Pérès Président : enfin, la consécration
Enfin, la consécration : Shimon Pérès devient le neuvième président de l'Etat d'Israël. La Knesseth l'a élu par 86 voix sur 120, après que ses rivaux - le député Likoud, Réouven Rivlin, et la députée travailliste, Colette Avital - ont été battus au premier tour et se sont désistés.
- Publié le 13-06-2007 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Enfin, la consécration : Shimon Pérès devient le neuvième président de l'Etat d'Israël. La Knesseth l'a élu par 86 voix sur 120, après que ses rivaux - le député Likoud, Réouven Rivlin, et la députée travailliste, Colette Avital - ont été battus au premier tour et se sont désistés. Le Parlement s'est ainsi fait l'écho de l'opinion publique, qui veut aujourd'hui M. Pérès comme son "citoyen numéro un", pour rendre aura et respectabilité à la fonction honorifique.
M. Pérès succède en effet à Moshé Katzav, qui l'avait battu dans la même course il y a sept ans, mais a récemment dû se "mettre en congé" à cause d'affaires de moeurs. Certes, la présidence en Israël est protocolaire et représentative. Mais pour M. Pérès, il s'agissait d'effacer l'image d'éternel perdant et numéro deux qui a entaché sa carrière. Car s'il s'est forgé une renommée internationale comme architecte de la réconciliation israélo-palestinienne, rêveur d'un "Moyen-Orient nouveau" et prix Nobel de la Paix, en Israël il a longtemps été mal aimé. Pourtant, même dans l'ombre des grands, il est depuis plus d'un demi-siècle parmi les politiciens les plus influents.
Né en Pologne en 1923, arrivé en Palestine en 1934, il sera rapidement "adopté" par David Ben-Gourion, qui fut le premier chef du gouvernement et ministre de la Défense d'Israël. M. Pérès ne servira pas dans l'armée, mais directeur général puis vice-ministre de la Défense dans les années 50 et 60, il sera parmi ses premiers acquéreurs d'armes et fondateurs de son industrie aéronautique. Et il sera surtout le père du nucléaire israélien.
Il entre aussi à la Knesseth en 1959 et ne la quittera plus. Au service du Parti travailliste, il pratique tous les portefeuilles ministériels, sans toutefois accéder au sommet par son propre mérite. De 1984 à 1990, il partage le poste de Premier ministre avec Yitzhak Shamir dans les gouvernements d'union nationale. De fin 1995 à 1996, il remplace provisoirement le Premier ministre Rabin assassiné.
Faucon sécuritaire devenu colombe, c'est lui qui entraîne M. Rabin dans les accords d'Oslo de 1993. Dans les années 2000, il épaule Ariel Sharon dans sa politique antiterroriste aussi bien que dans son retrait de Gaza. Début 2006, lassé de ses défaites au Parti travailliste, M. Pérès se joint à Kadima où il devient vice-Premier ministre d'Ehoud Olmert.
Shimon Pérès entrera en fonction dans un mois et aura 91 ans lorsqu'il achèvera son mandat. Mais infatigable, il compte rester influent, cette fois au-dessus de la mêlée politique. "Je serai votre président à tous", a-t-il promis à la nation.