Israël: un deuxième mur, et ensuite?

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Israël: un deuxième mur, et ensuite? - Sputnik Afrique
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Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a approuvé dimanche dernier le projet de construction d'un mur de protection le long de la frontière avec l'Egypte d’un coût approximatif de 300 à 400 millions de dollars.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a approuvé dimanche dernier le projet de construction d'un mur de protection le long de la frontière avec l'Egypte d’un coût approximatif de 300 à 400 millions de dollars. 

Il s'agit, en fait, d'un nouveau mur frontalier en béton, doté de systèmes électroniques modernes de surveillance à l'instar de celui qu’Israël a construit en Cisjordanie la dernière décennie. Le nouveau "mur de protection" passera à proximité de la bande de Gaza ainsi que dans la région de la ville balnéaire israélienne d'Eilat située sur la mer Rouge.

L'idée de Benjamin Netanyahou de construire un nouveau mur en béton à la frontière avec l'Egypte « en vue de préserver le pays des terroristes et des clandestins » n'a rien de nouveau. En 2002, le premier ministre étant alors Ehoud Barak, suivi d’Ariel Sharon, Israël avait commencé à ériger un "mur de sécurité", en isolant plusieurs villes et villages palestiniens de Cisjordanie du territoire de l'Etat hébreu. Les militaires israéliens reconnaissent eux-mêmes que le "mur de sécurité" n'a réglé que partiellement le problème de la sécurité. Seuls les Palestiniens et les étrangers dont les noms figurent sur les "listes noires" des services de sécurité israéliens se voient interdire l’accès légal en Israël. Les autres Arabes, qui peuvent être des terroristes potentiels, ayant des papiers en bonne et due forme passent facilement les postes de contrôle et pénètrent en Israël.

Selon Benjamin Netanyahou, le nouveau mur devrait protéger le pays des contrebandiers et des clandestins, surtout en provenance des pays d'Afrique.

La frontière égypto-israélienne couvre une distance de plus de 250 km. C'est, pour l'essentiel, le désert du Sinaï qui est devenu, selon la police israélienne, le point de passage illégal préféré sur la frontière, là où passent des centaines de clandestins, non seulement en provenance d'Afrique, mais même des pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ; or beaucoup d’entre eux ont un passé criminel. En outre, c'est de l'Egypte que peuvent pénétrer les "bombes vivantes" du Hamas en faisant un détour par Eilat. En 2007, un kamikaze avait pénétré en Israël par cette voie et commis un attentat.

Certes, les appréhensions des autorités israéliennes sont justifiées. Mais la question est de savoir quelle sera l’efficacité du nouveau mur et s'il est capable de "verrouiller" les 200 km du désert où se déplacent jusqu'à présent pratiquement sans entrave des nomades locaux, les Bédouins égyptiens et israéliens, qui servent, en règle générale, de guides aux illégaux.

Notons qu'un mur de protection est en train d’être érigé contre les terroristes, les contrebandiers et autres intrus non seulement par Israël, mais aussi par son voisin arabe l'Egypte. A vrai dire, le "mur égyptien" sera non pas terrestre, mais souterrain, et non pas en béton, mais en métal. Le but poursuivi est de se protéger des contrebandiers palestiniens qui ont particulièrement redoublé d'activité après le blocus imposé par Israël autour de l'enclave palestinienne rebelle contrôlée par le Hamas. Le mur souterrain passera le long de la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza et sa longueur sera d'environ 10 km.

Selon la BBC, les autorités égyptiennes, avec l’appui du génie militaire américain, enfoncent dans le sol à une profondeur d'environ 30 mètres des boucliers blindés en acier qui devront bloquer les nombreux tunnels des contrebandiers existant ou projetés.

La question du terrorisme est aussi actuelle pour le Caire que pour Tel-Aviv, c'est pourquoi la réaction égyptienne à la décision de Benjamin Netanyahou a été plus que réservée. C'est "une affaire intérieure d'Israël", a déclaré le ministère égyptien des Affaires étrangères. Les médiateurs égyptiens essaient en vain, depuis trois ans, de réconcilier les mouvements palestiniens opposés, le Fatah et le Hamas, et, parallèlement, de ranimer le dialogue palestino-israélien. Cela étant, la construction du "mur souterrain" est aussi une action politique, un signal lancé par l'Egypte aux dirigeants du Hamas le prévenant que la patience du Caire a ses limites, tout comme le champ de manœuvres politique des dirigeants islamistes, et comme aussi, d'ailleurs, les actions militaires, ainsi que l'a éloquemment montré la guerre menée l'année dernière dans la bande de Gaza (l'opération antiterroriste israélienne "Plomb durci").

Il est peu probable que de nouveaux ouvrages militaires, que ce soit un nouveau mur frontalier ou un "rideau de fer" souterrain, puissent protéger Israël et l'Egypte du terrorisme et de l'extrémisme. Ce problème est avant tout politique, mais le gouvernement de Benjamin Netanyahou n'est enclin à faire des compromis ni au Hamas, ni au Fatah, le mouvement modéré de Mahmoud Abbas. La construction de colonies de peuplement qui se poursuit dans les territoires palestiniens de Cisjordanie contrairement à la volonté de la communauté mondiale et le blocus de la bande de Gaza ne feront qu'envenimer la confrontation. Quant au "processus de paix au Proche-Orient", on peut l'oublier, du moins avec le cabinet israélien actuel.

Ce texte n'engage que la responsabilité  de l'auteur.

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