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Israël a échappé à la récession et s'apprête à rejoindre l'OCDE

Le PIB de l'Etat hébreux a progressé de 0,5 % en 2009. Si l'économie peut s'appuyer sur son savoir-faire technologique, elle souffre en revanche d'un taux de pauvreté élevé.

Par , et Laurent Zecchini et Nathalie Brafman

Publié le 21 janvier 2010 à 14h30, modifié le 21 janvier 2010 à 14h30

Temps de Lecture 3 min.

Israël a de bonnes chances d'adhérer en 2010 à l'Organisation de la coopération et de développement économiques (OCDE). C'est ce qu'a dit Angel Gurria, son secrétaire général, à la suite de sa visite effectuée mardi 19 janvier, à Jérusalem. S'il y a une chose dont peut se féliciter le gouvernement de Benyamin Netanyahu, c'est la manière dont l'Etat juif a traversé la crise économique mondiale. Au printemps, Stanley Fischer, le gouverneur de la banque d'Israël, prévoyait une récession de 1,5 %. Le pays a affiché une croissance de 0,5 % quand la zone OCDE a régressé de 3,5 %. Pour 2010, la banque centrale prévoit une croissance comprise entre 3,5 % et 4 %.

Autres indicateurs encourageants : un taux de chômage de 7,7 % contre 8,2 % pour les pays de l'OCDE et un déficit public limité à 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) Un bémol toutefois : une inflation de 3,8 %, ce qui a conduit la banque centrale israélienne à intervenir. En janvier, elle a relevé son taux d'intérêt de 1 % à 1,25 % : la troisième hausse depuis septembre.

Par ailleurs, le pays accuse certaines pesanteurs et insuffisances. L'OCDE joue un rôle majeur en matière de lutte contre la corruption, or c'est précisément là une des faiblesses de l'économie israélienne : les marchés internationaux concernant l'industrie de défense sont entachés de corruption, et le gouvernement, sous la pression de l'institution militaire, ne fait pas grand-chose pour y remédier.

Dans un rapport publié mercredi 20 janvier, l'OCDE souligne une autre faiblesse : l'aide sociale. Un peu plus de 20 % des foyers israéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté (11 % pour la moyenne des pays de l'OCDE). La pauvreté est concentrée chez les Arabes-Israéliens qui représentent 20 % de la population, dont le taux de pauvreté atteint 50 %, ainsi que chez les juifs ultra-orthodoxes (8 % de la population), qui connaissent un taux de pauvreté de 60 %.

L'économie israélienne est donc à bien des égards déséquilibrée, et ce largement parce qu'elle est inséparable de la situation politique. Même si ce frein ne bride pas le dynamisme économique du pays, une telle situation n'est pas sans conséquences sur le niveau des investissements étrangers en Israël. Et notamment les investissements français. Selon la Banque de France, le stock des investissements directs à l'étranger (IDE) français était estimé à 1,2 milliard d'euros en 2008 - derrière la Belgique et la Suisse - contre quelque 60 milliards d'euros d'IDE étrangers. Et ces investissements sont dirigés essentiellement vers l'immobilier résidentiel (60 %). L'industrie, les transports et le conseil représentent 8,5 % chacun et le secteur financier 7,2 %. Certes de grandes entreprises comme Dassault, Veolia, Thalès ou encore Decaux y sont implantées depuis longtemps. Mais en général, les entreprises françaises sont extrêmement frileuses pour investir en Israël. "Il existe un décalage énorme entre les relations politiques et les relations économiques entre nos deux pays", avoue Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. En visite en Israël, au mois d'octobre 2009, elle s'était étonnée de ce paradoxe. "Il y a beaucoup à faire avec les entreprises spécialisées dans la high-tech et le green tech."

Le pays dépense chaque année entre 5 % et 6 % de son PIB dans la recherche et développement (R&D) contre 2,1 % pour la France. La concentration d'ingénieurs (140 pour 10 000 habitants) est aussi la plus élevée au monde. Et la haute technologie a remplacé, en vingt ans, les agrumes comme première industrie nationale. "Tant que l'on est au stade de la recherche fondamentale, les relations entre les deux pays sont parfaites mais dès qu'il s'agit d'investir, il n'y a pas grand monde", souligne-t-on à Bercy. Hormis quelques investissements, comme dernièrement celui de Patrick Drahi, (détenteur du groupe Numericable-Completel), dans l'opérateur de téléphonie mobile Mirs, pour 170 millions de dollars, la plupart des start-up israéliennes passent sous pavillon américain ou se font coter au Nasdaq. En 2008, Israël a levé 2 milliards de dollars de capital-risque (deux tiers venant des Etats-Unis) et la plupart des géants américains, de Microsoft à Intel en passant par Google, y ont ouvert des centres de R & D.

En dehors des problèmes liés à la sécurité du pays, la peur des réactions de certains pays arabes ou de mouvements pro-palestiniens appelant au boycott serait l'une des raisons invoquées pour expliquer la modestie de ces échanges. "On ressent ce risque en effet, indique un entrepreneur français installé depuis plus de vingt ans en Israël. J'ai beaucoup de mal à faire venir des entreprises françaises. Et si certaines le souhaitent, parfois elles ne veulent pas apparaître sous leur nom."

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