Changement de cap travailliste
Les travaillistes israéliens se sont dotés d'un nouveau président, mardi - le sixième en six ans. Lors de leur premier tour de primaires, il y a deux semaines, les quelque cent mille membres du parti avaient déjà évincé Amir Peretz. Ils l'avaient couronné il y a à peine un an et demi, mais il est tombé en disgrâce pour avoir choisi le portefeuille de la Défense et contribué aux ratés de la dernière guerre au Liban.
- Publié le 12-06-2007 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Les travaillistes israéliens se sont dotés d'un nouveau président, mardi - le sixième en six ans. Lors de leur premier tour de primaires, il y a deux semaines, les quelque cent mille membres du parti avaient déjà évincé Amir Peretz. Ils l'avaient couronné il y a à peine un an et demi, mais il est tombé en disgrâce pour avoir choisi le portefeuille de la Défense et contribué aux ratés de la dernière guerre au Liban.
Le résultat du scrutin n'allait se clarifier que dans la nuit. Car la course entre les deux challengers était serrée. Mais l'avantage devait se confirmer pour l'ex-chef d'état-major de l'armée et ex-Premier ministre, Ehoud Barak, récemment revenu d'une traversée du désert politique durant laquelle il a fait fortune privée aux Etats-Unis, contre l'ex-commandant des forces navales et ex-chef du Shin Beth Ami Ayalon, fraîchement reconverti dans le dialogue israélo-palestinien et débutant à la Knesseth. "Il semble qu'Ehud Barak a gagné ces élections, et les deux camps sont d'accord sur ce constat" , indiquait à l'AFP le secrétaire général du parti Eitan Cabel. Alors que les partisans de M. Barak se rassemblaient au quartier général de ce dernier, qui devait prononcer son discours de la victoire.
Le changement de direction travailliste pèsera sur l'avenir du gouvernement israélien, qui est au plus bas de sa popularité. Car avec leurs 19 sièges, les travaillistes sont actuellement le second parti à la Knesseth et le principal partenaire du Premier ministre Ehoud Olmert et de son parti Kadima.
Sans eux, M. Olmert perdrait sa majorité parlementaire et aurait peu de chances de survivre jusqu'aux prochaines législatives, prévues normalement pour 2010. Or, M. Barak a annoncé qu'une fois élu, il sommerait Ehoud Olmert de démissionner, en raison de la gestion de la guerre au Liban. Ehoud Barak donne à M. Olmert jusqu'à la fin de cet été - jusqu'au rapport final sur la guerre au Liban - pour démissionner et avancer les législatives à 2008. Si M. Olmert accepte, M. Barak est prêt à servir dans le gouvernement sortant au poste de la Défense.
Pour les analystes, le nouveau leadership travailliste conduira donc inéluctablement à la chute personnelle d'Ehoud Olmert, et probablement aussi à un retour anticipé aux urnes nationales. Mais M. Olmert ne croit pas en l'ultimatum des travaillistes et demeure convaincu qu'il surmontera ce nouvel écueil.
Pas de successeur à Olmert
Primo, Kadima ne lui a pas encore trouvé de successeur "durable", capable de maintenir l'équilibre gouvernemental existant. La ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, est la favorite du public, mais pas celle de l'aile droite de la coalition - les russophones d'Avigdor Lieberman et les sépharades orthodoxes de Chass. L'autre adjoint de M. Olmert, Shimon Pérès, est plus consensuel, mais il ne sera plus disponible s'il est élu ce mercredi à la présidence de l'Etat (lire ci-dessous). Secundo, M. Olmert doute que les députés et ministres travaillistes veuillent quitter le confort du pouvoir et se risquer dans des législatives prématurées qui, selon tous les pronostics, ramèneraient Benjamin Netanyahou et son Likoud à la tête du pays.
M. Olmert espère donc profiter du changement travailliste pour remanier son gouvernement de façon à regagner la confiance du public. Entre autres, en nommant un ministre de la Défense aguerri. Si les travaillistes insistent et quittent le gouvernement, M. Olmert n'exclut pas de renverser les alliances et proposer une union avec le Likoud. Ou un gouvernement d'union nationale pour affronter les intempéries à venir sur les fronts palestinien et libano-syrien.