Simone Veil fait son entrée
Simone Veil prononçant un discours à l'Institut de France, à Paris
Photo : AFP / Philippe Wojazer
Prenez note que cet article publié en 2010 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'ancienne ministre, rescapée de la Shoah, devient la sixième « immortelle » dans l'histoire de la prestigieuse institution. Retour sur le parcours de la personnalité féminine préférée des Français.
Simone Veil devient membre de l'Académie française. Ardente féministe, militante européenne et aussi survivante de l'Holocauste, elle est la sixième femme à entrer à l'Académie depuis sa création en 1635 par le cardinal de Richelieu.
« Même si l'Académie française, dès sa naissance, a toujours diversifié son annuaire [...] elle demeure à mes yeux le temple de la langue française. Or, n'ayant moi-même aucune prétention littéraire, tout en considérant que la langue française demeure le pilier majeur de notre identité, je demeure surprise et émerveillée que vous m'ayez conviée à partager votre combat », a déclaré Simone Veil, vêtue du costume vert de l'Académie, dessiné spécialement pour elle par Karl Lagerfeld. Sur l'épée que lui a remise l'ancien président Jacques Chirac est gravé le numéro de matricule 78651, que Simone Veil a tatoué sur le corps depuis son emprisonnement au camp d'Auschwitz.
Celle qui a été ministre d'État et présidente du Parlement européen s'est dite « heureuse de devenir aujourd'hui dans cette enceinte l'un des porte-parole de cette idée européenne qui illustre depuis ses origines l'Académie ». À ce sujet, elle a rappelé que Victor Hugo avait ébauché un projet d'union européenne alors qu'il venait tout juste d'entrer à l'Académie française, en 1841.
Dans le fauteuil de Racine
La cérémonie d'intronisation a été l'occasion de rendre hommage au courage de celle qui est la personnalité féminine préférée des Français. L'écrivain Jean d'Ormesson a prononcé le discours de réception de Simone Veil, soulignant son indépendance, parlant d'elle comme d'une féministe suscitant admiration et affection.
Il a commencé son discours, de près d'une heure, par des vers de Racine, qui a siégé dans le fauteuil qui devient celui de Simone Veil. Il a raconté la vie de la famille de l'académicienne, « qui a traversé vivante le feu de l'enfer », rappelant que son père, son frère et sa mère ont péri lors de la Shoah. Jean d'Ormesson a salué celle qui est devenue une figure « de proue en avance sur l'histoire ».
L'Académie française, qui a pour mission la défense de la langue française, compte 40 membres nommés à vie.
Avec les informations de Agence France-Presse et Associated Press
