Soutien au nouveau gouvernement
Le cabinet d'urgence palestinien que le président Mahmoud Abbas a assermenté dimanche à Ramallah, a immédiatement annoncé la couleur. Son premier ministre Salam Fayad a indiqué qu'il gouvernait non seulement la Cisjordanie mais aussi la Bande de Gaza. Et son premier ordre a été de geler les fonds du gouvernement "rebelle" du Hamas.
- Publié le 17-06-2007 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Le cabinet d'urgence palestinien que le président Mahmoud Abbas a assermenté dimanche à Ramallah, a immédiatement annoncé la couleur. Son premier ministre Salam Fayad a indiqué qu'il gouvernait non seulement la Cisjordanie mais aussi la Bande de Gaza. Et son premier ordre a été de geler les fonds du gouvernement "rebelle" du Hamas. Mais exercée à distance, son autorité sur Gaza est théorique. Et le premier ministre limogé, Ismaïl Hanyé, qui a toujours siégé à Gaza, dispose de ses propres caisses budgétaires, alimentées par divers pays arabes et musulmans.
Equipe de technocrates
Dirigé par l'économiste chéri de l'Occident, le gouvernement Fayad est "compact" et technocratique : douze ministres, indépendants quoique proches du Fatah. M. Fayad garde pour lui les Finances et les Affaires étrangères. L'Intérieur, qui coiffe la sécurité, est confié au général retraité, Abdel Razek Yihia, vétéran de l'OLP qui a déjà rempli ce poste sous Yasser Arafat en 2002 et prône l'apolitisme des forces armées.
Pour le Hamas, le gouvernement de Ramallah est illégal et antidémocratique. M. Abbas a notamment publié un décret spécial, permettant au cabinet d'urgence d'entrer en fonction et rester au pouvoir sans l'aval du Parlement de l'Autorité palestinienne. Car selon la loi fondamentale de l'Autorité palestinienne, l'état d'urgence ne peut dépasser 30 jours, et seul le Parlement peut le prolonger. Mais le Parlement actuel est dominé par le Hamas.
Appels à la conciliation
M. Abbas ne le cache pas, en effet : il est résolu à regagner le contrôle de la Bande de Gaza. Par la pression économique, si pas par les armes. Pour ce faire, il compte refuser toute tractation avec le Hamas et isoler Gaza au point de mettre le gouvernement islamiste "sur les genoux" et pouvoir alors lui dicter ses termes. Ce week-end, M. Abbas a déjà décrété les milices et la Force exécutive du Hamas hors-la-loi et rejeté tous les appels au dialogue de sa direction politique.
Pourtant, M. Hanyé et ses chefs en exil, Khaled Mechal et Moussa Abou Marzouk, ont multiplié leurs appels à la conciliation depuis vendredi. Ils insistent : ils n'ont jamais eu l'intention de renverser l'Autorité palestinienne, ni de "faire sécession" à Gaza, ils voulaient uniquement "nettoyer la Palestine de ses collabos". "M. Abbas reste notre raïs national", ont-ils souligné. Ce qui prouve, aux yeux des observateurs locaux, que la direction politique a été dépassée par les événements et mise au pied du mur par ses extrémistes - le chef des milices Ezzedine El Kassame, Ahmad Jaabri, et les ex-ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères, Said Siam et Mahmoud A-Zahar.
Tirs sur le nord d'Israël
Le cabinet Fayad est déjà assuré du soutien israélien. "Un gouvernement palestinien sans Hamas est un partenaire de paix", a déclaré le premier ministre Ehoud Olmert, qui estime que la nouvelle réalité palestinienne ouvre "des possibilités diplomatiques que nous n'avions plus connues depuis longtemps". M. Olmert est arrivé dimanche aux Etats-Unis où il va convenir de mesures pour consolider le régime Abbas et "ostraciser" le régime Hamas. En Cisjordanie, il s'agira de débloquer des fonds pour M. Fayad, d'alléger le quotidien des civils et peut-être même de démanteler des colonies juives sauvages, tout en maintenant la pression militaire sur les islamistes locaux. A Gaza, il s'agira de renforcer l'embargo total contre le gouvernement Hanyé et de déployer une force internationale à la frontière égyptienne.
Israël espère que les roquettes tirées dimanche du Liban sur le nord d'Israël - apparemment par des Palestiniens, sans faire de victimes - ne marquent pas l'ouverture d'un front allié à Gaza.