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La ville de Sdérot, cible des roquettes de Gaza, attend avec impatience son "dôme d'acier"

Une firme israélienne assure avoir mis au point un système antimissile efficace contre les tirs palestiniens, sans lever tous les doutes.

Par Laurent Zecchin

Publié le 13 février 2010 à 14h00, modifié le 13 février 2010 à 14h00

Temps de Lecture 3 min.

Les habitants de Sdérot "ne comprendraient pas" qu'ils ne soient pas les premiers à bénéficier de la protection du bouclier antimissile Iron Dome ("dôme d'acier") contre les roquettes palestiniennes tirées depuis Gaza. C'est dit sans colère, mais fermement : David Bouskila, maire de cette commune de 20 000 habitants qui, insiste-t-il, a reçu "plus de 8 000 roquettes en huit ans", estime que sa ville est "la plus légitime", parce que c'est elle "qui a le plus souffert". Mise au point par la société Rafael, une première batterie antimissile doit être déployée dans le sud d'Israël.

Située à moins de 2 kilomètres au nord-est de la bande de Gaza, Sdérot est en effet la cible privilégiée des roquettes et obus de mortier tirés par le Hamas et autres groupes islamistes. Certes, la situation s'est calmée depuis la fin de l'opération "Plomb durci" menée au cours de l'hiver 2008 contre Gaza : Sdérot ne reçoit "plus" qu'une moyenne de deux à trois projectiles par mois. Le problème, tempête David Bouskila, est que le gouvernement a pris prétexte de cette accalmie pour réduire de 30 à 13 millions de shekels (5,8 à 2,5 millions d'euros) sa subvention annuelle à la municipalité.

Or le maire en est convaincu : le Hamas peut reprendre son offensive "à tout moment". Aussi, en découvrant dans le quotidien Haaretz du 3 février que la première batterie de Iron Dome serait installée sur une base militaire du Néguev, au mépris de la protection de ses concitoyens, David Bouskila a pris un coup de sang : il a immédiatement téléphoné au ministre de la défense, Ehoud Barak, lequel ne l'a rassuré qu'à moitié : aucune décision ne serait encore prise.

Mi-janvier, lorsque le gouvernement et l'armée israéliens ont célébré le "grand succès" des tests grandeur nature du système antimissile, les habitants de Sdérot n'ont pas douté que leur localité serait la première servie. Depuis, et bien qu'il soit toujours question de déployer une "capacité initiale" à l'été 2010, les doutes sur l'efficacité du système se sont accrus. L'Iron Dome est une défense antimissile dite "de théâtre", ayant vocation à intercepter les roquettes de courte portée Qassam, Katioucha et Grad. Pour les missiles de moyenne portée, les forces israéliennes devraient disposer du système David Sling, d'une portée maximale de 250 kilomètres, à partir de 2012.

Au-delà, pour contrer une menace balistique de plus longue portée, comme les missiles Shahab-3 iraniens et Scud syriens, Israël compte sur ses missiles antimissile Arrow (Hetz dans sa version israélienne), développés en collaboration avec les Etats-Unis et opérationnels depuis 2000. Les autorités israéliennes estiment que lorsque les batteries d'Iron Dome seront opérationnelles le long de la bande de Gaza, ainsi que sur la frontière libanaise, des conflits comme celui de l'été 2006 contre le Hezbollah libanais et la guerre de Gaza de l'hiver 2008 pourront être évités.

L'Etat juif s'était alors lancé dans des opérations militaires de grande ampleur, avec des résultats mitigés. Mais, outre qu'il faudra plusieurs années avant que des lignes de défense crédibles soient mises en place sur ces deux fronts potentiels, l'efficacité d'Iron Dome reste à démontrer dans un environnement conflictuel.

Le ministère israélien de la défense aurait d'ores et déjà prévu un financement de 250 millions de dollars pour l'achat de sept batteries d'Iron Dome à Rafael.

Si, selon Yossi Druker, directeur de la division défense aérienne de Rafael, une seule batterie, composée de vingt missiles intercepteurs, suffirait à protéger une ville comme Haïfa (1 million d'habitants), au moins vingt batteries seraient nécessaires pour défendre le nord et le sud d'Israël, pour un coût dépassant le milliard de shekels (190 millions d'euros). Chaque missile intercepteur coûterait 100 000 dollars, alors que le prix de revient des roquettes Qassam et Grad est estimé respectivement à 100 dollars et 1 000 dollars...

Les experts indépendants insistent sur le fait qu'une roquette Qassam tirée de Beit Hanoun (nord de la bande Gaza) atteint Sdérot en quatorze secondes, alors qu'il faut, selon eux, environ trente secondes aux missiles d'Iron Dome pour réaliser une interception. De plus, le système est prévu pour détruire en vol des roquettes se situant entre 4,5 kilomètres et 70 kilomètres de distance : autrement dit, une roquette tirée de l'extrême-nord de la bande de Gaza aurait toute chance de frapper Sdérot en dépit de ce coûteux dispositif.

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Chez Rafael, on balaie ces critiques en les attribuant à de puissants intérêts industriels concurrents, et on affirme qu'Iron Dome sera capable de détruire tous les types de roquettes utilisés lors des conflits de ces dernières années. David Bouskila, de son côté, préfère ignorer les Cassandre, pour qui le "bouclier" antimissile israélien n'est pas encore tout à fait au point.

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