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"Coup de froid" entre les Etats-Unis et Israël

Après le camouflet infligé à Jérusalem au vice-président Joseph Biden, l'administration Obama proteste vivement.

Par  (San Francisco, correspondante), et Laurent Zecchini et Corine Lesnes

Publié le 15 mars 2010 à 15h06, modifié le 15 mars 2010 à 19h49

Temps de Lecture 3 min.

"La crise est derrière nous" : jeudi 11 mars, quelques heures après le départ de Jérusalem du vice-président américain, la page, à en croire Benyamin Nétanyahou, était tournée. Le premier ministre israélien avait noté que le dernier discours de Joseph Biden avait été conciliant, une manière de signifier que la colère de Washington, née de la décision israélienne d'annoncer la construction de 1 600 nouveaux logements à Jérusalem-Est, pendant la visite de M. Biden, était apaisée.

Dimanche 14 mars, le bilan est tout autre : la crise entre Israël et les Etats-Unis est, selon plusieurs commentateurs, la plus grave depuis au moins une décennie, la coalition gouvernementale, sans être menacée, bat de l'aile, et la presse israélienne tire à boulets rouges sur un premier ministre qui a réussi l'exploit de brouiller Israël avec le seul pays qui est indispensable à sa sécurité.

Dans la matinée, réunissant ses ministres, le chef du gouvernement y était allé de son conseil, qui valait aussi pour lui-même : "Je suggère que nous gardions notre calme et que nous ne nous énervions pas." La veille au soir, M. Nétanyahou avait réuni en urgence son cabinet restreint des sept ministres les plus influents. La raison de cette convocation ? L'entretien téléphonique de 43 minutes avec la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Ou plutôt le "savon" passé par l'intéressée au premier ministre israélien.

Des mots très durs, à en croire le département d'Etat et la presse israélienne, pour condamner l'"attitude profondément négative" d'Israël envers Washington. La secrétaire d'Etat a-t-elle mentionné à son interlocuteur une liste d'exigences, en particulier l'annulation du programme de 1 600 logements ? Plusieurs journaux l'affirment.

Dimanche, le conseiller du président Barack Obama, David Axelrod, a enfoncé le clou : "Cela a été un affront, une insulte, mais plus encore, cela a compromis le très fragile effort d'amener la paix dans la région", a-t-il dit en jugeant le moment choisi pour annoncer une relance de la colonisation - à quelques jours du début des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens - "très destructeur".

Ayant en mémoire leur piteuse marche arrière (en novembre 2009) à propos du gel total de la colonisation, refusé net par M. Nétanyahou, les Américains ont manifestement décidé de ne pas laisser passer cette occasion de réaffirmer une certaine autorité dans leur relation avec l'Etat juif. La réaction américaine a été d'autant plus forte que Joseph Biden avait profité de son séjour pour réitérer l'"engagement absolu, total et sans réserve" des Etats-Unis en faveur de la sécurité d'Israël.

L'administration Obama avait en outre entamé une série de consultations stratégiques avec le gouvernement de Jérusalem à propos de l'Iran. Plusieurs hauts responsables américains s'étaient rendus à Jérusalem pour se concerter avec leurs homologues israéliens, et souligner aussi que Washington ne verrait pas d'un bon oeil une initiative militaire israélienne contre le programme nucléaire iranien.

C'est ce volet iranien qui préoccupe les commentateurs et les responsables politiques israéliens : l'Iran reste l'obsession majeure d'Israël, un enjeu bien plus important pour M. Nétanyahou que le processus de paix israélo-palestinien. "La menace nucléaire iranienne nécessite un premier ministre qui est le chouchou du président des Etats-Unis, relève Ben Caspit, dans le quotidien Maariv, au lieu de cela nous avons un premier ministre qui est très proche d'être déclaré persona non grata à Washington."

On n'en est pas là et la colère américaine a ses limites, même si elle va laisser des traces. Washington n'a pas essayé de limiter son aide financière à Israël, toujours fixée à 3 milliards de dollars (2,15 milliards d'euros) par an. Et Israël sait pouvoir compter sur le parapluie américain aux Nations unies pour contrer les conséquences négatives du rapport Goldstone, qui dénonce des "crimes de guerre" commis par Israël lors de la guerre de Gaza de l'hiver 2008.

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Reste l'essentiel : les négociations de paix "indirectes". Que l'on attache tant d'importance à ce rendez-vous, après dix-sept ans de négociations "directes" entre Israéliens et Palestiniens, en dit long sur l'état du processus de paix. George Mitchell, émissaire américain pour le Proche-Orient, sera de retour à Jérusalem mardi, pour voir s'il est possible de reprendre ces pourparlers mort-nés.

Officiellement, les Palestiniens s'y refusent si Benyamin Nétanyahou n'annule pas purement et simplement les 1 600 logements qui ont mis le feu aux poudres. Il s'agirait là d'un saut dans l'inconnu : de même que les Israéliens n'ont pas de partenaire américain de rechange, les Palestiniens n'ont pas d'autre partenaire pour faire la paix.

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