Israël sous la pression de ses alliés

Alors que les relations entre Israël et les Etats-Unis sont au plus bas depuis les années 70, le chef de la diplomatie européenne, la Britannique Catherine Ashton, a averti lundi Israël de la "menace " que constitue la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est pour la création d’un Etat palestinien, contigu à celui d’Israël.

Ch. Ly.
Israël sous la pression de ses alliés
©AP

Alors que les relations entre Israël et les Etats-Unis sont au plus bas depuis les années 70, le chef de la diplomatie européenne, la Britannique Catherine Ashton, a averti lundi Israël de la "menace " que constitue la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est pour la création d’un Etat palestinien, contigu à celui d’Israël.

Elle l’a fait à l’occasion d’un discours au siège de la Ligue arabe au Caire (Egypte) et au premier jour d’une tournée au Moyen-Orient qui l’amènera mercredi en Israël et probablement aussi à Gaza. Les colonies israéliennes "sont illégales, constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible une solution à deux Etats", a dit Mme Ashton.

La coexistence de deux Etats en paix - Israël et Palestine - est l’objectif des grandes puissances. Le 12 mars encore, le Quartet pour le Moyen-Orient (Onu, Union européenne, Fédération russe et Etats-Unis) plaidait dans un communiqué pour la création d’un "Etat palestinien indépendant, contigu et viable" seule base pour lui d’un espoir de paix au Moyen-Orient.

L’annonce par Israël de la construction de 1 600 logements à Jérusalem-Est, la semaine dernière, au moment même où le vice-président américain Joe Biden visitait Israël, est à l’origine de la colère de Washington, et des pressions exercées par le Quartet et Mme Ashton. Le quotidien israélien "Haaretz" a indiqué lundi que l’ambassadeur israélien à Washington Michael Oren avait déclaré aux consuls généraux israéliens en poste aux USA que "les liens d’Israël avec les Etats-Unis connaissent leur plus sérieuse crise depuis 1975", date à laquelle Henry Kissinger avait demandé aux Israéliens de retirer partiellement leurs soldats du Sinaï.

Le Quartet espère que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou aura le charisme nécessaire pour stopper la colonisation. Mais ce dernier a été clair lundi à ce propos. "La construction continuera à Jérusalem, comme cela a été le cas pendant ces 42 dernières années" depuis la conquête et l’annexion par Israël de Jérusalem-Est en 1967. Près d’un demi-million d’Israéliens vivent dans la centaine de colonies construites depuis la guerre des Six Jours, qui vit Israël conquérir des territoires appartenant à l’Egypte, à la Jordanie et à la Syrie.

M. Netanyahou s’abstient cependant de toute critique contre le président américain Obama. Il aurait donné pour consigne à ses ministres de s’abstenir de tout commentaire sur ce différend.

Dans son discours du Caire, Lady Ashton a dressé un double message. Le premier demande à Israël de créer les conditions pour une reprise des pourparlers avec les Palestiniens. "Il y a des obstacles" a souligné la Haute représentante européenne, en citant le blocus de Gaza et la proposition par Israël d’inscrire dans son patrimoine national deux lieux saints de la Cisjordanie occupée, le tombeau des Patriarches et la tombe de Rachel.

Mme Ashton demande aussi aux Palestiniens de "mettre de l’ordre dans leur maison" et à l’OLP de se réformer. "Les divisions persistantes entre Palestiniens ne servent pas leur cause. La séparation politique et physique entre Gaza et la Cisjordanie est dangereuse".

En cela, Lady Ashton ne diffère pas de la position traditionnelle de l’Union européenne, qui ménage la chèvre et le chou. Elle affirme soutenir la sécurité d’Israël mais demande "un compromis qui fournira la justice, la liberté et la dignité aux Palestiniens".

Au Caire, Mme Ashton a aussi répété "son espoir" de se rendre à Gaza ce mercredi. Les autorités israéliennes lui ont donné le feu vert le 8 mars, ainsi qu’au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, mais avant que n’éclate l’incident diplomatique avec Washington.

Tant le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le ministre belge de la Coopération, Charles Michel, avaient été interdits de visite à Gaza.

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