Le vice-président américain, Joe Biden, a condamné à nouveau, mercredi 10 mars, lors d'une déclaration au côté du président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, la décision d'Israël de construire 1 600 nouveaux logements à Ramat Shlomo, un quartier de colonisation habité par des juifs ultra-orthodoxes dans un secteur arabe de Jérusalem, et il a réitéré le soutien des Etats-Unis à un Etat palestinien "viable".
"Il revient à toutes les parties de développer un climat de soutien aux négociations et de ne pas les compliquer. (...) Hier, la décision du gouvernement israélien de faire avancer la planification de nouveaux logements à Jérusalem-Est sape cette confiance même, la confiance dont nous avons besoin maintenant afin de commencer et produire des négocations fructueuses", a expliqué le vice-président.
UNE "GRAVE BOURDE"
Se félicitant de la réaction américaine, la partie palestinienne a avancé que l'attitude de l'Etat hébreu menaçait les négociations. Mahmoud Abbas a accusé Israël de "détruire la confiance" et de porter "un coup sévère" aux tentatives de reprise de dialogue entre les deux camps.
"Nous voulons voir [les] déclarations, en particulier américaines, se traduire dans les faits afin de contraindre Israël à arrêter les activités de colonisation", a pour sa part plaidé le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat.
En Israël, l'annonce de mardi a été vertement critiquée, jusqu'au sein du gouvernement. Via un communiqué de son bureau, "l'entourage" du ministre travailliste de la défense Ehud Barak a exprimé sa "colère". "Cela n'aurait pas dû se produire durant une visite du vice-président américain", a également déclaré le travailliste Isaac Herzog, ministre de l'aide sociale. "Cela constitue un réel embarras et nous devons maintenant présenter nos excuses pour cette grave bourde", a-t-il ajouté sur la radio de l'armée.
"UN CRACHAT AU VISAGE DE BIDEN"
La presse israélienne s'est montrée très critique, accusant le gouvernement Nétanyahou de "torpiller" les relations cruciales avec l'allié américain. Joe Biden "était venu pour tenter de faire passer le courant entre Jérusalem et la Maison Blanche, lever les doutes et créer des relations de confiance. Et nous l'avons perdu aussi, lui qui était, à Washington, l'ami le plus proche de Nétanyahou", écrit le quotidien Maariv en parlant en "une" du "malaise" israélo-américain.
Interrogé à la radio, l'un des éditorialistes vedettes du journal Yediot Aharonot, premier quotidien en Israël, Shimon Schiffer, a parlé de "crachat au visage de Biden", qui était en visite en Israël et dans les territoires palestiniens pour tenter de relancer le processus de paix avec les Palestiniens. "Nétanyahou est incapable de mener un véritable dialogue avec les Américains. Biden est venu pour exprimer son soutien à Israël face à l'Iran, et sa visite a été torpillée", a fustigé l'éditorialiste. M. Nétanyahou a eu beau expliquer à son hôte qu'il ignorait que le projet de colonisation serait annoncé, "les Américains pensent que cette annonce n'est pas fortuite".
A l'ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon a joint sa voix aux condamnations de l'Union européenne, Paris et Berlin. Cette décision est "inacceptable au vu de l'annonce récente de la reprise de négociations indirectes", selon l'Allemagne, "totalement inopportune" et "illégale" selon la France. La Norvège, qui avait secrètement accueilli au début des années 1990 des pourparlers de paix israélo-palestiniens, lesquels avaient débouché en 1993 sur les accords d'Oslo, a estimé qu'Israël mettait les "avancées" du processus de paix en danger.
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