Shimon Pérès succède à Moshe Katsav

Shimon Pérès succède à Moshe Katsav
©AP

Il prendra ses fonctions le 15 juillet pour un mandat de sept ans


JERUSALEM Une dernière victoire pour Shimon Pérès: l'ancien ministre et prix Nobel de la paix devient président d'Israël et succéde à Moshe Katsav, sous le coup d'une enquête pour viol et agressions sexuelles.
Il n'a manqué que trois voix à Shimon Pérès, âgé de 83 ans, pour être élu dès le premier tour de scrutin à la Knesset, le Parlement. Ses deux adversaires se sont alors retirés, lui laissant le champ libre pour le second tour.
Lors du vote à bulletin secret, l'ancien ministre, membre du parti centriste au pouvoir Kadima, a obtenu 58 voix, trois de moins que la majorité absolue, contre 37 pour le député et ancien président de la Knesset Reuven Rivlin, du Likoud, et 21 pour la députée travailliste Colette Avital.

Reuven Rivlin a retiré alors sa candidature et apporté son soutien à Shimon Pérès. Colette Avital avait jeté l'éponge un peu plus tôt, les travaillistes faisant savoir qu'ils voteraient pour M. Pérès.
Le prochain président prendra ses fonctions le 15 juillet pour un mandat de sept ans. La stature internationale de Shimon Pérès et les circonstances du départ de Moshe Katsav ont donné un retentissement inhabituel à l'élection du président.
Ce poste reste largement protocolaire même si le chef de l'Etat hébreu est censé être le garant de l'unité du pays et un repère moral. Les Israéliens espèrent que Shimon Pérès pourra contribuer à réhabiliter une fonction ternie par le scandale. Moshe Katsav avait en effet été obligé de quitter provisoirement ses fonctions pour se défendre contre des accusations de viol ou agression sexuelle sur quatre anciennes employés. Il n'a pas été encore officiellement inculpé dans cette affaire.

Shimon Pérès prend ainsi sa revanche, puisque la présidence lui avait échappé en 2000, l'un des revers aussi cinglants qu'inattendus qui ont émaillé six décennies d'une longue et prestigieuse carrière politique. Moshe Katsav l'avait emporté notamment grâce au soutien de l'influent rabbin Ovadia Yossef du parti ultra-orthodoxe Shass, qui cette fois a donné sa bénédiction à M. Pérès.
C'est "peut-être ma dernière chance de servir le pays", avait lancé Shimon Pérès en annonçant sa candidature le mois dernier. L'un des principaux conseillers du premier chef de gouvernement de l'Etat hébreu, David Ben-Gourion, il a été élu pour la première fois à la Knesset en 1959 et aura occupé tous les grands postes ministériels: défense, finances et affaires étrangères. Mais il n'aura jamais été Premier ministre que par intérim ou provisoirement, jamais après avoir conduit son camp à la victoire.

En tout, il servira trois fois brièvement à la tête du gouvernement, la première en 1977 à la suite de la démission de Yitzhak Rabin; en 1984, il devient Premier ministre pour deux ans avant de céder la place à son rival du Likoud Yitzhak Shamir à la suite d'un accord de coalition inhabituel, aucun vainqueur net n'étant sorti des urnes; en 1995, il assure à nouveau l'intérim après l'assassinat de Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, mais c'est le Likoud de Benyamin Nétanyahou qui remporte une victoire surprise sept mois plus tard.
Pendant presque toute sa vie politique, Shimon Pérès a été membre du Parti travailliste. Mais en 2005, les travaillistes préfèrent élire Amir Peretz à leur tête. Ce camouflet l'incite à rejoindre Kadima, la nouvelle formation centriste fondée par son ami de longue date et rival politique de toujours Ariel Sharon.

Ses défaites électorales lui donnent une image de perdant souvent raillée dans son pays mais ses efforts en faveur du processus de paix israélo-palestinien lui valent aussi un grand prestige à l'étranger. Il est à la tête de la diplomatie israélienne lors de la signature des accords d'Oslo à la Maison Blanche en 1993. En 1994, il partage le prix Nobel de la paix avec Yitzhak Rabin et le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...