A nouveau le bruit des bottes
Dix ans après le retrait israélien du Liban, et bientôt quatre ans après une campagne renouvelée au pays des cèdres, la paix est loin d'être revenue entre les deux pays. Ou plus exactement, entre Israël et le Hezbollah, ce mouvement chiite pro-iranien qui s'est précisément développé au Liban durant l'occupation israélienne des années '80 et '90.
- Publié le 22-05-2010 à 04h15
- Mis à jour le 22-05-2010 à 07h58

Correspondante à Jérusalem Dix ans après le retrait israélien du Liban, et bientôt quatre ans après une campagne renouvelée au pays des cèdres, la paix est loin d'être revenue entre les deux pays. Ou plus exactement, entre Israël et le Hezbollah, ce mouvement chiite pro-iranien qui s'est précisément développé au Liban durant l'occupation israélienne des années '80 et '90.
Au lieu d'accalmie, l'on entend ces jours-ci de nouveau des bruits de bottes. Et beaucoup s'attendent à ce que des hostilités se redéclenchent déjà cet été. Israël doit mener la semaine prochaine un exercice de défense passive à l'échelle nationale. Routine, affirment ses organisateurs. Mais pour la première fois, il s'agira de tester des plans d'évacuation massive des civils dans l'éventualité de tirs du Hezbollah pouvant atteindre le pays en profondeur.
Voyant dans cet exercice la menace d'une offensive israélienne imminente, le Hezbollah a annoncé ce vendredi que des milliers de ses combattants étaient désormais en état d'alerte à la frontière.
En effet, force est de constater pour les Israéliens : s'ils sont entrés au Liban en 1982 pour se débarrasser de l'Olp, ils ont obtenu à la place de celle-ci des intégristes locaux qui - au lieu de se tourner vers les affaires domestiques du Liban, comme tablait Israël - n'ont cessé de cultiver leur hostilité contre l'Etat juif. Défiant la résolution onusienne 1701 qui a mis un terme à l'offensive israélienne de l'été 2006 et qui devait empêcher le réarmement du Hezbollah à la frontière, ce dernier disposerait aujourd'hui - selon les estimations israéliennes - d'une force de frappe encore plus puissante qu'en 2006. Non seulement en quantité, avec plus de 40 000 roquettes et Katiouchas. Mais aussi en "qualité", avec des Scuds et des missiles de longue portée (syriens et iraniens), pouvant atteindre des villes et sites stratégiques dans le centre d'Israël.
Un Hezbollah d'autant plus dangereux aux yeux d'Israël, qu'il se veut résolument le "bras long" de Téhéran, alors que Téhéran était encore peu influente au Liban lorsqu'Israël y entra en 1982. Pourtant, rares sont les Israéliens qui regrettent le départ de Tsahal en 2000 de ce qui était devenu leur Vietnam. Jusqu'à ce jour, le mouvement des "Quatre mères" se félicite de l'avoir précipité. Car si le maintien des troupes au Sud-Liban assurait à l'époque le calme dans le nord d'Israël, il coûtait cher en vie de soldats israéliens. Mais parmi les responsables militaires, certains reprochent au Premier ministre et ministre de la Défense de l'époque, Ehoud Barak, la façon unilatérale et précipitée dont il a agencé ce départ. Comme écrivait dans le quotidien Ha'aretz, ce vendredi, le général de réserve, Ephraïm Sneh, qui était à l'époque le vice-ministre de la Défense, le caractère unilatéral du repli, sans accord avec quiconque, a causé un vide en bordure de la frontière israélienne et permis au Hezbollah de s'y déployer en force.
Ce même caractère unilatéral a aussi transmis aux voisins d'Israël un "message de faiblesse", signifiant qu'Israël "s'enfuit de là où il saigne". Selon M. Sneh, ce qui s'est érodé durant les années d'occupation du Sud-Liban, c'est "l'aptitude de la société israélienne à supporter le prix constant de ses victimes". Les leaders d'Israël, critique-t-il, n'ont pas convoyé au public et aux troupes le "message de fermeté" selon lequel la guerre contre "l'Iran par procuration" était "une guerre juste qui devait être poursuivie sans relâche".