisées pour interdire une "sanctification du terrorisme", un "amalgame honteux", "une gifle au visage des victimes". Galina Bleikh se défend, explique qu'une madone "est un symbole universel de maternité. Nous voulons montrer que l'enfant porté par ces vierges palestiniennes est en danger, ajoute-t-elle, pas seulement au Proche-Orient, partout dans le monde".

Galina Bleikh revendique la liberté de l'artiste, celle d'illustrer des "contrastes", de recourir à la "provocation", et elle ne pense pas avoir franchi des "limites". C'est une artiste reconnue, qui, comme Lilia Chak, est diplômée de l'Académie d'art de Saint-Pétersbourg. Toutes deux ont émigré en Israël dans les années 1990. Galina Bleikh a exposé ces dernières années aux Etats-Unis, en Europe et au Japon.

Cette exposition est le fruit d'un travail de deux ans. Les deux artistes ne renonceront pas à la montrer en Europe et aux Etats-Unis. Des négociations sont en cours avec des galeries à Paris et à New York. Galina Bleikh espère que le public verra dans "Ferror" la dénonciation du terrorisme, et non sa sanctification. A New York, ville du 11-Septembre qui abrite la deuxième communauté juive du monde après Israël, le pari n'est pas gagné.

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