Le Mossad sur la sellette

Le chef du Mossad Méir Dagan (archives)
Photo : AFP / Dan Balilty
Prenez note que cet article publié en 2010 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le service secret israélien se retrouve au centre d'une polémique médiatique et politique après le meurtre d'un cadre du Hamas à Dubaï, dont il est soupçonné d'être le commanditaire.
Même s'il n'est pas accusé formellement d'être derrière l'assassinat à Dubaï du cadre du Hamas Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, le Mossad est critiqué en Israël après la divulgation des identités utilisées par les suspects. Sept membres présumés du commando de tueurs se sont servis de noms d'Israéliens également détenteurs de nationalités étrangères.
Le quotidien Haaretz va jusqu'à réclamer la démission du chef du Mossad Méir Dagan. Le correspondant militaire du journal reproche au premier ministre Benyamin Nétanyahou de « n'avoir pas écouté les avertissements de ceux qui le mettaient en garde contre la prolongation de son mandat ». Méir Dagan est à la tête service secret depuis octobre 2002.
« Une opération réussie? Pas si sûr », titre le quotidien Yediot Aharonot, selon lequel « des failles sont de plus en plus révélées dans cette opération, qui apparaissait au début comme un grand succès ».
Le journal, sans mettre en cause le Mossad, note que « ceux qui ont monté cette opération » ont sous-estimé le professionnalisme de la police de Dubaï, qui a pu identifier des suspects à partir des images de caméras de surveillance.
Un ancien haut responsable du Mossad, cité par la radio militaire, a estimé que le Mossad pourrait avoir commis une « grave erreur » s'il s'avère qu'il s'est servi des identités d'Israéliens, surtout sans leur consentement.
Le député Israël Hasson du parti Kadima (opposition), ancien responsable du Shin Beth - le service de sécurité intérieure - a annoncé qu'il demanderait à la commission des affaires étrangères et de la défense « d'enquêter sur les usurpations d'identité » dans cette affaire.
Par contre, un autre ancien chef adjoint du Mossad, Rafi Eytan, a émis l'hypothèse qu'un « service de renseignement étranger » aurait pu « vouloir incriminer Israël en usant des identités volées ».
Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a affirmé qu'il « n'y a aucune raison de penser qu'il s'agissait du Mossad israélien et pas des services secrets d'autres pays en train de faire des bêtises ».
Sept noms d'Israéliens
La presse a publié mercredi les photos de sept Israéliens, dont six également détenteurs de la nationalité britannique, qui se sont plaints que leur identité avait été usurpée.
Ces personnes ont affirmé qu'elles n'avaient aucune relation avec cette affaire.
Michael Lawrence Barney, qui détient aussi la nationalité britannique, a affirmé être surpris. « C'est une erreur ou alors un vol d'identité », a-t-il déclaré, affirmant que son passeport est chez lui.
Selon l'épouse de Stephen Daniel Hodes, un autre Israélien dont le nom est sur la liste des suspects, les informations figurant sur le faux passeport correspondent à celles de son mari, y compris la date de naissance. Mais elle a précisé que son mari est toujours en possession de son passeport.
Paul John Keeley, qui vit en Israël depuis 15 ans, a dit être « profondément choqué », précisant qu'il n'a jamais quitté le pays.
Des antécédents
Des commandos israéliens ont déjà utilisé de faux passeports étrangers, notamment en 1997, lorsque des agents du Mossad avaient tenté d'assassiner en Jordanie Khaled Mechaal, un dirigeant du Hamas. Les membres du commando étaient entrés au pays avec des passeports canadiens.
En 2005, Israël avait dû formuler des excuses à la Nouvelle-Zélande lorsque deux de ses agents avaient été arrêtés pour avoir obtenu illégalement des passeports néo-zélandais.
En 1987, la Grande-Bretagne avait protesté auprès d'Israël pour avoir fait un usage douteux de faux passeports britanniques et elle avait obtenu la promesse que ces faits ne se reproduiraient pas.
Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters